FRANCE-YÉMEN :
APRÈS LE 11 SEPTEMBRE
DE l'AMITIÉ POLITIQUE À LA COOPÉRATION
ÉCONOMIQUE ?
Accueil d'une délégation du conseil de la Choura
du 10 au 17
juin 2002
GROUPE FRANCE - YEMEN
Membres de la délégation du Conseil de la Choura
M. A
bdulaziz Abdulghani
, Président du Conseil de la Choura ;
Trois parlementaires :
-
M. Abdullah Albar
, vice-président,
- M. Hussain Al Miswari
, membre du Conseil de la Choura,
- M. Mohamed Afandi
, membre du Conseil de la Choura,
- Dr Nageeb Al Salem,
secrétaire général du Conseil
de la Choura
Programme de la visite de M. ABDELGHANI, Président, et
d'une délégation du Conseil de la Choura
Lundi 10 juin
15 h
30
: Audience de M. Xavier de Villepin, Président de la
Commission des Affaires Etrangères, de la Défense et des Forces
Armées
16 h 30
: Visite du Sénat par le chef du protocole du
Sénat
Mardi 11 juin
Déplacement dans le département de
Haute-Normandie :
10 h 00
: Visite du port du Havre,
12 h 00
: Accueil à la mairie de Honfleur par M. Michel
Lamarre, maire de Honfleur
15 h 00
: Visite des haras du Quesnay à Vauville (Calvados)
avec MM. Alec Head, propriétaire des haras, et M. Ambroise
Dupont, Sénateur du Calvados
Mercredi 12 juin
8 h
45
: Petit-déjeuner au Medef International avec M. Jean-Pierre
Philibert, directeur des relations avec les pouvoirs publics et conseiller de
M. Ernest-Antoine Seillière, Président du Medef.
10 h 15
: Visite de la salle du conseil à l'Hôtel de
Ville de Paris.
11 h
30
: Audience à l'Elysée avec M. Jean-François
Girault, Conseiller technique à la cellule diplomatique Afrique du Nord,
Moyen-Orient, Asie centrale, Amériques, à la Présidence de
la République.
16 h 00
: Visite de la Chambre de commerce franco-arabe. Entretien
avec M. Baccar Touzani, ancien ministre, secrétaire
général
18 heures
: Audience au Petit Luxembourg avec M. Christian
Poncelet, président du Sénat
20 heures 30
: Dîner offert par le groupe sénatorial
France-Yémen au Restaurant du Sénat
Jeudi 13 juin
10
heures
: Entretien à l'Hotel Matignon avec M. Serge
Degallaix, conseiller diplomatique du Premier ministre.
11 heures 45
: Déjeuner à la tour Total Fina Elf avec
le directeur de la zone Yémen, M. Phillipe Groy.
15 h 00
: Visite du Palais de Iéna et présentation du
Conseil économique et social.
16 h
30
: Visite privée de la Cité des Sciences et de
l'Industrie de la Villette
Liste des membres du groupe interparlementaire
d'amitié
France-Yémen au Sénat
M. ABOUT
Nicolas
M. BALARELLO José
Mme BEAUDEAU Marie-Claude
M. BESSON Jean, Vice-Président
Mme BIDARD-REYDET Danielle, Vice-Présidente
M. de BROISSIA Louis
M. CANTEGRIT Jean-Pierre
M. CARLE Jean-Claude
M. CAZALET Auguste, Vice-Président
M. CLOUET Jean
M. COLLIN Yvon
M. DARNICHE Philippe
M. DENEUX Marcel
M. DULAIT André, Vice-Président
M. DUPONT Ambroise, Trésorier
M. DUPONT Jean-Léonce
M. DURAND-CHASTEL Hubert, Vice-Président
M. ÉMIN Jean-Paul
M. FERRAND André, Président
M. HAENEL Hubert
M. LARCHER Gérard
M. LASSOURD Patrick
M. LEGENDRE Jacques
M. LE PENSEC Louis
M. LORIDANT Paul
M. MADRELLE Philippe
M. MARINI Philippe
M. MATHIEU Serge, Secrétaire
M. MOINARD Louis, Secrétaire
M. MOULY Georges, Vice-Président
M. NACHBAR Philippe, Secrétaire
M. NOGRIX Philippe
M. PASTOR Jean-Marc
M. PELCHAT Michel
M. PÉPIN Jean
M. PUECH Jean
M. RENAR Ivan
M. REVET Charles
M. REVOL Henri
M. ROUVIÈRE André
M. SAUGEY Bernard
M. SOUVET Louis
M. TRUCY François, Vice-Président
M. de VILLEPIN Xavier
CARTE
A INSERER
SOMMAIRE
Pages
AVANT-PROPOS : LE YÉMEN UN AN APRÈS
15
CHAPITRE PREMIER : LA PARTICIPATION DES AUTORITÉS
YÉMÉNITES A LA COALITION ANTITERRORISTE
19
I. UNE DÉCISION RAPIDE ET DÉTERMINÉE AU LENDEMAIN DU 11
SEPTEMBRE...
