E. UNE RÉFORME IMPORTANTE DE LA PROCÉDURE D'AGRÉMENT, ENTREPRISE PAR LE CNC

• Cette réforme, définie suite aux conclusions du rapport Bonnell-Mennegoz 6( * ) , doit recueillir préalablement l'aval de la Direction Générale de la concurrence de la Commission européenne (DG IV).

• Les principes retenus dans cette réforme ont pour objectifs principaux de rendre plus transparents les critères d'éligibilité et de recentrer le soutien sur des critères de dépenses en France. Cette réforme prévoit :

- l'abaissement du seuil minimal à 10% (contre 20% actuellement) dans le cadre de coproductions financières afin d'éviter de maintenir des exigences réglementaires incompatibles avec la réalité. Cette mesure concerne dans un premier temps l'Espagne et l'Italie ;

- l'accès au soutien devient variable selon une grille de points pondérée par des coefficients tenant compte de l'aspect français et européen du film sur une liste de critères (langue, producteur, réalisateur, techniciens, etc.). Pour le réalisateur, s'il est européen, le contrat de travail doit être de droit français afin d'être crédité du nombre de points correspondants. La grille de points est calculée sur une échelle de 100 points :

• pour moins de 25 points, pas d'accès au soutien ;

• entre 25 et 80 points, le soutien généré est proportionnel au nombre de points ;

• entre 80 et 100 points, le soutien généré est de 100% ;

- le maintien des majorations afin de favoriser l'utilisation de studios français. Les majorations concernant les industries techniques (son et image) n'ont pas été acceptées par la Commission européenne ;

- le renforcement du contrôle des devis a posteriori, lorsque le film est terminé afin d'éviter des contrôles inutiles sur les devis ;

- une meilleure prise en compte du rôle exercé par le producteur délégué grâce à la reconnaissance dans les textes de cette fonction. De plus, le soutien généré par la part antenne (droit de diffusion) est supprimé pour les filiales cinéma des diffuseurs. Cependant, les diffuseurs vont continuer de bénéficier des majorations au même titre que le producteur délégué.

• En revanche le CNC, n'a pas plafonné ni rendu dégressif le montant du soutien généré par un film, afin de conserver au mécanisme sa neutralité par rapport au succès commercial et d'encourager l'exploitation de films à succès.

• De même, il n'a pas retenu la possibilité de générer un soutien à la production pour les filiales de producteurs non européens (principalement américains), même en cas de film compatible avec les contraintes de l'agrément, c'est à dire tournés en français, en France par un réalisateur français avec des acteurs français principalement.

- Cette mesure concernait plus précisément la filiale française de Warner qui s'est lancée dans la production de films français avec La classe de neige de Claude Miller (Prix du Jury du Festival de Cannes), Comme une bête de Patrice Schulman, ainsi que le prochain film de Cédric Klapisch.

- Pourtant, l'internationalisation des marchés rend nécessaires les relations de coopération avec les firmes non européennes. De plus, l'attraction de capitaux étrangers dans la production de films français doit compenser les investissements français dans la production étrangère (Studio Canal+, Pathé, etc.).

• Ainsi 27,7% des entrées réalisées par les films français en Allemagne ont fait l'objet d'une distribution par la filiale allemande de Warner en 1996.

• 22% des entrées réalisées par les films français en Espagne ont fait l'objet d'une distribution par la filiale espagnole de Buena Vista (Disney) en 1996. 7( * )

• On constate en définitive que l'agrément bien qu'ayant fait l'objet de modifications très importantes, reste centré sur la France.

- Une option plus radicale visant à procéder à une ouverture européenne plus complète n'a pas été retenue, en particulier sur recommandation des professionnels.

- Cette mesure aurait consisté à ouvrir la génération du soutien à tous les films européens exploités en France, même sans coproducteur français, en réservant toutefois la mobilisation de ce soutien aux seuls films tournés en France et en français.

- Elle reste difficile à mettre en place, car elle dépend en partie de la possibilité pour la France d'obtenir en réciprocité un traitement égal de la part des pays de l'Union ayant mis en place des aides nationales et être conforme aux possibilités offertes par le traité d'Amsterdam concernant la mise en place de politiques communes à un nombre restreint de pays de l'Union.

- Le risque principal d'une telle mesure aurait été que la mobilisation du soutien généré par les films européens soit concentrée sur un petit nombre de films français, diminuant ainsi les possibilités de financement pour un grand nombre de films et restreignant le nombre de films français produits.

- Afin de limiter ce risque, des mesures techniques complémentaires devraient être étudiées, telles que le plafonnement, en pourcentage du budget, de la mobilisation pour chaque film du fonds de soutien ou telles que la réalisation d'études économiques complémentaires visant à mieux quantifier ce risque.

- A terme, compte tenu de l'accélération de l'internationalisation à la fois des marchés, des investissements en production et du capital des sociétés, il apparaît qu'une telle option ne puisse être évaluée que dans le cadre d'un objectif visant à accroître substantiellement la place de la France dans la production et la diffusion de films français en Europe.

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