II. MOINS DE CENTRES CULTURELS, PLUS DE PRÉSENCE CULTURELLE
Votre rapporteur spécial invite à ne plus confondre centres culturels et présence culturelle . Comme le souligne le rapport annuel de performances pour 2007 de la mission « Action extérieure de l'Etat », « l'action du réseau culturel français dans l'Union européenne et dans les pays développés repose toute entière sur le partenariat. Le réseau joue auprès des grandes institutions et opérateurs étrangers un rôle de passeur et d'incitateur les amenant à s'impliquer activement dans la promotion de manifestations culturelles françaises et de co-productions ». Votre rapporteur spécial ne saurait mieux expliquer l'objectif d'une action culturelle extérieure plus offensive, qui se projetterait en-dehors des murs des centres culturels, pour retrouver un public le plus large possible. Si, dans cette perspective, et dans les pays de l'OCDE, le modèle des « centres culturels », celui d'une vitrine de la France à l'étranger, n'apparaît plus convaincant, le rôle d'un conseiller culturel facilitant les échanges culturels redevient essentiel .
A. EN EUROPE ET DANS L'OCDE, LE MODÈLE DES CENTRES CULTURELS N'EST PLUS CONVAINCANT
Une anecdote illustre le scepticisme de votre rapporteur spécial quant à la programmation culturelle organisée au sein des centres culturels . L'institut franco-japonais de Tokyo a lancé des programmes de visioconférences avec des personnalités intellectuelles françaises . Ceci apparaît comme une excellente initiative de rayonnement culturel. Mais elle prend sa place dans un lieu aux capacités d'accueil limité, et dont la notoriété, bien que réelle, est insuffisante pour attirer un vaste public. Certaines visioconférences ont dès lors pu apparaître comme un échec par rapport à la stature intellectuelle des personnalités invitées. Préserver l'idée de visioconférence, mais la construire avec des partenaires japonais, dans des lieux fréquentés par le public japonais : voilà une manière de mieux rayonner.
1. Un rayonnement culturel à trouver dans les institutions des pays d'accueil
Dans un certain nombre de pays, en particulier en ce qui concerne les pays développés, selon les constats faits par votre rapporteur spécial, les centres culturels ne rayonnent plus en-dehors d'un premier cercle : nos partenaires habituels, les francophones, les amoureux de la France, ceux qui sont acquis à la culture française, mais dont notre réseau culturel est aussi parfois prisonnier, et l'empêchent parfois d'évoluer. Pour accueillir un vaste public, les salles d'exposition apparaissent inadaptées. Les salles de spectacle sont le plus souvent de petite taille. Comme en France, les visiteurs, les spectateurs vont dans leurs lieux culturels habituels, où il est dès lors indispensable de programmer de la culture française, au sens large.
Loin de remettre en cause toute initiative, ce constat oblige à repenser les programmations culturelles. Celles-ci doivent être conçues, sauf rares exceptions, « hors les murs ». Les budgets doivent donc être transférés dans des partenariats montés avec les institutions des pays d'accueil, en relation avec nos artistes en France. Le public étranger doit trouver dans ses lieux culturels habituels des artistes français. C'est dans les universités ou les medias étrangers que doivent intervenir nos intellectuels plutôt que dans nos centres culturels. Ce que réalisent déjà la plupart de nos services de coopération et d'action culturelle doit ainsi devenir la norme.
Dans les grands pays occidentaux, et en particulier en Europe, on a ainsi trop longtemps confondu centre culturel français et présence culturelle. Or il est possible d'avoir une forte présence culturelle, avec un conseiller artistique dynamique, sans aucun centre ou institut.
Se mettre à la place des « publics cibles » pour mieux orienter votre action culturelle Où le spectateur français va-t-il voir les mises en scènes de Krzysztof Warilowski, metteur en scène polonais ? Au centre culturel polonais ? Non, à l'opéra Garnier ou Bastille. Où va-t-il voir « la vie des autres », film allemand ? A l'institut Goethe ? Non, dans une salle commerciale. Où va-t-il voir les expositions de Takashi Murakami ? A la maison de Japon ? Non : à la fondation Cartier. Nos amis allemands, américains, japonais ne sont pas différents de nous... |