20
A. UNE RÉACTION RAPIDE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
YÉMÉNITE
20
1. Une dénonciation rapide des attentats
20
2. La tournée internationale du Président de la
République
22
B. UNE NOUVELLE POLITIQUE DE SÉCURITÉ DICTÉE PAR LA
COOPÉRATION MILITAIRE AVEC LES ETATS-UNIS
23
1. Une nouvelle politique sécuritaire
23
2. Des gages donnés aux Etats-Unis
26
II. UNE COOPÉRATION QUI N'ALLAIT PAS SANS RISQUES POUR LE
RÉGIME
28
A. UNE CONTESTATION RELATIVE
28
1. Un mécontentement public sous contrôle...
28
2. Malgré des actes de violence inquiétants
29
B. LE RISQUE DE L'OUBLI DE L'ÉTAT DE DROIT
30
1. Des avancées timides de l'Etat de droit potentiellement remises en
cause
30
2. Une prudence néanmoins des autorités
yéménites
30
CHAPITRE II : UNE COOPÉRATION ÉCONOMIQUE PLUS QUE
JAMAIS NÉCESSAIRE
33
I. LA PRISE DE CONSCIENCE INTERNATIONALE DE LA NÉCESSITÉ DU
DÉVELOPPEMENT YÉMÉNITE
33
A. L'INCLUSION DANS LE CONSEIL DE COOPÉRATION DU GOLFE
33
1. Des relations longtemps difficiles
33
2. Des avancées nées de l'après 11 septembre
34
B. UN SOUTIEN PLUS AFFIRMÉ DES DONATEURS INTERNATIONAUX
34
1. Un soutien conséquent des donateurs internationaux
34
2. Qui doit s'accompagner d'une concertation sur l'utilisation de l'aide
35
II. UN SIGNAL FORT DE LA FRANCE QUI DOIT DÉBOUCHER SUR UN
PARTENARAIT ÉCONOMIQUE
36
A. LA DÉCISION TANT ATTENDUE DE L'INCLUSION DANS LA ZSP...
36
1. L'inclusion dans la ZSP...
37
2. Doit maintenant déboucher sur des résultats concrets
38
B. OFFRIR AU YÉMEN UN PARTENARIAT ÉCONOMIQUE
41
1. 2 secteurs d'intervention de poids : banque et ressources
énergétiques
41
2. En France, des acteurs à mobiliser
42
3. Des synergies possibles
42
AVANT-PROPOS : LE YÉMEN UN AN APRÈS
Une
délégation du groupe interparlementaire France-Yémen du
Sénat s'était rendue au Yémen du 9 au 16 mars 2001. Un peu
plus d'un an après, du 10 au 17 juin 2002, le Sénat a accueilli
en retour, à son invitation, le Président du Conseil de la
Choura
1(
*
)
, M. Abdelaziz Abdelghani,
ancien Premier Ministre et proche du Président de la République
Ali Abdallah Saleh, accompagné de trois parlementaires et du
secrétaire général de l'institution.
Saisissant l'occasion de cette visite fructueuse, à partir des
entretiens politiques et économiques qui se sont déroulés
tout au long de cette semaine, compte tenu des évènements
récents, le groupe interparlementaire d'amitié
France-Yémen du Sénat a souhaité mettre à la
disposition des partenaires du Yémen les éléments
permettant de saisir les évolutions importantes survenues au cours de
l'année écoulée.
En une année, l'environnement international a radicalement changé
et le Yémen, trop longtemps oublié et négligé par
ses voisins et par l'Occident, fait l'objet aujourd'hui d'une attention accrue,
tant sur le plan politique et militaire que sur le plan économique. Les
amis du Yémen, après l'attentat du 11 septembre, ont pu craindre
que ce pays fasse les frais d'une action militaire américaine
précipitée. «
Le Monde
» titrait ainsi
dans un article du 13 octobre 2001 «
le Yémen, Ben Laden et
les "Afghans
" » et mettait en avant le risque d'une intervention
américaine.
