TROISIÈME PARTIE

PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS

I. L'ÉVOLUTION PRÉVISIONNELLE DES PRIX DE L'ÉNERGIE

A. IL EST PRÉVU QUE LES PRIX DU GAZ RESTENT RELATIVEMENT BAS EN 2024, MAIS DES INCERTITUDES DEMEURENT

Après les augmentations extrêmement importantes constatées en 2021 et 2022, allant jusqu'à 310 euros par MWh, les prix du gaz ont fortement diminué, jusqu'à se situer aux alentours de 40 MWh en avril 2023.

Les hypothèses retenues par la DGCE prévoient une diminution lente et continue du prix du gaz en 2023 et 2024, et même jusqu'en 2028, où il devrait se situer aux alentours de 30 euros par MWh, avant de remonter les années suivantes. Dans ses réponses au questionnaire du rapporteur spécial, Engie a indiqué de même que « les fondamentaux sur les marchés européens du gaz restent baissiers ». En audition, Engie a précisé que les stockages européens étaient remplis à 56 % au moins, ce qui est très au-dessus des moyennes.

Toutefois, l'ensemble des personnes entendues ont également souligné que les prévisions de l'évolution du prix du gaz souffraient de nombreuses incertitudes. La DGEC a ainsi énoncé qu' « il est difficile d'établir des scénarios prospectifs dans la mesure où le prix du gaz est très dépendant de la situation géopolitique, de la demande, notamment en Asie, et des conditions climatiques. »63(*)

Selon Engie, les principaux risques sont les suivants :

- un éventuel rebond des prix du charbon, qui augmenterait la demande en gaz pour la production d'électricité en Europe ;

- une reprise de la demande en Chine, qui là aussi créerait des tensions sur le marché du gaz ;

- une diminution des approvisionnements en gaz naturel liquide, et du gaz norvégien par rapport aux niveaux actuels.

Il faut souligner que même si l'un de ces risques se concrétisait, il n'est pas certain qu'il aboutirait à une augmentation des prix du gaz. Par exemple, une augmentation de la demande en Chine qui conduirait à une augmentation des prix du gaz pourrait inciter les industriels européens à se tourner vers le charbon, ce qui équilibrerait le prix du gaz. L'évolution du prix du gaz est ainsi dépendante de très nombreux facteurs, qui rendent délicate une prospective à moyen et long termes.

B. COMPTE-TENU NOTAMMENT DES INCERTITUDES RÉCURRENTES CONCERNANT LA DISPONIBILITÉ DU PARC NUCLÉAIRE D'EDF, LES PRIX DE L'ÉLECTRICITÉ EN FRANCE SE MAINTIENDRONT À UN NIVEAU ÉLEVÉ EN 2024

Après les augmentations inédites constatées au cours des années 2021 puis 2022 (voir supra), les prix de l'électricité se maintiennent à des niveaux sensiblement élevés en 2023 (193 euros/MWh en moyenne annuelle). Cette situation est même plus accentuée en France que chez ses voisins. Ainsi, au printemps 2023, l'écart constaté entre la France et l'Allemagne sur les prix à terme pour une livraison en 2024 avait augmenté à environ 50 euros/MWh au détriment de la France.

Cet écart traduit notamment la persistance de fortes incertitudes sur le niveau de la production du parc nucléaire français au cours de l'hiver 2023-2024, notamment depuis la découverte de nouvelles difficultés relatives au phénomène de corrosion sous contrainte qui affecte ce parc.

Compte-tenu également des incertitudes qui demeurent quant à l'évolution des prix de gaz ou à la disponibilité du parc de production hydraulique, les marchés anticipent des prix de l'ordre de 250 euros/MWh pour les livraisons du 4ème trimestre 2023.

Les projections actuelles indiquent clairement que les prix de l'électricité sur les marchés de gros resteront à des niveaux élevés en 2024. Les dernières hypothèses pluriannuelles retenues par la DGEC et présentées dans le rapport annuel de performance (RAP) du programme 345 « Service public de l'énergie » font état d'une possible diminution progressive des prix d'ici 2029 avant une stabilisation à un niveau proche de celui d'avant crise. Cependant, compte-tenu des nombreuses incertitudes et de la volatilité des marchés, ces hypothèses doivent être considérées avec la plus grande prudence.

Source : rapport annuel de performance (RAP) du programme 345 « Service public de l'énergie » annexé au projet de loi de règlement du budget et d'approbation des comptes de l'année 2022.


* 63 Réponses de la DGEC au questionnaire du rapporteur spécial

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