III. L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF : UNE DYNAMIQUE À PRÉSERVER
Les associations sont un lieu privilégié d'apprentissage de la vie citoyenne : la diversité des questions de société qui sont leurs champs d'intervention permet à chacun de trouver un terrain d'engagement qui lui correspond. Par la pratique du débat, par l'apprentissage de la prise de décision collective ainsi que par l'exercice de responsabilités qu'elle implique, la participation à la gouvernance des associations constitue une véritable école de la citoyenneté.
Les Français ont une image positive des associations : 67 % des Français leur font confiance (contre 21 % pour les partis politiques et 38 % pour les syndicats) 230 ( * ) . Ce constat concerne tout particulièrement les jeunes. Le maintien du dynamisme du monde associatif est cependant confronté, entre autres défis, à la prise en compte de nouvelles attentes de la part des bénévoles et à la nécessité de s'adapter à des exigences nouvelles.
A. LE DYNAMISME DU SECTEUR ASSOCIATIF ET L'INTÉRÊT QUE LUI PORTE LA JEUNESSE
1. Une forte vitalité associative en France
La France se caractérise par une forte vitalité associative. On dénombre en France 1,5 million d'associations, mobilisant entre 16 et 20 millions de bénévoles. Témoin de cette vitalité associative, entre 60 000 et 70 000 associations sont créées chaque année, contre 30 000 dans les années 1980. Leur nombre a augmenté de 2,4 % par an entre 2011 et 2017.
Le secteur associatif, un acteur économique à part entière
Près de 1,8 million d'ETP travaillent dans les associations, soit près d'un salarié du secteur privé sur dix. Avec une hausse moyenne de 0,5 % des effectifs salariés par an entre 2011 et 2017, l'emploi associatif connaît une évolution plus dynamique que l'ensemble de l'emploi salarié privé depuis 2008. Enfin, le budget cumulé des associations représente 113 milliards d'euros, soit 4 % du PIB.
Ainsi, parallèlement à l'économie de marché, le secteur associatif alimente une économie dynamique du service, du lien social et du secteur non lucratif .
De manière générale, la crise du bénévolat constatée au début des années 2000 a été surmontée. L'enjeu est désormais différent : comment enrichir et densifier l'engagement, lui donner du sens et répondre aux nouvelles envies et façons de s'engager de la population française, et notamment des jeunes ?
2. Une jeunesse française engagée
Contrairement aux idées reçues, on constate une envie réelle des jeunes de s'engager.
La sociologue Anne Muxel, auditionnée par la mission d'information, dressait le même constat pour les jeunes : « Le cadre associatif bénéficie d'un capital de confiance et suscite un potentiel d'adhésion nettement plus important que les partis politiques ou les syndicats » 231 ( * ) . Le Haut conseil à la vie associative relevait ainsi en 2016 que « le nombre (de bénévoles) progresse et, fait encourageant, celui des jeunes particulièrement » 232 ( * ) .
Comme l'a rappelé à la mission d'information le secrétaire général de la fédération Léo Lagrange : « si des questions peuvent se poser concernant la hausse de l'abstention, la plupart des études montrent que les jeunes sont engagés. [...] Il serait donc inexact de déduire du taux d'abstention élevé constaté chez les jeunes un désintérêt pour la citoyenneté ou pour l'engagement. On observe une inadéquation entre l'offre et la demande dans le domaine politique, mais ce n'est pas un problème d'engagement . »
La présidente de l'Agence du service civique parle à l'égard des jeunes d'une « soif d'engagement ». D'ailleurs, les chiffres du baromètre 2021 de la DJEPVA (direction de la jeunesse de l'éducation populaire et de la vie associative) sur la jeunesse confirment ce constat : les jeunes de 18 à 30 ans apparaissent comme plus engagés que l'ensemble de la population : 55 % déclarent être adhérents d'une association ou d'un groupe contre 46 % de l'ensemble de la population. Ils y consacrent aussi plus de temps : 50 % donnent de leur temps au moins plusieurs fois par mois, contre 42 % de l'ensemble de la population. En 2021, près d'un jeune sur deux, (48 %) donne bénévolement de son temps au sein d'une association ou d'une autre organisation (parti politique, syndicat,...).
À quelle fréquence donnez-vous
bénévolement de votre temps
au sein d'une association ou d'une
autre organisation :
parti politique, syndicat, etc. ? (en
%)
Source : Injep-Crédoc, Baromètres DJEPVA sur la jeunesse 2016 à 2021. Champ : ensemble des jeunes âgés de 18 à 30 ans.
Fait marquant, la hausse de l'engagement bénévole des jeunes en 2020 et 2021 s'est d'abord faite en direction d'un bénévolat assidu (+ 5 points par rapport à 2019) ou régulier (+ 4 points par rapport à 2019).
Enfin, près de neuf jeunes sur dix sont déjà bénévoles ou envisagent de le devenir.
Quels sont les principaux domaines d'engagement des jeunes en 2021 ?
Le baromètre 2021 de la DJEPVA sur la jeunesse montre que les jeunes s'investissent principalement dans les domaines suivants : sport (31 %), jeunesse et éducation (19 %), culture ou loisirs (17 %), domaine social et solidarité (17 %).
Si l'environnement est le domaine donnant le plus envie aux jeunes de s'engager ou de s'engager plus, il a perdu du terrain cette année au profit de la lutte contre les discriminations.
La pandémie n'a pas accru l'envie de s'engager en faveur de la santé, de la recherche médicale ou de l'aide aux malades (17 % en 2021 contre 16 % en 2020), du domaine social, de la solidarité (14 % en 2021, 13 % en 2020) ou de l'intervention d'urgence en cas de crise (8 % en 2021, 6 % en 2020).
Pour les représentants du Haut conseil à la vie associative, « l'engagement des jeunes est très souvent lié à leur vécu. Ceux d'entre eux qui ont connu des situations de précarité ou de discrimination s'engagent très souvent directement dans la lutte contre celles-ci. A contrario , les jeunes pour lesquels « tout va bien » s'engagent plus fréquemment dans le sport, les loisirs, la culture ». En revanche, « l'environnement est un domaine à part : l'engagement en sa faveur croît chez les jeunes, quel que soit leur parcours » (audition du 30 mars 2022) .
* 230 Baromètre OpinionWay Cevipof de janvier 2022.
* 231 Anne Muxel, Politiquement jeune , 2018, p.89.
* 232 Haut conseil à la vie associative, Les nouvelles formes d'engagement , mars 2016, p. 3.