b) Federal Express
138ème entreprise, deuxième entreprise du
Tennessee et
deuxième
transporteur privé après
UPS
, Federal Express est né en 1973 de l'analyse de son
créateur, que les Etats-Unis étant de plus en plus une
économie de services, la nécessité d'un service de
" livraison en 24 heures " fiable devenait cruciale.
Sur cette idée, il réussit à lever -avec la garantie de la
Small Business
Administration
- 90 millions de dollars de
prêt bancaire et surtout 40 millions de dollars de capital risque,
ce qui fait de Fedex la plus importante "
Start
up
"
jamais financée par du capital risque.
Cette précision mérite d'être relevée au moment
où les PME françaises innovantes souffrent d'être beaucoup
moins soutenues par les pouvoirs publics que leurs homologues
américaines, comme l'a dénoncé le récent
rapport
248(
*
)
de notre
collègue M. Francis Grignon sur "
les enseignements à
tirer pour l'aide aux petites et moyennes entreprises françaises du
rôle joué par la Small Business Administration aux
Etats-Unis
".
Réalisant des profits depuis 1976 et introduit en Bourse en 1978,
Federal Express a réalisé, en 1996, un chiffre d'affaires de
10,3 milliards de dollars
et emploie
114.000 personnes
.
Outre le possible impact d'une grève chez UPS en 1974 et la faillite
d'un autre concurrent, son développement a été rendu
possible par la dérégulation du transport aérien,
après 1978, et par la taille du territoire américain.
A partir de 1989, Fedex entreprend de se développer à
l'international, par le biais de partenariats, puis en assurant la
présence de ses propres personnels et avions dès qu'un
marché étranger progresse.
Federal Express transporte essentiellement des produits de valeur, pour
lesquels l'urgence et la sécurité de l'acheminement priment
(techniques de pointe, produits de la mode, médicaments...).
Il est également à la pointe en matière d'avantages
sociaux et propose des
formules d'intéressement
à ses
salariés.
Tant UPS que Federal Express ont en réalité créé un
marché qui n'existait pas il y a 25 ans. Ils se sont, mieux que
l'USPS, adaptés aux évolutions techniques et aux exigences de la
livraison "
just on time
". Peut-être pouvons-nous
tenter une comparaison, en matière de transport, en assimilant la poste
historique au bus et le transport express de colis au taxi.
L'histoire de ces trois entreprises et les concepts et cultures sur lesquels
repose leur développement sont différents.
Dans ce contexte, l'USPS a pratiquement perdu le marché du colis des
entreprises
. Cependant, son plus grand concurrent, UPS, tend à se
concentrer sur le créneau le plus rentable : les colis d'entreprise
à entreprise. Dans la mesure où 50 % de la vente par
correspondance concerne les particuliers, la poste américaine -dont les
tarifs sont alors plus intéressants que ceux de ses compétiteurs,
notamment pour les colis d'un poids inférieur à 500 grammes-
peut conserver et/ou conquérir des parts de marché sur ce
créneau.
Ceci ne suffira cependant pas à combler la
diminution tendancielle et
inexorable de ses marchés traditionnels
. Celle-ci résulte,
notamment, de la concurrence des nouvelles technologies qui est, bien entendu,
particulièrement vive outre-Atlantique.
Il suffit de comparer le coût d'un virement automatique à celui
d'un paiement par chèque envoyé par la poste ou d'évoquer
le développement d'Internet (très utilisé, par exemple,
pour les commandes recueillies par les entreprises de vente par correspondance).
On peut s'attendre à un développement probablement rapide du
commerce électronique et, de façon générale, des
nouvelles technologies.
Dans ces conditions, le monopole de l'USPS ne risque-t-il pas d'être
progressivement vidé de son contenu ?
En effet, l'USPS pourrait bien ne plus profiter
des économies
d'échelle
qu'elle réalise aujourd'hui, si son
marché venait à décliner.
Si, confrontée à ces défis, elle choisissait l'inertie, ne
risquerait-elle pas alors de subir davantage les conséquences de sa
relativement faible productivité ?
Elle pourrait alors être contrainte d'élever ses tarifs pour
maintenir son équilibre financier et/ou de laisser la qualité du
service se dégrader. Si un tel scénario se produisait, ses
clients ne manqueraient sans doute pas d'opter pour des produits alternatifs.
L'USPS ne peut donc se satisfaire de l'immobilisme.
Si elle veut rester compétitive, dans un contexte fortement
concurrentiel, la poste américaine doit se réformer.