FRANCE TÉLÉCOM DOIT POURSUIVRE SON RÉAJUSTEMENT TARIFAIRE
Les tarifs téléphoniques de France
Télécom ne reflètent pas ses coûts de production.
C'est sa principale vulnérabilité commerciale. Mais elle est de
taille. En environnement commercial, cela peut être critique.
Le présent rapport a déjà souligné les causes et
les dangers de cette situation (titre premier, chapitre II, III).
Les réponses propres à remédier à cette
vulnérabilité ont donc à être mises en oeuvre
prioritairement. Elles doivent, toutefois, de manière tout aussi
impérative, intégrer toutes les préoccupations sociales
qu'expriment les déséquilibres tarifaires qu'il s'agit
désormais de corriger.
LES RÉÉQUILIBRAGES TARIFAIRES SONT UNE PRIORITÉ
Les réponses à apporter passent, à
l'évidence, par un rééquilibrage visant à aligner
les tarifs sur les prix de revient. Nous l'avons également vu,
l'opérateur public a, tout particulièrement depuis 1994, pris
nombre de mesures en ce sens. La baisse moyenne de 8,9 % du prix de ses
communications internationales, annoncée le 20 janvier dernier,
était la cinquième en moins de quatre ans.
Ces efforts restent toutefois insuffisants. Selon une étude
internationale réalisée -sur la base des tarifs 1995- par le
cabinet américain National Utility Service (NUS), France
Télécom demeurait, pour les dix premiers pays
industrialisés, l'opérateur proposant les abonnements les plus
bas et les tarifs interurbains les plus chers après les tarifs
allemands. Même si certains des éléments sur lesquels est
fondée cette étude peuvent faire l'objet de réserves, la
fragilité commerciale de France Télécom n'en est pas moins
mise en évidence. Si ceux de ses clients, particuliers comme
entreprises, qui sont de gros utilisateurs de liaisons interurbaines
contractaient avec ses concurrents, la facturation de ses seuls services locaux
creuserait de profonds déficits. Mutatis mutandis, la seule baisse de
ses tarifs interurbains produirait les mêmes effets.
L'entreprise se trouve donc condamnée à
rééquilibrer ses tarifs en continuant à diminuer ceux
relatifs aux communications interurbaines et internationales, tout en faisant
payer à un prix plus conforme aux réalités
économiques ses prestations locales. Dans tous les pays où la
concurrence sur les service téléphonique de base a
été introduite, on a procédé à des
rééquilibrages tarifaires.
Ainsi, en 1995,
en
Suède
, la concurrence a fait baisser
les tarifs de 24 % pour les appels interurbains et de 12,9 % pour les
appels internationaux. Le consommateur
britannique
continue, quant
à lui, à profiter de la baisse de tarifs des appels
internationaux et interurbains. Toutefois, les appels locaux et l'abonnement se
situent à un niveau élevé, l'abonnement ayant même
augmenté en moyenne de 2,4 % l'an dernier.
Cependant,
aux Etats-Unis
, l'appel local a baissé de 15,7 %
en moyenne en 1994, malgré la hausse des tarifs de base des principaux
opérateurs. Ceci est le résultat, selon le cabinet NUS, de
réductions complexes sur le volume proposées par les
opérateurs. Cette pratique est le moyen le plus récent
destiné à attirer le client. D'autres moyens vont de
l'installation gratuite à une " prime de signature " -une
entreprise qui change d'opérateur reçoit une prime importante.
Cependant, il semble que l'offre soit devenue trop complexe pour que le
consommateur moyen s'y retrouve aisément.
Par ailleurs, les appels locaux sont toujours gratuits
au Canada
. Les
tarifs des appels interurbains et internationaux continuent leur baisse
spectaculaire, 17 % pour les appels interurbains et 38 % pour les
internationaux. Mais cette tendance pourrait être renversée.
Plusieurs revendeurs ont, en effet, fait faillite à cause de la
concurrence agressive et d'autres, y compris le concurrent principal de Bell
Canada, Unitel, ont des problèmes financiers.
On le voit, la concurrence n'est pas univalente. Elle est une puissante
incitation à la baisse des prix. A moyen terme, les ajustements
nécessaires peuvent donc s'envisager avec une faible variation en francs
courants des tarifs à réévaluer.
Ceci apparaît, en revanche, plus difficile à réaliser
à l'horizon de deux ans. C'est pourquoi, les corrections tarifaires
auxquelles devra procéder France Télécom doivent
intégrer les préoccupations sociales que traduisent les actuels
déséquilibres.