AVANT-PROPOS
Délais de réalisation
L'évaluation des aides publiques au cinéma a été
réalisée par le BIPE entre le 20 mars et le 12 juin 1998.
Cadre général
Conformément au cahier des charges, l'évaluation ne comporte pas
de recommandations. L'analyse s'est portée plus particulièrement
sur :
• la santé financière des entreprises,
• l'identification des éventuels surcoûts
générés par le dispositif d'aide,
• les performances des films français à l'exportation,
• les dispositifs financiers complémentaires (Sofica),
• l'évaluation du soutien social.
Méthodologie
Les outils mis en oeuvre pour la réalisation de l'évaluation
comprennent :
• une analyse statistique des données existantes sur les
principaux indicateurs du secteur et sur les entreprises ; en particulier,
une analyse structurelle des budgets des films d'initiative française
sur longue période a été développée ;
• une analyse des documents et rapports existants sur le secteur dont la
liste est fournie en annexe
• une trentaine d'entretiens auprès de professionnels,
producteurs, diffuseurs, distributeurs ainsi qu'auprès des principaux
responsables du CNC dont la liste est fournie en annexe
Le CNC a activement contribué au projet en fournissant les
données issues du suivi économique du secteur. Il a
également accepté de présenter et de discuter les
priorités de son action et les réformes en cours du dispositif de
soutien.
Trois réunions de travail ont été organisées avec
le Sénateur Cluzel, rapporteur de l'Office parlementaire
d'évaluation des politiques publiques.
CHAPITRE PREMIER
PANORAMA DU SECTEUR (FRANCE, EUROPE,
ÉTATS-UNIS)
I. ÉLÉMENTS DE COMPARAISONS INTERNATIONALES (EUROPE, ETATS-UNIS)
•
L'industrie cinématographique américaine domine le marché
mondial, ce qui se traduit notamment par une part de marché en salles
supérieure à 60% en Europe et par un poids des majors
supérieur à 50% dans la distribution (80% au Royaume-Uni).
• Le modèle américain repose sur un marché
domestique unique (deux fois plus gros que l'ensemble du marché
européen), des groupes intégrés (la distribution a pris le
contrôle de l'exploitation) et internationaux (l'exportation
représente 43% des recettes des majors) et un véritable effort de
promotion par les entreprises (50% d'un budget est consacré à la
promotion). Le volume de la production américaine est comparable
à celui de l'Europe, mais les budgets moyens des films sont 4 fois
supérieurs. Les recettes salles permettent d'amortir ces coûts, ce
qui n'est pas le cas en Europe. Les capacités d'investissement des
majors, la saturation du marché domestique, l'internationalisation de
réseaux de distribution incitent les américains à investir
en Europe.
• Le marché européen connaît une reprise de la
fréquentation et son potentiel de croissance est important. La part de
marché des films nationaux dans les recettes salles remonte depuis 1994
et atteint 19%. Ce marché reste fragmenté : les films
européens non nationaux voyagent peu en Europe. La fonction de
production n'est pas intégrée à la distribution ou
à la diffusion, même si des groupes se structurent (Canal+,
Polygram, Sogepaq) et passent des accords avec les studios américains,
pour la diffusion ou l'exploitation. Cette fonction n'est pas rentable. Le
morcellement de la distribution pose le problème de l'accès aux
salles des films non commerciaux.
• Ces contrastes permettent d'esquisser les thèmes de
l'évaluation. En particulier, il faudra voir dans quelle mesure
l'intervention des pouvoirs publics explique la spécificité du
cinéma en France :
- un volume de production sans égal en Europe (22% de la production
européenne),
- le maintien d'une part de marché importante des films nationaux (37%
des recettes salles).
• L'évaluation devra également clarifier l'impact des
dispositifs de soutien sur :
- la structure de l'économie du cinéma (une rentabilité
structurellement négative),
- la capacité du secteur à répondre aux défis
lancés par les américains (une nouvelle stratégie de
pénétration, de la part des distributeurs).