II. LE VOLET « ÉCOLES/ÉDUCATION » : UNE COMPOSANTE ESSENTIELLE DU PLAN MARSEILLE EN GRAND POUR RÉNOVER ET MODERNISER LES ÉCOLES MARSEILLAISES

A. UNE DÉGRADATION GÉNÉRALE ET ANCIENNE DES ÉCOLES MARSEILLAISES À L'ORIGINE DU VOLET « ÉCOLES » DU PLAN MARSEILLE EN GRAND

1. Un état des lieux préoccupant qui touche l'ensemble des communes mais qui est particulièrement marqué à Marseille
a) Un patrimoine ancien et énergivore

De manière générale, le patrimoine immobilier scolaire des communes, majoritairement construit avant 1975, est relativement ancien, mal isolé et, de fait, énergivore.

La mission d'information sénatoriale « Le bâti scolaire à l'épreuve de la transition écologique » précise dans son rapport que les années 1960-1970 ont été marquées par la construction de nombreux bâtiments scolaires rendue nécessaire par l'évolution démographique et l'allongement de 14 à 16 ans de la scolarité. Il en résulte que, selon les chiffres du ministère de l'éducation nationale, les deux tiers de la surface-plancher des cités scolaires sont antérieurs à 1970.

b) Le cas particulier de la ville de Marseille

Le patrimoine municipal scolaire de Marseille compte près de 470 écoles recevant les 76 300 enfants scolarisés sur son territoire.

Ce parc scolaire a accumulé dans le temps une dette d'entretien et de maintenance de plus en plus importante, rendant le bâti des écoles vétuste, parfois dangereux pour ses usagers, peu adapté au changement climatique, sensible aux variations de température, ne résistant plus aux intempéries et n'ayant pas été adapté et positionné en fonction de l'évolution urbaine de la Ville.

L'état de délabrement de certains établissements était tel que le 1er février 2016, le journal Libération titrait « Les écoles à Marseille, la honte de la République : locaux insalubres, papier toilette réclamé aux parents, cantines sous-dimensionnées, chauffage défectueux... Les établissements maternels et primaires de la cité phocéenne atteignent un état de délabrement ahurissant ».

De surcroit, l'aspect architectural a parfois primé sur le confort et les impératifs climatiques. À cet égard, le rapport de la mission d'information sénatoriale « Le bâti scolaire à l'épreuve de la transition écologique » met en exergue, reprenant les mots de Pierre-Marie Ganozzi, adjoint au maire à Marseille, chargé du plan écoles, du bâti, de la construction, de la rénovation et du patrimoine scolaire : « des architectes se font plaisir en dessinant de magnifiques baies vitrées orientées plein sud ! C'est le cas d'une école qui a été construite à Marseille : c'est beau, mais il fait 35 degrés dans les salles de classe dès le mois d'avril ... Il nous faut adapter l'architecture au climat ».

Ainsi, le patrimoine scolaire, peu ou pas entretenu, présente des problèmes structurels conséquents. Véritables passoires thermiques, certaines écoles dépassaient largement les seuils de consommation énergétique moyens avec une surconsommation estimée à 20 000 mégawatts par an (soit la consommation électrique annuelle totale d'une ville de 7 000 habitants).

2. Un plan « écoles » antérieur au plan Marseille en grand

Consciente de cet état des lieux, la ville de Marseille a donc décidé de mettre en place un important plan de rénovation dès 2017. Ainsi, par délibération du 16 octobre 2017, l'ancienne mandature avait approuvé le principe du recours à un accord-cadre de partenariat pour la démolition de 31 établissements dénommés GEEP, du nom de leur concepteur-réalisateur « le Groupement d'études et d'entreprises parisiennes » et la construction, en lieu et place de ces écoles, de 28 nouveaux établissements, ainsi que la construction de six autres nouveaux établissements. Cette délibération a été cependant annulée par le TA de Marseille, décision confirmée ensuite par la CAA de Marseille.

La nouvelle majorité municipale, en place à compter de 2020, a donc souhaité relancer un programme de rénovation et de construction de ses écoles afin de couvrir ses besoins en bâtiments scolaires avec un plan Écoles incluant non seulement les écoles dites GEEP mais également les autres types d'écoles (Egger, Ferry...).

Il en résulte que la ville de Marseille s'est engagée, dès 2020, à rénover, réhabiliter et construire des écoles à la fois mieux adaptées au changement climatique et à la configuration de la ville, et conformes aux normes de sécurité.

Face à l'importance des besoins, notamment financiers, pour mener à bien ces rénovations sur l'ensemble des écoles marseillaises, le maire de la ville a demandé le soutien de l'État.

Les annonces du Président de la République, le 2 septembre 2021, ne sont donc que l'aboutissement d'un travail mené en amont par la commune et appuyé sur des études portant sur l'état des écoles afin de cibler la nature des rénovations à mettre en oeuvre.

3. De nombreuses études menées par la ville de Marseille dès 2019 

Pour la réalisation du plan « écoles », la Ville a ainsi réalisé diverses études et diagnostics :

- une étude sur la projection des besoins scolaires consistant en la réalisation d'une prospective démographique s'appuyant sur des éléments de compréhension des phénomènes passés à court terme (2011 - 2018) et à long terme (1990 -2016). Cette étude a permis d'analyser l'évolution des effectifs scolaires qui peut s'avérer déconnectée de l'évolution de la population. Une mise à jour annuelle de cette prospective est réalisée afin de permettre à la ville d'adapter son parc en fonction de l'évolution des besoins scolaires. Sur ce point relatif au besoin du nombre de classe au regard des perspectives d'évolution de la population scolaire, les secteurs d'intervention prioritaires ressortant de ces différents diagnostics sont les 3e, 13e, 14e et 15e arrondissements ;

- un audit fonctionnel des écoles : il résulte de cet audit une grande disparité des mètres carrés par enfant sur les sites de la Ville avec un nombre important d'écoles où les espaces partagés sont quasiment inexistants ;

- un diagnostic technique du parc scolaire qui souligne l'ancienneté et la vétusté du parc scolaire. Scindé en deux documents (l'un portant sur les écoles des 2e, 3e, 4e, 5e, 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements et l'autre portant sur les écoles des 1er, 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e et 12e arrondissements), ce diagnostic met en exergue que 341 écoles connaissaient de graves problèmes d'isolation, 188 écoles présentent des problèmes de chauffage chronique, 140 écoles connaissent une surexposition au bruit, et dans 112 écoles les sanitaires étaient dans un état de vétusté avancé.

Les principales conclusions de ces études soulignent une situation préoccupante pour un tiers des écoles publiques de la ville.

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