B. UNE ÉCONOMIE SINISTRÉE
Au delà de la situation d'urgence provoquée par une guerre civile destructrice, l'économie congolaise devra surmonter les faiblesses qui se sont aggravées au cours des dernières années même si elle peut faire valoir aussi des atouts remarquables.
1. Une situation d'urgence
a) Un bilan très lourd
Brazzaville, principal théâtre de la guerre
civile congolaise, a supporté l'essentiel du coût humain et
économique de la crise. Une simple visite de la ville permet de prendre
la mesure des dommages, certes inégalement répartis selon les
quartiers : immeubles de prestige dont il ne reste que les murs -couverts de
mitrailles-, maisons incendiées... Le vandalisme semble avoir eu une
part essentielle dans ces destructions dont aucune ne répondait vraiment
à un objectif de guerre rationnel. Mais la vue des façades ne
donne qu'une idée partielle de l'étendue des dommages ; il faut
entrer dans les espaces intérieurs dépouillés de meubles
ou de tout effet personnel pour évaluer les effets du pillage auquel se
sont livrés, en toute impunité, milices et autres bandes
armées.
Brazzaville donne ainsi une image de désolation même si
aujourd'hui la vie a repris ses droits. Peut-on, au-delà de ces
impressions rapides, donner un bilan plus précis de la guerre ? Faute
des moyens d'évaluation nécessaires, seules des estimations
peuvent être avancées.
Les pertes humaines
-entre 5 000 et 10 000 morts, sans doute-
ont surtout touché la jeune population des combattants même si les
civils, frappés par les bombardements à l'arme lourde, n'ont pas
été épargnés. Compte tenu du poids
démographique de la capitale, la guerre a entraîné des
déplacements massifs de quelque 500 000 personnes. Les
réfugiés se sont répartis entre Pointe-Noire
(200 000), Kinshasa (38 000), les villages au nord du pays dans la
première partie des combats, puis vers le sud après
l'entrée en lice des "Ninjas" de M. Kolelas. Une partie de la
population
est aujourd'hui revenue à Brazzaville mais quelque 200 000
personnes demeurent encore réfugiées à la campagne dans
des conditions parfois extrêmement précaires.
Les
destructions matérielles
apparaissent considérables.
Elles ont touché les administrations et les habitations mais aussi les
infrastructures et l'appareil productif. Aussi, malgré la renaissance
d'un secteur informel dynamique, l'économie est totalement
désorganisée. Beaucoup de Congolais n'ont pas retrouvé de
travail et rejoignent parfois ces bandes de jeunes condamnés à
l'oisiveté mais dotés d'un nombre d'armes souvent impressionnant.
Ces groupes contribuent à entretenir une atmosphère
d'insécurité que les nouvelles autorités s'efforcent de
réduire.
b) Les besoins
Une évaluation des besoins les plus immédiats
fait apparaître quatre priorités :
- la nécessité de matériaux de construction, de tôle
et de ciment nécessaires à la reconstruction des habitations,
- le fonctionnement des services essentiels (eau, électricité,
communications),
- la remise en ordre des circuits économiques et financiers
particulièrement affectés par la dégradation du
système bancaire,
- la restauration du système sanitaire.
Les besoins alimentaires doivent être couverts par les ressources du
pays, même si une aide pourrait utilement porter sur la mise à
disposition de semences à bas prix convenablement
sélectionnées ou encore la fourniture de produits destinés
à aider les producteurs à faire la soudure. En tout état
de cause, la distribution de cette aide doit répondre au souci de ne pas
susciter un afflux de la population dans les villes mais plutôt de la
fixer sur place, dans les campagnes où il est souvent plus facile de
subsister.