2. Eviter les doublons
Dans un contexte de nécessaire maîtrise des finances publiques, le principe de subsidiarité doit être affirmé : en administration centrale, les doublons existants doivent pouvoir être supprimé. S'agissant ainsi du rayonnement international des universités, il existe toujours au sein de la direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID) une sous-direction de la coopération scientifique, universitaire et de recherche, alors que le ministère de l'enseignement supérieur a développé depuis plusieurs années une direction des relations internationales, de plus en plus active. La direction de la coopération scientifique, universitaire et de recherche représentait en 2007 45 personnes sur les 333 de la DGCID . De la même manière, l'affirmation du rôle du ministère de la culture en matière d'action internationale pourrait conduire à réduire les emplois de la direction de la coopération culturelle et du français de la DGCID.
Enfin, si la politique de soutien à l'extraduction (traduction du français vers une langue étrangère) mérite un investissement public réaffirmé - de la même manière que le lecteur français lit rarement Tolstoï en russe, les publics étrangers lisent rarement les auteurs français sans traduction -, il ne paraît pas souhaitable de faire coexister deux programmes d'extraduction : l'une géré par le ministère de la culture, l'autre par celui des affaires étrangères et européennes. Les crédits pourraient être fusionnés au sein de CulturesFrance.
3. Préserver « coûte que coûte » le rôle des lycées français dans le rayonnement culturel à l'étranger
Les lycées français à l'étranger forment une composante essentielle du rayonnement culturel à l'étranger. Ils répondent à deux objectifs indissolublement liés : répondre aux besoins de scolarisation des enfants français à l'étranger, et accueillir les enfants étrangers, issus des classes moyennes, voire supérieures, du pays hôte. Cet objectif, que le ministère des affaires étrangères et européennes qualifie de « politique d'influence autour des futures élites », gagnerait à être mieux évalué : il n'est plus aujourd'hui certain que, dans tous les pays étrangers, les élèves accueillis constituent la future élite de leur pays.
C'est grâce à l'apport significatif d'élèves étrangers que les établissements français peuvent maintenir un grand nombre de classes, et d'options pour le baccalauréat, voire parfois assurer leur pérennité. De surcroît, les frais de scolarité des enfants étrangers constituent une contribution indispensable à l'équilibre financier toujours fragile de l'AEFE. Enfin, c'est sans doute en raison de la contribution des lycées français au rayonnement international de la France que le Parlement consacre chaque année en loi de finances des crédits substantiels à ces établissements . Pour cette raison, le budget de l'AEFE figure au sein du programme 185 « Rayonnement culturel et scientifique » de la mission « Action extérieure de l'Etat », et non au sein du programme « Français à l'étranger, affaires consulaires et sécurité des personnes ».
L'attractivité des lycées français auprès des publics étrangers tient à un rapport « qualité/prix » favorable . Ces lycées sont réputés offrir un enseignement de qualité pour des frais de scolarité moins élevés que leurs concurrents. Leur réputation reste fragile au sein de ce qui apparaît, dans beaucoup de pays développés ou émergents, comme un « marché de l'éducation ». Sur ce « marché », les lycées français sont en concurrence avec d'autres établissements privés : les parents d'élève sont sensibles à des paramètres comme les équipements sportifs ou les activités parascolaires proposés aux élèves.
Ces paramètres ont évidemment un coût, et exigent des investissements significatifs, soit de l'AEFE pour les établissements en gestion directe, ou conventionnés, soit des lycées eux-mêmes pour les établissements homologués. Compte tenu des contraintes pesant sur les finances publiques, l'augmentation des frais de scolarité constitue une modalité incontournable pour financer ces investissements. Or la prise en charge, par le budget de l'Etat, des frais de scolarité pour les enfants français conduira les seuls parents d'enfants étrangers à supporter la hausse des frais de scolarité. Cette évolution présente le risque d'observer une dégradation du rapport « qualité-prix » des établissements français à l'étranger, et donc de voir une proportion significative de parents d'enfants étrangers se détourner de notre système d'enseignement.
Par ailleurs, les lycées français à l'étranger affrontent dans certains cas des difficultés spécifiques : dans les pays développés, ils sont indéniablement attractifs pour les parents d'élèves étrangers en ce qui concerne les classes de maternelle, de primaire ou de collège. En revanche, l'entrée en lycée est moins prisée : les enjeux de réussite scolaire amènent les parents d'élève à préférer un établissement permettant d'obtenir à l'issue du secondaire un diplôme du système d'enseignement de leur propre pays, ce diplôme ouvrant très souvent la voie à l'enseignement supérieur. Dans cet esprit, la création de bacs binationaux constitue une nécessité. Un bac franco-allemand existe déjà, et la création d'un baccalauréat franco-américain, évoqué depuis plusieurs années, devrait enfin aboutir. L'introduction d'un baccalauréat franco-américain, synthèse du baccalauréat français et du programme américain des « Advanced Placements » (AP) de fin d'études secondaires, doit permettre aux élèves suivant une scolarité française d'entrer plus facilement dans les universités américaines.
Enfin, parmi les élèves étrangers des lycées français, peu d'entre eux sont aujourd'hui incités à poursuivre leur scolarité dans les universités et grandes écoles en France . Le ministère des affaires étrangères et européennes apparaît conscient de cette difficulté. Pour la résoudre, il convient de construire de nouvelles passerelles entre l'établissement français à l'étranger et notre système d'enseignement supérieur.