DEUXIÈME
PARTIE
CADRE LÉGAL ET ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX
I. L'ÉQUATION DE KAYA
En 1990, le chercheur japonais Yoichi Kaya a proposé une approche permettant de décomposer les émissions de CO2 d'un pays en différents facteurs. Elle a par la suite été adaptée au secteur des transports, afin de mettre en évidence des leviers d'action permettant de le décarboner. Pour l'aviation, la formule proposée est la suivante :
CO2 = (CO2 / énergie) × (énergie / trafic) × trafic
Cette présentation de la quantité de CO2 émise permet d'identifier trois leviers de décarbonation : l'intensité carbone de l'énergie utilisée, l'intensité énergétique du transport et le trafic en nombre de passagers.
Émissions = intensité carbone énergie × intensité énergétique × trafic
L'intensité carbone de l'énergie, mesurée en tonnes de CO2 par joule (tCO2/J), désigne la quantité de CO2 émise par unité d'énergie utilisée. Elle peut être réduite par l'utilisation de vecteurs énergétiques autres que le kérosène, tels que l'électricité, l'hydrogène, les biocarburants, etc.
L'intensité énergétique, exprimée en joules par passager et par kilomètre (J/pass.km) désigne l'énergie utilisée pour transporter un passager sur un kilomètre. Les mesures de réduction de l'intensité énergétique (autrement dit d'amélioration de l'efficacité énergétique) incluent la réduction de la consommation via des améliorations du moteur et de la structure de l'avion, ainsi que des mesures d'économie d'énergie en vol et au sol.
Le trafic, en passager.kilomètre (pass.km) ou passager.kilomètre payant (PKP, en anglais revenue passenger kilometer ou RPK30(*)), correspond au nombre total de passagers multiplié par la distance parcourue. La question de la réduction du trafic ne sera pas examinée dans le présent rapport, puisqu'elle relève de la politique publique de sobriété.
Évolution des termes de l'équation de Kaya entre 1973 et 2018
Source : référentiel Supaéro, à partir de données de l'AIE et l'OACI
Le graphique ci-dessus montre que les émissions de CO2 du secteur ont augmenté de 176 % depuis 50 ans, en raison d'un accroissement de 1 236 % du trafic, alors que l'intensité énergétique a baissé dans le même temps de 79 %. L'intensité carbone est restée stable, illustrant l'utilisation continue du kérosène depuis 50 ans.
* 30 Notation normalisée par l'Organisation de l'aviation civile internationale.