2. Une économie duale
a) L'atout majeur représenté par le pétrole
Grâce à ses ressources naturelles, le Congo
dispose en principe d'un très fort potentiel de développement
économique.
L'économie congolaise est dominée par l'exploitation du
pétrole
. Le Congo figure en effet au quatrième rang des
producteurs de pétrole en Afrique derrière le Nigeria, le Gabon
et l'Angola. Même si la qualité du pétrole -une huile
lourde- produit par ce pays est inférieure en moyenne de 2 à 3
dollars au baril de brut, cette ressource représente 20 % du PIB, 70 %
des recettes budgétaires et 90 % des exportations.
L'ouverture d'un nouveau champ à N'Kossa -sans doute le plus important
système de production flottant du monde- ouvre des perspectives
très prometteuses au secteur pétrolier : elle permettra de porter
la production de 12 millions de tonnes aujourd'hui à 15 millions de
tonnes en 2000.
Le
bois
représente une autre richesse naturelle encore largement
inexploitée. La forêt couvre plus de 60 % du territoire congolais.
Le sud constitue le domaine de l'okoumé et du limba, le nord, celui des
bois rouges. Dans les années 70, le bois restait encore la principale
ressource du Congo avant d'être supplanté par le pétrole.
Depuis lors, la situation financière de la dizaine d'exploitations
forestières s'est fortement dégradée en raison notamment
de la fluctuation des cours mondiaux des bois et de la difficulté
d'évacuation des grumes par voie de chemin de fer.
Enfin, le dernier atout du Congo réside dans une situation
géographique privilégiée au coeur d'une région
où il peut constituer une
voie de passage
à destination et
en provenance de l'ex-Zaïre et des autres pays voisins membres de l'Union
douanière et économique de l'Afrique centrale (UDEAC) -Cameroun,
Gabon et Tchad.
b) Des handicaps structurels
Cependant lorsque les besoins les plus urgents du Congo
auront
été satisfaits, le pays se retrouvera face aux faiblesses
structurelles de l'économie depuis plusieurs années. Le pays aura
alors à relever le défi.
.
La remise en état et le développement des
infrastructures
Avant même la guerre civile, les infrastructures apparaissaient largement
délabrées. L'Agence transcongolaise de communication (ACT) dont
dépend le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) enregistrait un
déficit chronique. Les carences du chemin de fer représentent un
handicap certain pour l'approvisionnement de la capitale et l'évacuation
vers le port du bois du nord du pays comme d'ailleurs pour les
sociétés installées le long de la voie ferrée.
.
L'assainissement des finances publiques
Le
déficit budgétaire
reste considérable en raison,
d'une part, du poids excessif des entreprises publiques et, d'autre part, d'une
fonction publique pléthorique avec un effectif de 60 000 personnes
(équivalent au nombre de fonctionnaires en Côte d'Ivoire avec une
population cinq fois moindre).
Le gouvernement a pu assurer à la fin de l'année le paiement de
trois mois de salaire (octobre, novembre, décembre) et marquer ainsi sa
différence par rapport aux autorités précédentes.
Mais le budget accusera sans doute en 1997 un déficit important.
.
La recherche de l'apaisement avec les institutions
financières internationales
Compte tenu des besoins considérables suscités par l'insuffisance
des infrastructures et de la situation désastreuse des finances
publiques, le Congo a un besoin impérieux de l'appui des bailleurs de
fonds internationaux. Or, le Congo présente un double handicap aux yeux
de la communauté financière. D'une part, il supporte
déjà une dette extérieure très lourde -de l'ordre
de 5,7 milliards de dollars- dont le remboursement mobilisera chaque
année 60 % des recettes pétrolières du pays jusqu'en 2005.
Le Congo apparaît ainsi comme l'un des pays les plus endettés de
la planète par habitant (soit plus de 12 000 francs
français).
D'autre part, le Congo conserve plusieurs contentieux avec les institutions de
Bretton Woods. En effet, l'accord de confirmation, approuvé par le FMI
en 1994 au lendemain de la dévaluation, avait très vite
été déclaré inopérant, privant le Congo de
tout nouveau concours à l'ajustement. Le retour, provisoire, à la
paix civile au début de l'année 1995 et la croissance des
recettes pétrolières à partir de 1996 ont contribué
à rétablir la situation économique et à permettre
au Congo de renouer avec le FMI ; un nouveau programme d'ajustement en vue de
l'octroi d'une facilité d'ajustement structurel renforcée (FASR)
a été approuvé le 28 juin 1996 afin de soutenir le
programme de réformes économiques du gouvernement jusqu'en juin
1999. Toutefois, après plusieurs mises en garde devant les
dérives des dépenses publiques, et faute des mesures correctives
nécessaires, le FMI a suspendu le versement de la deuxième
tranche semi-annuelle de la FASR.
En dépit de certains retards techniques, le Congo est à jour de
ses échéances envers le FMI dont les versements sont
effectués par la Banque des Etats d'Afrique Centrale (BEAC) à
Yaoundé. En revanche, du fait des arriérés
accumulés (18 millions de dollars passant à 28 millions de
dollars en juin 1998), le Congo supporte le niveau de sanctions maximal
imposé par la Banque mondiale, et en particulier la suspension de la
totalité des versements.
Les nouvelles autorités congolaises ont adopté des
orientations économiques encourageantes
qui doivent encore se
concrétiser :
- la reconnaissance de l'ensemble des dettes du gouvernement
précédent -même celles contractées dans des
conditions discutables (dette gagée) ;
- la réduction des effectifs de la fonction publique à
50 000 personnes -niveau qui peut paraître encore
élevé mais répond à la nécessité de
reconstituer les forces de l'ordre tout en intégrant une partie des
anciennes milices ;
- la mise en oeuvre rapide des privatisations pour les principales banques, la
compagnie des eaux (SNE), la compagnie de production et de distribution
d'électricité (SNDE) et enfin, la compagnie d'Etat des transports
regroupant le port de Pointe-Noire, le chemin de fer (CFCO), le port de
Brazzaville et la navigation fluviale. Ces opérations pourront-elles
s'achever, comme le prévoit l'objectif gouvernemental, avant la fin de
l'année ? Il est permis d'en douter. En effet, les entreprises
désireuses ou capables de mobiliser les ressources nécessaires
pour remettre en état des infrastructures très
dégradées, ne sont pas légion.
Il convient toutefois d'encourager un mouvement qui, conduit à son
terme, donnera plus d'efficacité à des services publics
aujourd'hui défaillants.
La normalisation des relations avec les bailleurs de fonds dépendra,
pour une large part, du retour à la confiance de la communauté
internationale à l'égard du Congo.