- Appartenance politique :
- Groupe de la Gauche Démocratique et du Rassemblement des Gauches Républicaines
- État civil :
- Né le 12 janvier 1895
Décédé le 25 février 1979 - Profession :
- Préfet, Directeur de la Sûreté nationale puis Trésorier-payeur-général
- Département :
- Isère
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Ancien sénateur de la IVe République
Elu le 7 novembre 1948
Elu le 19 juin 1955
Fin de mandat le 26 avril 1959 (Elu(e) sénateur de la cinquième République)
Ve République (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
1940-1958
BERTHOIN (Jean)
Né le 12 janvier 1895 à Enghien (Seine-et-Oise)
Décédé le 25 février 1979 à Paris
Sénateur de l'Isère de 1948 à 1958
Secrétaire d'Etat à l'Intérieur du 2 au 12 juillet 1950
Ministre de l'Education nationale du 19 juin 1954 au 1er février 1956
Ministre de l'Education nationale du 1er juin au 4 octobre 1958
Jean Berthoin fait ses études supérieures à Grenoble et à Bordeaux : il obtient alors les licences de lettres et de droit, et le diplôme d'études supérieures de sciences physiques, chimiques et naturelles.
Mobilisé lors du premier conflit mondial, il participe aux combats comme officier de réserve. Plusieurs fois cité à l'ordre de l'armée, il reçoit la Croix de guerre à la fin du conflit. A son retour à la vie civile, il entre dans la carrière préfectorale et rejoint en 1919 le Résident Général de France à Tunis comme Chef de cabinet.
A son retour en métropole, en 1921, il est nommé sous-préfet de Nérac, de Marmande (1925), puis de Narbonne (1928). Préfet du Tarn-et-Garonne en 1932, il dirige le cabinet d'Albert Sarraut à la Présidence du Conseil en novembre 1933, puis de janvier à juin 1936. Il est ensuite nommé préfet de la Haute-Garonne puis inspecteur général des services administratifs.
La grande autorité qu'il a acquise lors de ses postes successifs dans la fonction préfectorale le conduit à occuper à partir de 1934 la difficile fonction de directeur de la Sûreté nationale.
Il est à ce poste lorsque sont assassinés à Marseille le roi Alexandre 1er de Yougoslavie et Louis Barthou, ministre des affaires étrangères.
Tenu pour responsable de la défaillance du service d'ordre, il doit alors quitter la Sûreté nationale pour une mission d'inspection des services administratifs en Algérie, puis devient préfet de la Marne, et, en 1938, de la Seine-Inférieure. Il est secrétaire général du ministère de l'Intérieur lorsque, hostile à l'orientation prise par Vichy, il abandonne ses fonctions pour devenir, en septembre 1940, trésorier payeur général de l'Isère.
Il participe alors activement à la Résistance. En juin 1944 il est arrêté par la milice, livré à la Gestapo, qui le garde comme otage, avec plusieurs autres personnalités grenobloises. Il échappe alors de peu à l'exécution.
A la Libération, il siège au comité départemental de Libération.
Son action courageuse durant l'occupation lui vaut la Croix de guerre, la médaille de la Résistance, et la Légion d'honneur, dont il est nommé grand officier à titre militaire en février 1948.
Nommé en 1947 trésorier payeur général de la Seine, il se présente en tête de la liste du parti radical aux élections du 7 novembre 1948 au Conseil de la République. Il bénéficie au premier tour de 337 suffrages sur 1 517 exprimés, et fusionne sa liste au deuxième tour avec celle de la SFIO. Il est alors élu avec 824 voix sur 1 516 suffrages exprimés.
Au Conseil de la République il s'inscrit au groupe de la Gauche Démocratique et du Rassemblement des Gauches Républicaines et siège à la commission des finances, dont il devient Rapporteur général.
A ce titre, il intervient très fréquemment en séance publique, non seulement sur les textes proprement budgétaires, mais également sur les autres sujets de quelque importance dont est saisie la commission des finances : citons les dommages de guerre (1949), le réarmement (1951), l'établissement d'une Convention avec la Banque de France, et le salaire minimum garanti (1952).
