II. L'IMPACT DES AIDES PUBLIQUES SUR LA SITUATION DU CINÉMA FRANÇAIS
Sur la base, notamment, de comparaisons internationales, le BIPE effectue deux constats avant d'analyser les principaux dysfonctionnements.
A. UN VOLUME ÉLEVÉ DE PRODUCTION
Le
nombre de films "
d'initiative
française
(1(
*
))
"
et de coproductions
internationales se maintient depuis 1990 dans une fourchette comprise entre 130
et 150 films par an. La production de 1997 a été de
158 films, dont 140 " d'initiative française ".
Un
nombre élevé de premiers et de deuxièmes
films
: en 1996, sur 104 films " d'initiative
française ", on compte 37 premiers films et
18 deuxièmes films. Pour le BIPE, "
ceci traduit
l'efficacité du soutien aux nouveaux talents
".
B. LA SANTÉ FINANCIÈRE DES ENTREPRISES RESTE FRAGILE
•
Les entreprises du secteur sont structurellement déficitaires durant la
période 1989-1995 ;
• entre 1989 et 1995, la part des
frais financiers
passe d'environ
un quart à près de 30 % de la valeur ajoutée nette,
avec une pointe de 40% en 1993 ; corrélativement, par suite d'une
insuffisance de fonds propres,
"
le secteur n'est pas capable de
financer ses investissements
" ;
•
moins de la moitié des sociétés de production
étaient bénéficiaires en 1995
, tandis que la plupart
d'entre elles continue de produire, au mieux, un film par an.
C. ANALYSE DES " DYSFONCTIONNEMENTS "
Globalement, pour le BIPE, " l'objectif est atteint mais
au
prix fort ". La réussite quantitative s'accompagne d'une
série de déséquilibres fonctionnels consécutifs
à la multiplicité des financements :
• permanence d'entreprises portées par le dispositif de
soutien sans développer de valeur ajoutée suffisante ;
•
manque de synergie entre production et distribution
:
les distributeurs ne sont plus en mesure de participer au financement du
cinéma français
;
•
on est passé d'une logique d'amortissement à une
logique de préfinancement,
du fait, en particulier, de
l'accroissement du poids des diffuseurs
: la part des chaînes
(pré-achats + coproductions) passe ainsi de 7 % en 1983 à
36 % en 1997 avec un maximum de 40 % en 1996. Cette logique tend
à réduire "
la rigueur de la sélection des projets
par les producteurs. Elle n'incite pas ces derniers à arrêter un
projet en cours de développement, même s'il promet d'être un
échec en salle
".
• en définitive, le dispositif de soutien a, d'une
façon générale, contribué
à
" déconnecter les entreprises des contraintes du
marché " :
- il "
n'a pas favorisé l'émergence d'entreprises
intégrées et suffisamment puissantes pour s'engager sur les
marchés internationaux
" ;
- il a entraîné une
"
déresponsabilisation
" en limitant la prise de risque
par les producteurs, qui n'apportent de capitaux qu'à hauteur d'un quart
des devis ;
- il
a alimenté une augmentation des budgets de films - dont le
coût a été multiplié par trois en 1980 et 1997
-
sans renforcer leur potentiel commercial.