E. Vers un début de modernisation du système bancaire et financier
Les banques indiennes ont été, dans le passé, soumises à une forte réglementation qui les contraignait notamment à acheter des titres publics pour contribuer au financement des déficits budgétaires et à consentir des prêts à diverses catégories protégées, notamment à des agriculteurs, en dehors de toutes considérations de rentabilité. La réforme du financement de l'économie est apparue en conséquence comme un point de passage obligé.
Pour favoriser l'affectation optimale des ressources, le contrôle du crédit a été aboli et la structure des taux d'intérêt, simplifiée. Dans un premier temps, les prêts d'un montant supérieur à 200.000 roupies ont été totalement libérés, leurs taux étant déterminés en fonction des taux du marché.
Afin de rétablir une situation souvent précaire, les banques devront provisionner leurs créances douteuses, et assainir la structure de leur bilan. Le respect de ratios prudentiels leur permettra de disposer de capitaux propres suffisants. Bien que les pouvoirs publics n'envisagent pas d'abandonner leur contrôle, sur les banques et les institutions financières du secteur public, la possibilité d'émettre des actions sur les marchés de capitaux leur a été ouverte.
Quant aux banques privées étrangères, elles ont été autorisées à exercer leur activité en Inde, afin d'accroître la concurrence entre les intermédiaires financiers.
En 1993-1994, 6.800 sociétés étaient cotées dans les 20 bourses indiennes, le montant des émissions atteignant 8 milliards de dollars, et la capitalisation boursière avoisinant 106 milliards de dollars.
La modernisation des marchés de capitaux, qui ont connu une forte croissance dans les années 1980, a également constitué l'une des préoccupations des autorités financières. Désormais, les entreprises peuvent émettre des titres librement, conformément aux règlements édictés par le Securities and Exchange board of India (SEBI).
L'ouverture des marchés de capitaux aux investissements de portefeuille et la possibilité donnée aux entreprises indiennes d'emprunter à l'étranger ont également constitué d'importantes avancées dans la voie de la libéralisation financière. Désormais, les sociétés indiennes émettent des titres sur les euromarchés, tandis que les investisseurs institutionnels étrangers placent des liquidités en Inde (1,6 milliard de dollars en 1993-1994). La convertibilité de la roupie n'est pas étrangère à l'augmentation, au cours des dernières années, de ces mouvements de capitaux. Ils sont à mettre en regard du montant beaucoup plus modeste des investissements étrangers affectés à des projets industriels (cf. chapitre V).