Par ses alliances internationales
Une exigence stratégique
Un des premiers objectifs du groupe est de répondre aux
besoins de ses clients ayant des activités dans plusieurs pays et de les
accompagner dans leur expansion internationale. Or, il ne peut, à lui
seul, leur proposer une gamme complète de services partout dans le
monde, alors même que le marché des réseaux de
communication interne des firmes transnationales -d'envergure encore
limitée- connaît des taux de croissance annuels de 15 à
20 % qui, d'après les experts devraient se poursuivre
jusqu'à la fin de la décennie. En outre, c'est sur ce
marché que s'élaboreront les savoir-faire qui décideront
des positions respectives dans le monde des télécommunications du
début du troisième millénaire.
D'où l'importance
stratégique d'alliances avec des grands opérateurs
étrangers pour couvrir l'ensemble de la planète.
D'ailleurs, il y a déjà plusieurs années que les plus
puissantes compagnies de télécommunications de pays
étrangers ont constitué des partenariats internationaux pour
répondre aux besoins d'une clientèle d'entreprises
multinationales. Il s'agit principalement de Concert -regroupant BT, le premier
britannique, et MCI, le deuxième américain- mais aussi d'Uniworld
(associant ATT et ses partenaires de World Partners -KDD, Singapore Telecom- et
les européens fédérés au sein d'Unisource, à
savoir le suédois Télia ainsi que les opérateurs
historiques néerlandais, suisse et, récemment, espagnol). Ces
deux groupes ont commencé à proposer des prestations sur le
marché international en 1994.
Signalons ici que la Compagnie générale des Eaux (CGE),
2ème opérateur français de téléphonie
mobile, et Unisource ont fondé, en avril 1995, une filiale commune
-SIRIS- dont l'objectif est de détenir plus de 10 % du
marché français des télécommunications
professionnelles d'ici l'an 2000.
C'est dans ce contexte de restructuration internationale du secteur que doit se
comprendre les alliances nouées entre France Télécom et
Deutsche Telekom, ainsi qu'entre les deux européens et
l'américain Sprint.
L'accord avec Deutsche Telekom
Après avoir été ébauchées
au début de la décennie au sein de leur filiale Eunetcom
détenue à parité (50-50), les bases du rapprochement de
Deutsche Telekom et France Télécom ont été
jetées fin 1993 au travers d'un protocole de rapprochement, qui
prévoyait la constitution d'une société
-dénommée Atlas- fédérant les offres de services
des deux grands opérateurs en matière de transmission de
données, de réseaux privés virtuels et de liaisons
internationales.
L'ambition d'Atlas peut se résumer d'une formule : proposer des
prestations " sans coutures " à l'échelle
planétaire aux entreprises multinationales. Il s'agit d'éviter
à ces entreprises d'avoir à gérer un contrat de
télécommunications différent dans chaque pays où
elles sont installées, ainsi que les problèmes techniques de
connexion ou de compatibilité de divers réseaux de transmission
de données qu'elles peuvent avoir à utiliser.
L'intérêt commercial d'une telle structure découle du fait
qu'elle garantit aux entreprises multinationales une offre homogène
permettant le développement de services très sophistiqués.
En décembre 1994, France Télécom et Deutsche Telekom ont
conclu l'accord Atlas, sur la base du protocole signé auparavant.
Cet accord a aussitôt été notifié à la
Commission européenne. Celle-ci, après presqu'une année de
discussions, a en définitive autorisé la mise en oeuvre du
projet, en novembre dernier, sous réserve du respect de plusieurs
conditions, justifiées par le souci d'éviter que l'accord ne
porte atteinte au jeu de la concurrence dans le secteur.
Atlas a commencé à proposer ses services sur le marché
européen à compter du 1er janvier 1996.
Globlal one
Pour élargir l'assise territoriale de leur alliance,
France Télécom et Deutsche Telekom ont signé, en juin
1994, un protocole d'accord avec le troisième opérateur
nord-américain, Sprint, afin de constituer, ensemble, une filiale
présente sur tous les continents : Global one.
Global One a vocation à fournir une offre globale à
l'échelle mondiale. Celle-ci inclura des services de voix, de
données et d'images pour les multinationales, les grands clients
d'affaires et les entreprises ayant des besoins de communications
internationales. Elle comportera également des services internationaux
pour les particuliers, notamment dans un premier temps, dans le domaine des
cartes téléphoniques pour les personnes en déplacement.
Enfin, elle proposera des services d'opérateur à opérateur.
Les trois partenaires ont signé, le 22 juin 1995, un accord de
partenariat sur la base du protocole de 1994.
Après de longues négociations, à la phase finale
desquelles a participé votre rapporteur, cet accord a successivement
reçu l'approbation de la commission américaine de surveillance
des investissements étrangers, celle du département
américain de la Justice et, à la fin de l'an dernier,
l'autorisation décisive de la Commission fédérale des
communications (FCC).
A la suite de la publication définitive de cette dernière
décision, France Télécom, Deutsche Telekom et Sprint ont
annoncé la naissance de la nouvelle société le 31 janvier
dernier.
Simultanément, France Télécom et Deutsche Telekom ont
acquis une catégorie nouvelle d'actions préférentielles de
Sprint, d'une valeur totale de 3 milliards de dollars. Suite à cette
opération, France Télécom et Deutsche Telekom
détiennent chacun environ 7,5 % des droits de vote dans Sprint. Le solde
de l'investissement de France Télécom et Deutsche Telekom dans
Sprint sera réalisé après l'opération de scission
(spinn-off) de Sprint Cellular Co, prévue pour le premier semestre de
cette année et qui a pour objet de permettre à Sprint de
s'alléger d'une partie de ses activités de
téléphonie mobile peu compatibles avec ses nouvelles licences en
ce domaine. France Télécom et Deutsche Telekom détiendront
alors chacun environ 10 % des droits de vote dans Sprint. En fonction du cours
de l'action Sprint Cellular au moment de la scission, la valeur de la
transaction devrait se situer dans une fourchette de 3,5 à 3,7 milliards
de dollars.
D'après ses créateurs, Global One offrira à ses clients
partout dans le monde un seul point de contact vingt-quatre heures sur
vingt-quatre, sept jours sur sept, et devrait peser environ 25 milliards de
francs d'ici à la fin du siècle.