II. PANORAMA DU SECTEUR EN FRANCE (PRODUCTION, DISTRIBUTION, EXPLOITATION)
•
Un état des lieux précis est utile, pour cerner les impacts des
politiques de soutien et identifier les défis que ces politiques devront
relever à moyen terme.
• Nous verrons que le cinéma français repose sur une
production nombreuse et diversifiée. Elle est financée de
manière croissante par les diffuseurs ; la part des producteurs
dans le financement diminue et le montant élevé des
préfinancements atténue les risques liés à la
sanction du marché en salles. Cette activité est structurellement
déficitaire et aujourd'hui mal armée pour affronter
l'internationalisation du secteur, qui reste la principale issue
économique à l'amortissement de la production.
• Cette situation explique que le patrimoine et la production
cinématographiques français soient peut valorisés à
l'exportation. La structure de la fonction de distribution, atomisée et
inadaptée aux conditions modernes de l'économie du cinéma,
accentue cette faiblesse.
• Cette situation est d'autant plus préjudiciable que
l'intérêt des diffuseurs pour le cinéma français
s'étiole, en particulier au profit des téléfilms.
Aujourd'hui, l'équilibre du secteur provient des obligations qui portent
sur les diffuseurs et de l'augmentation de la fréquentation en salles,
qui génère des ressources importantes pour le soutien public.
Cette augmentation est portée par une vague d'investissement dans le
secteur de l'exploitation, de la part de grands groupes.
• A moyen terme, la pérennité de l'équilibre du
secteur suppose que la production soit amortie sur les marchés mondiaux,
en particulier européens. Cela passe par une internationalisation des
films produits, des structures de production et de distribution.
A. LE SECTEUR DE LA PRODUCTION, CONFRONTÉ À UN FORT BESOIN D'INTERNATIONALISATION
•
Le volume de production se stabilise à un niveau élevé. Le
renouvellement est très important et les barrières à
l'entrée sont faibles : 1/3 des films d'initiative française
sont des premiers films. Le coût moyen des films produits a
été multiplié par 3,5 entre 1980 et 1997. Sur les 5
dernières années, les films moyens (entre 10 et 50 MF)
voient leur part dans la production diminuer, car ils répondent moins
bien aux nouvelles orientations de la demande.
• Le financement de la production a été bouleversé
par l'augmentation considérable de la part des diffuseurs, qui apportent
aujourd'hui plus du tiers des investissement en production. Dans le même
temps, le financement est passé d'une logique d'amortissement, soumise
aux aléas du marché, à une logique de
préfinancement. Cette évolution limite le risque pris par le
producteur et engendre des surcoûts pour les chaînes de
télévision qui pré-achètent des films.
• Le soutien public participe activement au financement de la
production : le soutien automatique représente près de 15%
du coût total de production ; 30 ou 40% des films d'initiative
française bénéficient de l'avance sur recettes, qui
apporte en moyenne 11% des financements.
• Le secteur reste atomisé, même si le poids des plus
grosses entreprises s'accroît. L'activité est structurellement
déficitaire, au moins depuis 1989 et les fonds propres n'ont jamais
couverts les investissements ; en conséquence, l'endettement
s'aggrave. Dans le même temps, l'amortissement des films s'étale
sur une plus longue période, que les petits producteurs sont incapables
de supporter. Ces facteurs alimentent un risque de crise financière
à moyen terme.
• L'internationalisation apparaît comme une bonne
stratégie : il est plus facile d'amortir un film international de
200 MF sur le marché mondial qu'un film français de
50 MF sur le marché national. Elle suppose une ouverture des
entreprises et une adaptation des oeuvres produites.