En son nom propre, il prend aussi part aux discussions sur la révision de la Constitution (1951 et 1954).
Jean Berthoin est également appelé à siéger dans différents cabinets ministériels : après avoir été secrétaire d'Etat à l'Intérieur dans l'éphémère cabinet Queuille du 2 au 12 juillet 1950, il est appelé par Pierre Mendès-France au ministère de l'Education nationale en juin 1954, et maintenu dans ses fonctions par Edgar Faure en février 1955.
A ce poste, il élabore une réforme novatrice de l'enseignement qui prévoit la prolongation de la scolarité obligatoire, et le passage de tous les élèves par les deux premières années de lycée.
Il est, par ailleurs, réélu en juin 1955 au Conseil de la république, en tête de la liste radicale : il recueille alors au premier tour 715 voix sur 1 516 suffrages exprimés, et est élu au deuxième tour avec 917 suffrages sur 1 517 exprimés.
Après la démission du Cabinet Edgar Faure en février 1956, il siège aux commissions des affaires étrangères, et des finances. Il intervient alors sur les textes les plus importants en discussion : pouvoirs spéciaux du Gouvernement en Algérie, institution d'un fonds national de solidarité, organisation des régions sahariennes (1956), Communautés économique et atomique européennes (1957).
Il est d'ailleurs membre de l'Assemblée européenne de 1952 à 1958.
Il participe également à de nombreuses discussions budgétaires. Lors du retour aux affaires du général de Gaulle, le 1er juin 1958 qu'il soutient par ses votes positifs des 2 et 3 juin 1958, il retrouve son poste de ministre de l'Education nationale. C'est l'occasion pour lui de commencer à traduire dans les faits la réforme de l'enseignement secondaire qu'il avait élaborée lors de son précédent passage au ministère.
Ve République
BERTHOIN, Jean
Né le 12 janvier 1895 à Enghien les Bains (Val-d'Oise)
Décédé le 25 février 1979 à Paris
Sénateur de l'Isère de 1948 à 1974
Ministre de l'Education nationale du 1er juillet 1958 au 8 janvier 1959
Ministre de l'Intérieur du 8 janvier 1959 au 27 mai 1959
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome II, p. 349-350)
A la fin de la IVe République, Jean Berthoin apparaît à de nombreux commentateurs politiques comme l'une des figures les plus en vues du Sénat. Appelé par le président Coty à former un Gouvernement le 10 mai 1958, il se récuse, insistant sur la nécessité, dans un contexte politique troublé, que le Gouvernement soit dirigé par un homme issu de l'Assemblée nationale. Au début du mois de juin 1958, il est le seul membre du Parti radical à accepter de participer au gouvernement du général de Gaulle. Il s'agit là d'un choix de continuité : dans les dernières années de la IVe République, Jean Berthoin a été un inlassable avocat de la participation du Parti radical à des gouvernements de coalition, jouant un rôle direct dans la démission de Pierre Mendès France de la direction du parti en mai 1957. Il a été le ministre de l'Education nationale de Pierre Mendès France, puis d'Edgar Faure entre juin 1954 et décembre 1955. A ce titre, il a initié le prolongement de la scolarité obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans, qui sera effective en 1967. Mais il s'agit également d'un choix de rupture : Jean Berthoin n'accepte qu'à titre personnel de participer au Gouvernement, sans se soucier de l'accord de son parti. Sommé de clarifier sa position en janvier 1959, il préfère privilégier sa participation gouvernementale à son appartenance partisane, pour ne démissionner du Gouvernement que le 27 mai 1959. Cette expérience laisse des traces, et Jean Berthoin prend ses distances avec son parti, même s'il reste membre du bureau national en 1961 et 1962. Ses votes témoignent de sa liberté de pensée et d'action : il soutient, le 3 février 1960, le projet de loi autorisant le Gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'Etat, à la pacification et à l'administration de l'Algérie, tout comme il vote, le 5 décembre 1967, en faveur de la loi Neuwirth sur la régulation des naissances. Cependant, en dépit de ce refus d'une opposition systématique au pouvoir, il reste le tenant d'une conception parlementariste de la constitution de la Ve République, considérant la période gaullienne comme une parenthèse liée aux circonstances exceptionnelles du règlement de la question algérienne. Dans le Dauphiné Libéré du 3 mai 1969, il estime ainsi que le texte constitutionnel a fait du président de la République un « arbitre », et déplore que les candidats à la magistrature présentent des programmes de chef de Gouvernement, avant de conclure que « personne ne saurait se prévaloir du précédent du général de Gaulle, à qui personne ne saurait succéder ».
