EXAMEN EN COMMISSION
Au cours de sa séance du mercredi 22 octobre 2008, sous la présidence de M. Jacques Legendre, la commission a entendu les conclusions de M. David Assouline sur son rapport relatif à l'impact des nouveaux médias sur la jeunesse.
A Mme Béatrice Descamps qui l'interrogeait sur le contenu des cours d'éducation aux médias envisagés en quatrième et en seconde, le rapporteur a répondu que la lecture critique de l'image en serait le principal objet.
Rappelant que l'une des missions fondamentales de l'école républicaine est de former l'esprit critique, et qu'un décalage certain existait entre l'arrivée de nouveaux médias et leur intégration dans les pratiques scolaires, M. Yannick Bodin s'est déclaré tout à fait favorable à l'éducation aux médias, susceptible de mettre les élèves en éveil sur ces sujets. Il a néanmoins souligné la difficulté d'une part, de libérer des créneaux horaires, et d'autre part, de former les professeurs.
M. David Assouline a estimé que sa proposition était réalisable à horaires constants, en prélevant le quota d'heures consacrées à l'éducation aux médias sur le volume annuel global.
M. Jean-Léonce Dupont a souhaité connaître les raisons qui conduisent le rapporteur à estimer que les images violentes ont un impact moins puissant que celles relatives à la pornographie.
M. David Assouline a insisté sur le fait que la violence n'a pas besoin des images pour exister et que par ailleurs, des contre-modèles sont en permanence fournis aux enfants commettant des actes violents, par la famille, les institutions et la société. En revanche, la pornographie constitue bien souvent le premier contact avec la sexualité, qui n'est contrebalancé par aucun autre modèle. Il a cité en outre, les travaux de M. Serge Tisseron qui montrent que si la violence des images a des effets ambivalents selon les personnalités, la pornographie a un impact assez largement ravageur sur les jeunes enfants et les adolescents.
A Mme Brigitte Gonthier-Morin qui souhaitait connaître l'impact de la pornographie, M. David Assouline a répondu qu'il était très difficile d'analyser sociologiquement les conséquences de sa large diffusion chez les jeunes, mais qu'il était constaté, notamment par la Défenseure des enfants, qu'elle modifie les comportements des adolescents et qu'elle rend plus complexes les rapports entre filles et garçons.
Après s'être félicitée que la commission ne soit pas seulement « à la remorque » de textes législatifs, mais se penche aussi de sa propre initiative sur des sujets très actuels, Mme Marie-Christine Blandin a remarqué que les enfants ne se sentent souvent pas abandonnés face aux nouveaux médias, ce qui impose justement de les protéger. Elle a ensuite demandé des précisions sur les conséquences ophtalmologiques de l'usage massif des écrans, sur celle de l'utilisation des SMS sur l'orthographe et enfin, sur les risques qu'encourent les enfants vis-à-vis des prédateurs sexuels.
M. David Assouline a déclaré que les études sont peu nombreuses sur les conséquences de l'utilisation des écrans sur la vue et de celle des SMS sur l'écrit et qu'un recul plus important est probablement nécessaire sur ces questions. S'agissant des risques liés à la pédophilie, il a souligné que les enfants n'ont bien souvent pas conscience qu'ils peuvent être observés par le monde entier sur Internet et que l'anonymat est une règle que les parents doivent absolument inculquer à leurs enfants.
Mme Colette Melot a évoqué l'importance des médiathèques et du travail qu'elles fournissent en matière d'éducation aux médias des publics jeunes.
Mme Françoise Cartron , après avoir rappelé l'importance des pôles d'éducation à l'image au niveau local, a à son tour insisté sur l'intérêt du rôle joué par les animateurs multimédias dans les médiathèques.
Tout en reconnaissant que les associations d'éducation populaire et les collectivités territoriales, à travers les médiathèques, sont des acteurs intéressants de l'éducation aux médias, dont il faut encourager les actions, M. David Assouline a insisté sur l'importance de rendre obligatoire cette discipline, afin de garantir l'égalité entre les élèves sur leurs capacités à décrypter les médias, et éventuellement de réconcilier certains d'entre eux avec l'institution scolaire, en évoquant des thèmes qui les intéressent.
Après avoir relevé que ce rapport soulevait des questions ne pouvant être réglées que de manière multinationale, M. Louis Duvernois a fait part de son intérêt pour la proposition visant à fusionner la commission chargée de la surveillance et du contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence, au sein de laquelle il représente le Sénat, avec les commissions en charge du contrôle des autres médias.
M. Jean-Pierre Leleux s'est quant à lui interrogé sur nos capacités techniques à protéger les enfants des contenus choquants et sur la définition de la frontière entre ce qui peut être vu et ce qui doit être interdit.
M. David Assouline a considéré que la nouvelle commission mise en place devrait notamment régler ces questions éthiques. Puis, il a assuré que l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication est assez performant dans la lutte contre les contenus illégaux et que la coopération internationale était en voie de structuration.
La commission a adopté le rapport à l'unanimité et en a autorisé la publication sous la forme d'un rapport d'information.