B. LA RÉFORME : NÉCESSAIRE, MAIS PROBABLEMENT LENTE ET PROGRESSIVE
1. Un consensus sur le constat, mais une conscience de l'urgence moins partagée
Tous les acteurs, tant politiques qu'économiques,
rencontrés par votre rapporteur, partagent la
conviction que la poste
américaine doit être réformée dans la mesure
où ses handicaps freinent par trop sa nécessaire adaptation.
C'est ainsi que M. Fattah, représentant démocrate de
Pensylvanie, a estimé que l'USPS ne survivrait pas si elle
n'évoluait pas et qu'il lui fallait être sur un pied
d'égalité avec le secteur privé pour être
concurrentielle.
Le
General Accounting Office
(GAO) insiste sur la
nécessité d'entreprendre une telle réforme. Celle-ci
devrait, selon lui, donner davantage de souplesse à l'USPS,
alléger la tutelle de la
Postal Rate Commission
, lui permettre
d'expérimenter de nouveaux produits. Ceci va dans le sens des souhaits
de la direction de l'USPS, qui veut rapprocher son efficacité de celle
d'une entreprise privée et mettre en oeuvre une stratégie
orientée vers le marché, c'est-à-dire, les clients, les
prix et les produits ("
people, price, product
program
").
Il apparaît, cependant, que
la plupart des parties
préfèrent, pour l'instant, le maintien du statu quo :
- les
syndicats
refusent tout changement qui amènerait
à ébranler les fondements du système de négociation
qui leur a permis d'obtenir d'importants avantages pour les postiers ;
- les
concurrents
sont globalement plutôt défavorables
à une réforme : s'ils ne sont généralement pas
opposés à ce que le maintien d'un monopole permette à
l'USPS d'assurer le service universel, ils ne souhaitent pas qu'on lui donne
les moyens de concurrencer davantage le secteur privé là
où il est efficace ;
- les
petits consommateurs
craignent que la réforme ne
s'effectue à leur détriment ;
- les
gros consommateurs
sont les plus enclins à demander
une réforme mais, force est de constater qu'ils ne se sont encore que
peu mobilisés sur le sujet.
Dans ce contexte, les élus se montrent extrêmement prudents sur
le sujet et souvent peu convaincus de la relative urgence de son traitement.
Il est vrai
qu'en apparence
,
la situation de la poste
américaine peut sembler confortable
: elle bénéficie
du plus grand marché postal mondial ; contrairement à l'Union
européenne, la réglementation du monopole n'est pas remise ne
cause ; les clients de l'USPS sont plutôt satisfaits de ses services ;
une relative paix sociale prévaut, alors même que UPS a dû
faire face à une grève sévère l'été
dernier...
C'est en réalité surtout sous la pression de la direction de la
poste elle-même, consciente des enjeux et défis, que les
parlementaires commencent à s'intéresser à ce dossier et
à auditionner les acteurs du secteur. Surtout, un représentant a
déposé un projet de loi qui fait l'objet de discussions et a
donné lieu à une étude d'impact du GAO.