B. ASSURER UNE MEILLEURE MAÎTRISE DE L'IMPACT ENVIRONNEMENTAL DE L'ACTIVITÉ DE L'AÉROPORT DANS LA PERSPECTIVE DU PROCHAIN APPEL D'OFFRES

Le report de la procédure d'attribution de la nouvelle concession a pu retarder la mise en oeuvre d'investissements essentiels tendant à limiter les impacts environnementaux de l'activité de la plateforme de Nantes Atlantique. Il est donc primordial que le cahier des charges de l'appel d'offres à venir soit particulièrement ambitieux sur ce sujet.

L'aéroport de Nantes Atlantique n'est pas adapté au niveau actuel et aux évolutions à venir du trafic aérien. Il comporte en particulier de très nombreux postes de stationnement « au large », c'est-à-dire éloignés des terminaux. En pratique, cela implique des opérations d'acheminement des passagers en véhicules sur le tarmac ce qui, d'une part, engendre des émissions polluantes liées à l'utilisation de véhicules et, d'autre part, peut être source de nombreuses difficultés opérationnelles et donc de retards.

En pratique, les passagers sont à l'heure actuelle acheminés vers les points de stationnement au large grâce à des véhicules thermiques. Il est donc nécessaire de mener un renouvellement rapide des flottes de bus en circulation à Nantes Atlantique et, plus largement, de tous les engins de piste utilisés, afin d'assurer leur décarbonation et de limiter les émissions polluantes qu'ils engendrent.

En outre, les postes de stationnement au large devront faire l'objet d'une électrification dans les prochaines années en application de la réglementation européenne.

Le règlement AFIR de septembre 2023 précédemment cité prévoit des obligations renforcées en matière d'alimentation en électricité des aéronefs en stationnement au 31 décembre 2024 pour les points de stationnement « au contact » des terminaux. En revanche, il faudra attendre le 31 décembre 2029 pour que cette obligation soit applicable aux points de stationnement « au large » des terminaux.

Or, l'usage de l'électricité par les aéronefs en stationnement leur évite d'avoir à utiliser leur moteur auxiliaire de puissance (APU). Les APU ont une consommation de kérosène très élevée ; leur utilisation émet des particules fines et est responsable de nuisances sonores. Comme le souligne l'Acnusa, « il y a urgence, pour les opérateurs comme pour toutes les populations concernées, à ce que les équipements de substitution nécessaires soient déployés rapidement afin que sur l'aéroport de Nantes Atlantique les moteurs auxiliaires de puissance ne soient plus utilisés lorsque les aéronefs sont en escale »21(*).

Il importe que les obligations issues du règlement AFIR figurent dans le cahier des charges du prochain appel d'offres.

Par ailleurs, il est impératif de protéger le lac de Grand-Lieu des effets négatifs de l'activité de l'aéroport.

À l'heure actuelle, la mise en oeuvre de mesures de prévention est rendue difficile par une mauvaise connaissance de l'impact réel de l'aéroport sur la faune et la flore de la réserve, faute de données suffisamment précises sur ce sujet.

Compte tenu du caractère exceptionnel du site du lac de Grand-Lieu, il apparaît indispensable de mener dès aujourd'hui des études afin d'évaluer les effets de l'activité aéroportuaire sur le lac. Ce travail devrait en particulier permettre d'affiner l'état des connaissances s'agissant de plusieurs impacts potentiels de l'aéroport sur le lac.

Premièrement, si le bruit causé par les aéronefs ne semble pas perturber de manière évidente les oiseaux22(*), une étude complémentaire pourrait permettre d'affiner ce constat et d'analyser l'impact du bruit sur le comportement des autres espèces vivant dans la réserve.

Deuxièmement, comme indiqué précédemment, des dérivés d'hydrocarbure ont été retrouvés dans l'eau du lac ces dernières années.

Dans ces conditions, il est difficile d'avoir une vision précise de la quantité de polluants présents dans le lac et de son évolution. Le gestionnaire de la réserve naturelle nationale du lac de Grand-Lieu souligne à ce propos que « le lac de Grand-Lieu manque de données sur les polluants chimiques (un seul point suivi tous les trois ans) pour permettre de se prononcer objectivement en la matière ». Si un lien avec l'activité de l'aéroport est probable, l'origine exacte de ces résidus n'est pas déterminée avec précision. Leur présence pourrait être causée aussi bien par les rejets dans l'air d'aéronefs survolant le lac à basse altitude que par les eaux de ruissellement de la plateforme qui s'écoulent vers le lac.

Afin de pouvoir adopter, le cas échéant, les mesures correctrices nécessaires, il est indispensable de disposer de données robustes. Le gestionnaire de la réserve naturelle note que « des analyses plus poussées en différents points du lac seraient indispensables pour mieux caractériser ces micropolluants, leur origine et leurs éventuels effets ». Sensible à cette question, le rapporteur estime que les modalités actuelles des prélèvements effectués sur l'eau du lac ne sont pas adéquates (une campagne de mesure est réalisée tous les trois ans, en un seul point du lac, selon le gestionnaire de la réserve) : il préconise d'effectuer des campagnes de mesures à intervalles plus réguliers (par exemple chaque année), et en différents points du lac afin de disposer de résultats plus précis.

Proposition n° 7 : Assurer une intégration durable de l'aéroport dans son environnement, à travers :

- le lancement dès aujourd'hui d'une étude destinée à mesurer les effets des nuisances issues de l'aéroport sur la réserve naturelle nationale du lac de Grand-Lieu ;

- l'établissement d'un cahier des charges plus ambitieux sur le plan environnemental (par exemple, sur la gestion des eaux de ruissellement, la décarbonation des engins de piste et la maîtrise du foncier utilisé) ;

- l'anticipation, dans le futur cahier des charges, de la réalisation d'équipements d'alimentation électrique des points de stationnement au large, dans la perspective de l'entrée en vigueur des obligations issues du règlement européen « AFIR » en 2030.


* 21 https://www.acnusa.fr/projet-darrete-relatif-lutilisation-des-moteurs-auxiliaires-de-puissance-des-aeronefs-lors-de-570

* 22 Ministère de la transition écologique et solidaire, Mission de médiation sur le projet d'aéroport du Grand Ouest, Jean-Philippe Siblet, Expertise sur l'existence d'impacts significatifs dommageables pour l'avifaune du lac de Grand-Lieu lié à l'éventualité de l'augmentation du trafic de l'aéroport de Nantes Atlantique

https://www.calameo.com/read/000879241029bf45d5c35

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