c) Le moratoire : une orientation aujourd'hui erronée ?

L'évaluation de la fréquentation des points postaux qui avaient exclusivement un rôle d'aménagement du territoire, en 1993, n'est pas connue de votre rapporteur. Il ne semble pas que des études précises aient été réalisées sur ce point, à cette époque. Il s'agissait en effet -souvenons-nous- d'apporter une réponse politique à une immense attente et -cela a été signalé précédemment- de maintenir tous les outils d'animation existants sur le sol du pays pendant le temps de réflexion nécessaire à l'élaboration de la loi " Pasqua ". En bref, comme il n'existait pas encore d'article 29, l'urgence et le souci d'efficacité commandaient une mesure extrême.

Tel n'est plus le cas aujourd'hui puisque l'article 29 a été promulgué.

Aussi, votre rapporteur a-t-il procédé, sur la base de sondages constitués d'échantillons représentatifs du périmètre postal d'aménagement du territoire, à des investigations précises sur la durée d'utilisation effective des points de contact par les habitants des zones concernées, et ce à partir des durées d'occupation au guichet.

Les résultats de cette enquête l'ont amené à conclure qu'actuellement entre 2.000 et 2.400 points postaux d'animation territoriale fonctionnaient moins d'une heure par jour, soit moins de 39 heures en deux mois ou si l'on préfère moins de 35 heures en ... 7 semaines 163( * ) !

Si on cherche à isoler le nombre de points postaux ayant moins de deux heures d'activité par jour , on aboutit à une fourchette dont la moyenne s'établit autour de 3.000, soit environ 18 % du réseau total .

Aucun des interlocuteurs connaissant les réalités du réseau de La Poste auxquels votre rapporteur a fait part de ses travaux et de ses conclusions n'a contesté les évaluations qui viennent d'être avancées.

Force est donc de constater que certains points de contact postaux, au titre desquels La Poste supporte une charge annuelle de quelque 4,5 milliards de francs, ne sont pas plébiscités par les populations avoisinantes !

Serait-il raisonnable de laisser perdurer cette situation ?


Qui pourrait aujourd'hui répondre par l'affirmative à cette question quand on sait, en outre, que " l'animation " postale ainsi assurée à grand frais n'entraîne pas pour autant que les rares entreprises qui maintiennent la vie économique dans les zones vulnérables recourent à La Poste pour leur trafic de messagerie ? Les postiers le savent bien. Les camions de UPS, de Fedex, de DHL sillonnent aussi les routes de ces régions là... et profitent de leur éventuel développememnt économique.

Alors, La Poste ne serait-elle pas plus forte pour résister à ces " nouveaux conquérants ", si pour animer les territoires concernés elle investissait davantage dans l'amélioration de ses services et un peu moins dans l'entretien de locaux presque désertés ? Et les territoires concernés n'en tireraient-ils pas profit si eu égard à la qualité des services postaux ainsi assurés, des entreprises pourvoyeuses d'emplois s'y installaient ?

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