II. LA PRODUCTION EN FRANCE
A. UNE PRODUCTION CINÉMATOGRAPHIQUE DYNAMIQUE ET RENOUVELÉE
1. La production cinématographique se maintient à un niveau élevé
•
Le nombre de films agréés par an se maintient dans une fourchette
de 130 à 150 films environ (films d'initiative française et
coproductions). La fin des années 1980 et le début des
années 1990 ont connu une augmentation importante du nombre de films
produits, mais depuis trois ans la production est revenue au niveau de 1987
avec 134 films produits en 1996 et 158 films en 1997.
• En revanche, la production d'initiative française, qui avait
tendance à fléchir, retrouve son niveau de 1990 avec 104 films
d'initiative française en 1996 et 140 films en 1997.
• La production cinématographique se renouvelle, avec un nombre de
premiers et deuxièmes films exceptionnellement élevé pour
l'Europe. Plus d'un film d'initiative française sur deux est un premier
ou un deuxième film. 37 premiers films et 18 deuxièmes films ont
été produits sur un total de 104 films d'initiative
française.
• On constate qu'il est plus facile de réaliser un premier film
qu'un second film. Ceci traduit sans doute une barrière à
l`entrée particulièrement faible pour les réalisateurs
débutants.
B. UNE ÉVOLUTION MARQUÉE DES MODES DE FINANCEMENT, QUI PRIVILÉGIE LE PRÉFINANCEMENT PLUTÔT QUE L'AMORTISSEMENT
1. Le poids des diffuseurs dans le financement est devenu essentiel
•
La structure de financement des films d'initiative française a connu de
profonds changements au cours de la période 1980-1997 :
- très forte croissance de l'apport des chaînes de TV dont la
part dans le budget total passe de 7% en 1983 à 36% en 1997 (40% en
1996) ;
- chute brutale des à-valoir des distributeurs français dont la
part passe de 30% en 1984 à environ 5% depuis 1992.
Source : BIPE, d'après CNC
•
Les deux modalités de financement de la production par les diffuseurs
sont d'une part le pré-achat de films et d'autre part la coproduction.
Les achats de droits TV n'entrent pas dans le financement mais dans
l'amortissement des films.
• Les chaînes " en clair " financent en moyenne 15% des
devis totaux (contre 9,7% en 1990), y compris les films où elles
n'interviennent pas, soit en pré-achat, soit en coproduction.
- TF1 finance en moyenne 12 à 15 films pour un budget de 220 MF.
- France 2 et France 3 ont coproduit 38 films pour 250 MF en
1996 (150 MF pour France 2 et 100 MF pour France 3).
- Arte finance 20 films pour un budget de 45 MF en moyenne.
• Les diffuseurs coproduisent moins de films depuis 1992. La
sélectivité des chaînes est plus forte,
particulièrement pour les chaînes privées. Cependant, leurs
apports en coproduction exprimé en francs constants sont
orientés assez fortement à la hausse (+5,5% en moyenne par an
entre 1992 et 1997 (+1,8% entre 1987 et 1992) contre +4,8% pour les
pré-achats).
• Canal+ pré-achète 80% des films produits. Par ailleurs, la
chaîne intervient via sa filiale Studio Canal+ dans la coproduction, bien
qu'elle ne soit pas soumise à une contrainte légale.
• TPS a investi 50 MF en 1997 dans la production cinématographique.
• La part des pré-achats des chaînes de TV dans la structure
de financement des films est passée de 3,7% en 1983 à 29% en 1997
(34,3% en 1996).
- La rivalité entre les grandes chaînes nationales (notamment
entre Canal+ et TF1) a accentué la surenchère sur les films qui
pouvaient servir de produits d'appel : les chaînes sont prêtes
à surpayer leur investissement en production pour assurer leur
approvisionnement en films dont elles pensent qu'ils sont susceptibles de
contribuer à leur image, de générer des revenus importants
en salles (cas où elles interviennent en tant que coproducteur), ou un
niveau d'audience élevé (cas où elles
pré-achètent le film).
- Enfin, pour la plupart des chaînes interrogées par le BIPE,
l'obligation qui leur est faite de consacrer 50% de leur investissement en
pré-achat induit un surcoût. Par exemple, en 1997, 50% des films
pré-achetés par TF1 Production auraient été
surpayés au regard de leurs performances en salles ; si la filiale
de la chaîne avait pu attendre les résultats des entrées de
ces films en salles, elle aurait versé en moyenne des droits de
diffusion deux fois moins élevés.
2. Le financement des films d'initiative française est passé d'une logique d'amortissement à une logique de préfinancement
•
La quasi totalité des films bénéficie d'un financement
encadré : participation des chaînes de
télévision, soutien automatique ou sélectif.
• Les obligations d'investissement des grandes chaînes nationales
dans la production cinématographique et, dans une moindre mesure,
l'institution des SOFICA ont fourni aux producteurs une certaine aisance de
financement.
- Le préfinancement des longs métrages au travers des
pré-achats des chaînes de TV, des à-valoir des
distributeurs, de l'aide publique, des cessions de droits vidéo et de
l'apport des SOFICA qui représentait 53% du budget total moyen des films
d'initiative française en 1986 est passé à 60% en 1997
(68% en 1996).
- Dans le même temps, la part du financement qui repose sur les
performances du film en salles (apports des coproducteurs et à-valoir
des distributeurs) est passée de 71% en 1986 (79% en 1893) à 44%
en 1997 (37% en 1996).
• En 1996, les producteurs français apportent des capitaux
à hauteur d'un quart des devis ; les producteurs étrangers
en financent un dixième. La prise de risque par les producteurs est donc
limitée.
• La logique de préfinancement tend à réduire la
rigueur de la sélection des projets par les producteurs. Elle n'incite
pas ces derniers à arrêter un projet en cours de
développement, même s'il promet d'être un échec en
salles.