2. Une institution originale pour la reconstruction de Beyrouth : SOLIDERE (Société libanaise pour le développement et la reconstruction de Beyrouth).
C'est en mai 1994 que la responsabilité de reconstruire
et d'aménager le centre-ville de Beyrouth a été
confiée à cette société privée dont le
capital avoisine les deux milliards de dollars.
Cette société regroupe des investisseurs libanais (y compris le
Président du Conseil) et originaires des autres pays arabes.
Le projet s'étend sur plus de 1,8 million de mètres
carrés (soit environ 8 % de la superficie totale de Beyrouth) qui
comprennent quelque 600 000 m
2
récupérés sur la mer.
Le schéma directeur répond au souci de planification urbaine. La
reconstruction de Beyrouth offre, si l'on peut dire, une occasion unique de
procéder à la restructuration rationnelle du centre-ville, dans
la mesure où le schéma permet la mise en place de tout un
système d'infrastructures modernes. Dans le même temps, ce
schéma se fixe comme objectif de respecter le passé historique de
la ville par la préservation des nombreux bâtiments, la
conservation des vestiges archéologiques et la reconstruction des souks.
Le projet comprend deux phases dont la seconde débutera en l'an 2000.
Mais les travaux doivent être assurés en coordination avec les
fouilles archéologiques qui mettent à jour des vestiges allant
des Canéens jusqu'à l'époque ottomane en passant par les
époques phénicéenne, perse, héllénistique,
romaine, bysantine, omeyade, abbaside et celles des Croisés et des
Mamelouks.
Sur la superficie totale du projet, le domaine public comprendra
876 000 m2, dont 592 000 m
2
de routes et
284 000 m
2
d'espaces publics.
Le schéma d'urbanisme fixe la capacité de construction à
4,69 millions de m
2
de surface de plancher qui pourraient se
répartir comme suit :
Superficie de plancher en m
2
Bureaux 1 582 000
Habitations 1 959 000
Commerces 563 000
Bâtiments culturels et
administratifs 386 000
Hôtels 200 000
_________
Total maximum 4 690 000
Quelles que soient les critiques que peut susciter l'appel à une
société privée pour la reconstruction du centre d'une
capitale, SOLIDERE a fourni une première réponse au
problème de relogement.
L'ampleur de ce problème a d'ailleurs conduit le législateur
à faire preuve d'une " très grande créativité
juridique " pour reprendre l'expression de M. Bahige Tabarrah,
Ministre de
la Justice.
Une loi de 1990 a en effet prévu que les propriétaires et les
locataires apporteraient à la société leurs droits
estimés par la commission supérieure d'évaluation à
1,200 milliard de dollars.
En échange de leurs droits, les propriétaires et les locataires
qui ont souhaité participer à l'opération ont reçu
des actions pour un total de 152.048.500 dollars à l'occasion d'une
souscription ouverte en 1994, certains propriétaires ayant vivement
critiqué le montant peu élevé des indemnités
versées sous forme d'actions.
Au fur et à mesure des opérations de reconstruction, les
propriétaires ou les locataires ont la faculté de reprendre leur
bien ou leur logement en fonction du plan d'occupation des sols.
Les actions sont aisément cessibles, car SOLIDERE qui est devenue l'une
des sociétés les plus importantes du Proche-Orient est
désormais inscrite à la cote officielle de la bourse de Beyrouth.
La réouverture de la bourse libanaise au début de l'année
apparaît d'ailleurs comme le symbole du redressement économique et
financier du pays.