CHAPITRE II

LES AIDES PUBLIQUES AU CINÉMA EN EUROPE

I. SYNTHÈSE DU CHAPITRE

• Tous les pays européens ont choisi d'aider le secteur du cinéma. La plupart tentent d'articuler une logique économique et une politique culturelle.

• Les efforts les plus massifs portent sur la production, pour lutter contre la domination américaine et renforcer l'industrie nationale et européenne de programmes.

• Dans ce contexte, le système d'aide français à la production est moins un système de subvention directe, qu'un mécanisme d'encadrement, de redistribution et d'obligations d'investissement pour les diffuseurs. Par conséquent, il pose le problème de l'indépendance des producteurs vis-à-vis des diffuseurs, notamment de Canal+. Les aides publiques à la production, bien qu'importantes en valeur absolue, sont faibles par rapport aux autres pays, si on les rapproche du volume de la production nationale.

• A côté de ce dispositif, deux mécanismes complémentaires ont été mis en place :

- une incitation fiscale à l'investissement dans la production ; l'évolution du contexte financier du secteur et des modes de fonctionnements des intermédiaires financiers pose la question de la légitimité et de l'opportunité de ce dispositif très généreux ;

- un encadrement des professions, qui n'est que partiellement efficace ; il se double d'un régime dérogatoire de protection sociale adapté aux conditions de l'activité, mais dont les effets négatifs doivent être soulignés :

• développement de la précarité, par le recours accru aux contrats d'intermittents et par le raccourcissement de la durée des contrats de travail ;

• renforcement des inégalités, entre permanents et intermittents et au sein de la population des intermittents, entre ceux qui travaillent beaucoup (souvent des anciens) et les autres.

II. DES AIDES PUBLIQUES DIRECTES DANS TOUS LES PAYS EUROPEENS 2( * )

A. DES CHOIX STRUCTURANTS ENTRE ACTION ÉCONOMIQUE ET AIDE CULTURELLE

• Tous les pays européens aident leur industrie cinématographique. La France n'est pas une exception.

• Toutefois, les systèmes reposent sur des principes très différents et correspondent à des contextes économiques contrastés.

- En ce qui concerne les principes, le Royaume-Uni se distingue par une approche essentiellement économique du secteur. L'objectif de l'Arts Council of England est de soutenir le développement de studios verticalement intégrés ; à l'heure actuelle, trois consortiums bénéficient de ce soutien. Par contraste, la France privilégie une approche culturelle et soutient le développement des oeuvres.

- Les différences entre les contextes économiques et culturels expliquent en partie la diversité des systèmes d'aides en Europe. Par exemple, en Allemagne et au Royaume-Uni, la majorité de la production des oeuvres de fiction est réalisée par les diffuseurs ou leurs filiales : l'aide à la production porte donc essentiellement sur le financement des diffuseurs. En France, cette activité est essentiellement assurée par des entreprises indépendantes ; l'aide à la production relève alors de mécanismes spécifiques et bien identifiés.

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