TITRE III
UNE NATION À LA RECHERCHE
DE SA NOUVELLE
IDENTITÉ
Dès son entrée en fonction en 1992, le
Gouvernement formé par M. Rafic Hariri a concentré ses
efforts sur la reconstruction d'un pays en ruine. A cet effet, il a mis en
oeuvre un plan décennal pour les années 1993-2002, baptisé
" Horizon 2 000 ".
Ce plan repose sur une intervention massive de l'Etat mais aussi sur
l'initiative privée, car au Liban, le secteur privé produit
environ 85 % du produit intérieur brut.
Ce plan se traduit par des réalisations spectaculaires qui concernent
pour l'essentiel les infrastructures de base. Au propre comme au figuré,
l'ensemble du pays est un véritable chantier.
Il reste que la politique volontariste de reconstruction du pays a un
coût financier important et n'a pas empêché une
dégradation importante de la situation sociale qui est proche de
l'explosion. En février dernier, le Gouvernement a été
amené à décréter l'état d'urgence pour
couper court à une menace de grève générale.
Mais le défi de l'après-guerre n'est pas seulement de nature
économique : la reconstruction du pays manquera son objectif si elle ne
s'accompagne pas de la remise sur pied de l'appareil institutionnel et de la
restauration de l'Etat de droit.
Sous les décombres de la guerre civile, le souvenir de la fracture
qui a divisé le Liban demeure présent.
Inquiets face aux perspectives d'évolution du conflit
israélo-arabe, les Libanais s'interrogent sur le devenir du Liban et sur
la définition de leur identité nationale.
Autrement dit, les urgences économiques ne doivent pas occulter
l'importance du débat sur la réconciliation des Libanais et la
reconstitution de la Nation libanaise, qui passe peut-être
par la
recherche de nouvelles voies vers l'entente entre les communautés
confessionnelles.
I. UNE ÉCONOMIE CENTRÉE SUR LA RECONSTRUCTION DU PAYS
A. LE DISPOSITIF INSTITUTIONNEL DE LA RECONSTRUCTION
1. Le conseil de développement et de reconstruction (CDR)
Le CDR est un organisme public dépendant directement du
Conseil des Ministres, qui a pour vocation de remplir une triple mission :
- établir les plans et les programmes de reconstruction et de
développement
- obtenir les financements nécessaires
- réaliser les objectifs et en superviser l'exécution.
Le CDR est également chargé de recevoir et de gérer l'aide
internationale qui s'élève à plus de 2 milliards de
dollars. Pour l'essentiel, cette aide provient de l'Union Européenne
(20 %), des pays arabes, par l'intermédiaire des fonds saoudien et
koweïtien de développement (13 %), et de la Banque
internationale pour la reconstruction et le développement (14,6 %).
Selon les dernières estimations du CDR, le coût de la
reconstruction sur la période 1995-2007 est estimé à
59,8 milliards de dollars dont 17,8 à la charge de l'Etat.