Il n'en a rien été. La position officielle yéménite
a permis d'éviter le pire. Les condoléances appuyées du
Président de la République au peuple américain et une
diplomatie habile et active ont faire dire rapidement à l'ambassadeur
américain au Yémen, Edmund J. Hull
2(
*
)
que «
dans la guerre contre
le terrorisme, le Yémen est un partenaire et non une
cible
»
.
Cette participation à la lutte
anti-terroriste, dont les résultats concrets sont pour le moment
limités, s'est avérée être une décision
judicieuse. Elle a permis d'éviter au Yémen les
difficultés qu'avait engendrées son soutien à l'Irak de
Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe. La coopération active avec
les forces américaines ne va pas sans risque pour les autorités
yéménites confrontées à des tentatives de
déstabilisation
3(
*
)
. Elle ne
va pas non plus sans limite : l'attachement du Yémen à la
coalition anti-terroriste reste conditionné au respect de deux lignes
rouges à ne pas dépasser : intégrité de la
souveraineté yéménite et non assimilation de la
résistance palestinienne avec le terrorisme. Une attaque
américaine contre l'Irak provoquerait sans doute également une
crise dans les relations américano-yéménites.
L'attentat ayant atteint le Limburg le 6 octobre 2002, à replacer dans
un contexte de regain d'actes terroristes dans le monde entier (Koweit,
Indonésie, Tunisie en avril dernier)
,
a démontré la
fragilité des conditions de sécurité offertes par le
Yémen. Il a aussi mis en évidence la volonté de
coopérer des autorités yéménites dans cette affaire
et leur souhait de renforcer les mesures de sécurité et de
surveillance dans leurs ports et leurs terminaux pétroliers. Les
pétroliers bénéficient désormais d'une escorte dans
les eaux territoriales yéménites.
Les partenaires occidentaux ont bien compris la nécessité de
renforcer l'autorité de l'Etat yéménite, pour mettre un
frein à l'instabilité politique interne. A la lueur de l'exemple
afghan, ils ont, semble-t-il, compris les liens forts entre extrême
pauvreté et instabilité politique. Le Yémen pourrait
dès lors faire l'objet d'une aide au développement
rénovée et ambitieuse. D'ores et déjà, les
Etats-Unis ont annoncé leur contribution. Les pays du Golfe ont
commencé à ouvrir leurs instances de coopération au
Yémen.
Quant à la France, elle semble enfin déterminée à
accompagner l'amitié politique qui la lie au Yémen d'une
réelle coopération économique. L'inclusion récente
du Yémen dans la zone de solidarité prioritaire (ZSP), qui doit
se concrétiser rapidement par la mise en route de projets, constitue un
signal encourageant que le groupe interparlementaire du Sénat appelait
de ses voeux. Il reste maintenant à encourager les initiatives
d'entreprises françaises au Yémen. La rencontre de la
délégation du Conseil de la Choura avec des représentants
d'entrepreneurs français a permis de constater combien le potentiel du
Yémen était mal connu mais aussi combien les différents
acteurs institutionnels français étaient disposés à
faire plus. Au groupe interparlementaire du Sénat de catalyser ces
diverses initiatives. Au cours des différents entretiens qu'a eus le
Conseil de la Choura a émergé une possible doctrine de
coopération en faveur du Yémen, fondée sur un triple
partenariat : ressources humaines yéménites, moyens
financiers saoudiens et « expertise » française.
Complément naturel des actions menées dans le cadre de la ZSP,
cet axe de coopération et d'échange demande maintenant à
être testé au cours des prochains mois.
Cette coopération économique ne pourra être que
confortée par des garanties en matière de stabilité
politique et des progrès en matière de démocratie. Les
prochaines élections législatives d'avril 2003 constitueront une
épreuve majeure à laquelle les pays amis du Yémen devront
apporter leur contribution : appui financier à l'organisation des
élections, surveillance de la campagne législative et confiance
dans le processus électoral.
Le groupe d'amitié interparlementaire d'amitié
France-Yémen du Sénat souhaite enfin saluer l'action
déterminée que mènent M. Mohamed Basalamah,
ambassadeur du Yémen en France, et Mme Khadija Alsalami, conseiller
de presse de l'ambassade du Yémen en France, et pour la contribution
qu'ils ont apportée au succès de la mission du Conseil de la
Choura, et soulignent leurs engagements constants en faveur de la
coopération franco-yéménite