Au début des années 1960, Jean Berthoin a donc derrière lui une carrière administrative, achevée en 1946 au poste de trésorier payeur de la Seine, et une carrière gouvernementale couvrant les années 1954-1959. Il se montre un parlementaire peu actif, mais écouté en raison de sa grande expérience de la gestion des affaires publiques, se partageant entre les commissions des finances et des affaires étrangères. Ses prises de paroles à la tribune sont rares, intervenant le plus souvent lors de la discussion générale du projet de loi de finances : seule la préparation des jeux olympiques de Grenoble de 1968 lui donne l'occasion d'aborder d'autres sujets. Son action s'exerce principalement dans deux domaines. Le premier est son engagement européen. Délégué de la France à l'Assemblée unique des communautés européennes à partir de 1961, Jean Berthoin se rend fréquemment à Bruxelles. Il est en outre un fervent partisan d'une accélération du processus d'intégration européenne. En avril 1972, il prend parti avec enthousiasme pour la ratification de l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Communauté économique européenne (CEE), écrivant dans le Dauphiné Libéré : « Oui à la ratification, oui à la communauté élargie, oui à l'Europe », avant de rappeler l'oeuvre accomplie dans ce domaine sous la IVe République : « Il n'est pas possible de nier l'acquis considérable que, dans tous les domaines, notamment en matière agricole, nous devons déjà à la communauté, par conséquent aux traités de Paris et de Rome, oeuvre historique de la IVe République, si décriée par certains ». Ses fonctions internationales l'amènent également à présider la Xe conférence de l'UNESCO en 1958.
Par ailleurs, Jean Berthoin se consacre pleinement à son département de l'Isère, bien qu'il n'y ait jamais exercé de mandat électif local. Il s'investit pleinement dans son activité de défense des intérêts de ses administrés, relayant inlassablement des demandes d'interventions, ou cherchant des solutions à des problèmes administratifs : son fonds d'archives, abrité au centre des archives départementales de l'Isère (qui portent d'ailleurs son nom) compte environ 16 000 dossiers d'interventions auprès des administrations, relayées par le sénateur de l'Isère. Le Dauphiné Libéré le représente, réconfortant fréquemment ses électeurs à l'occasion de nombreuses réunions publiques auxquelles il participe : « Je comprends votre problème, je vais essayer de vous aider ». En 1959 comme en 1965, Jean Berthoin est largement réélu au premier tour dans une liste de sénateurs sortants où il côtoie Paul Mistral et Jean-Baptiste Dufeu : à l'occasion de cette dernière réélection, pour laquelle il est d'ailleurs le seul membre de la liste à ne pas avoir à affronter de second tour, Jean Berthoin a choisi comme suppléant Joseph Garavel, ancien député de l'Isère sous la IVe République. L'exercice de ses fonctions électives entre Paris et Bruxelles ne lui laisse que peu de temps pour d'autres fonctions parisiennes : il appartient néanmoins au conseil d'administration du Centre national des arts et métiers.
En août 1974, âgé de 84 ans, Jean Berthoin annonce à ses électeurs sa décision de ne pas se représenter à leurs suffrages, « pour des raisons tout à fait personnelles ». Retiré de la vie politique, il décède cinq ans plus tard. Il était Grand-croix de la Légion d'honneur, et titulaire des croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945.
Extrait de la table nominative
Résumé de
l'ensemble des travaux parlementaire
de Jean BERTHOIN
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