B. LE RETOUR DE LA CROISSANCE MAIS UN DÉFICIT BUDGÉTAIRE ET UN ENDETTEMENT EN FORTE PROGRESSION
Les Libanais constituent un peuple dynamique et industrieux.
Il n'est donc pas étonnant que la
politique volontariste de M.
Hariri
se soit traduite par une forte progression du PIB qui a
quadruplé entre 1990 et 1995, en passant de 2,84 à
11 milliards de dollars. En 1995, le taux de croissance a
été supérieur à 6 %.
Les Libanais ne manquent d'ailleurs jamais de souligner que le PIB libanais a
rattrapé celui de la Syrie, alors qu'il lui était
inférieur de moitié en 1990.
La livre libanaise s'est stabilisée. Avant la guerre, 1 dollar US
valait 3 livres. Au plus fort du conflit, au moment du départ des
Palestiniens, la livre a chuté à un taux d'un dollar contre
3 000 livres. Aujourd'hui, un dollar s'échange contre
1 500 livres.
Le Liban, fidèle à sa tradition libérale, n'a jamais remis
en cause la liberté de circulation des capitaux et a toujours garanti la
sécurité juridique des investissements privés.
La législation sur le
secret bancaire
, l'une des plus strictes
au monde, constitue d'ailleurs un des piliers du système bancaire.
Quelle que soit la nationalité du déposant, le secret bancaire ne
peut être levé qu'avec l'agrément de la personne ou en cas
de faillite. Le ministre de la justice, M. Bahige Tabarrah, a même
cité le cas d'un fonctionnaire soupçonné d'avoir
détourné à son profit le produit de la vente des timbres
fiscaux : le ministère des finances a été dans
l'impossibilité d'obtenir la levée du secret bancaire.
Tout cela explique sans doute les premiers signes du retour des capitaux de la
diaspora. Les avoirs des Libanais à l'étranger, estimés
entre 30 et 40 milliards de dollars ont été pour partie
réinjectés dans l'économie du pays. Selon la Banque
centrale, le montant total des capitaux rapatriés aurait
représenté depuis 1990 entre 8 et 9 milliards de dollars,
à un rythme de 1,5 à 2 milliards par an.
L'essentiel de ces capitaux s'est porté sur le secteur immobilier, ce
qui explique, dans une très large mesure, la croissance importante de ce
secteur d'activité.
Il est vrai que les vicissitudes de la situation internationale ne sont pas de
nature à encourager la venue de capitaux extérieurs.
Ainsi, l'opération israélienne " Raisins de la
colère " a représenté un coût global
estimé à 500 millions de dollars. Les bombardements ont
notamment entraîné une chute sensible des recettes de l'Etat
(blocus des ports, baisse des rentrées des droits de douane de 30 %
et régression de l'activité économique dans tout le pays).
Le Gouvernement a dû venir en aide aux sudistes
" exodés ".
La situation financière du Liban reste très fragile comme en
témoigne le
dérapage budgétaire
. Selon les chiffres
arrêtés fin septembre par le ministère des finances, le
déficit a atteint 50,15 % du budget alors que la loi de finances
adoptée par le Parlement le 31 janvier prévoyait un taux de
37,6 %. Les déficits précédents avaient
également dépassé les prévisions : 60 % au
lieu de 42,75 % en 1994, 48 % au lieu de 44 % en 1995. La
progression du déficit serait notamment due au " gaspillage des
deniers publics " et à des rentrées insuffisantes en raison
d'une collecte insatisfaisante des impôts.
La
dette publique
enregistre également une
dérive
inquiétante
dans la mesure où elle s'élevait fin
septembre à 9,585 milliards de dollars dont plus de
7 milliards pour la dette interne. En décembre 1993, la dette
ne représentait que près de 3 milliards. Aujourd'hui,
la
dette publique dépasse 70 % du PIB
.
Tableau (chiffres clés de l'économie libanaise)