I. DÉBAT SELON LA PROCÉDURE D'URGENCE : SITUATION HUMANITAIRE DANS LE HAUT-KARABAKH
L'intervention de M. Bertrand Bouyx
Mes chers collègues,
Pendant des mois, nous avons alerté sur la coupure du corridor de Latchine, cette voie reliant le territoire à l'Arménie et permettant l'accès et les approvisionnements du Haut-Karabakh. Aujourd'hui, il n'y a plus d'Arméniens dans le Haut-Karabakh : 120 000 déplacés fuyant la reprise en main du territoire par les troupes azerbaïdjanaises ; un nettoyage ethnique. Ces gens ont perdu leur maison, leur histoire, tout ce qui faisait leur vie. Cent-vingt-mille déracinés du Haut-Karabakh font 120 000 réfugiés en Arménie.
Alors oui, la solidarité familiale a trouvé là à se manifester à plein régime, mais ces populations ont besoin d'être accueillies, logées, nourries et soignées. Cela ne doit pas être le seul problème de l'Arménie : c'est notre problème à tous, et en premier lieu celui de l'Azerbaïdjan. On ne peut pas vouloir d'un territoire sans ses habitants.
Aujourd'hui, la première des urgences est humanitaire : nous le savons. Mon pays a mis à disposition de l'Arménie toute l'aide humanitaire nécessaire. Lors de sa visite en Arménie le 3 octobre dernier, Mme Colonna, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a annoncé le triplement de l'aide humanitaire apportée par la France au bénéfice de l'Arménie comme des populations du Haut-Karabakh, qui a atteint 12,5 millions d'euros depuis le début de l'année - avec une rallonge de 7 millions d'euros. Elle s'ajoute aux efforts de la société civile française et des collectivités territoriales.
Une aide médicale d'urgence a en outre été remise aux autorités arméniennes le 29 septembre, destinée en particulier à la prise en charge des réfugiés et des victimes de l'explosion d'un dépôt de carburant dans le Haut-Karabakh le 25 septembre au soir. Il faut que d'autres pays se mobilisent également pour que le déplacement à grande échelle d'une population de notre continent ne se fasse pas dans le silence de la communauté internationale.
La question humanitaire n'épuise pourtant pas la question politique. Il faut réitérer, par toutes les voies possibles, notre soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Arménie, et notre extrême vigilance s'agissant du respect de celles-ci.
Il est nécessaire d'étudier avec les autorités arméniennes les modalités concrètes du renforcement de notre soutien dans tous les domaines car enfin, n'oublions pas que notre continent est d'abord une communauté d'esprit, une communauté qui en partage le respect des droits humains, des principes démocratiques, des libertés fondamentales et notamment de la liberté d'expression. Cette liberté doit être garantie à la population azerbaïdjanaise mais également arménienne, quel que soit son lieu de résidence.
J'appelle donc les pays de notre continent à un engagement fort pour régler ce conflit qui n'a déjà que trop duré. Cela passe par des discussions directes entre les gouvernements, que nous devons faciliter.
Je vous remercie.