2. Les ondes dangereuses pour les jeunes : wifi et téléphone ?
Les risques d'épilepsie lorsque les enfants jouent aux jeux vidéo que l'on avait craints dans les années 1990 ont aujourd'hui été relativisés 57 ( * ) . Le ministère de la santé avait toutefois, de manière préventive, publié un décret n° 96-360 du 23 avril 1996 relatif aux mises en garde concernant les jeux vidéo.
Aujourd'hui ce sont davantage les risques liés aux émissions d'ondes des appareils électroniques qui inquiètent les scientifiques et le grand public.
L'Association française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSET) publie régulièrement un rapport d'experts sur ce sujet. En 2003 et 2005, il a été préconisé de chercher tous les moyens de limiter l'exposition des enfants au niveau le plus bas possible (kit main-libre, campagne d'information des parents, appareils de niveaux de débit d'absorption spécifique minimisés, recommandations sur les modes d'usage des mobiles). Au-delà des bonnes pratiques individuelles, dont la publicité reste insuffisante, le groupe d'experts souhaiterait que des règles précises régissent la commercialisation des téléphones mobiles en direction des populations captives que sont par exemple les enfants : les industriels ne devraient pas inciter les enfants à l'utilisation accrue du téléphone mobile, par la réalisation de publicité ou par la conception de modèles particulièrement ludiques ou attrayants pour les enfants (juin 2005).
Or votre rapporteur constate que des téléphones portables spécifiques pour les enfants sont commercialisés et préconise donc qu'une mesure d'interdiction soit mise en oeuvre rapidement 58 ( * ) . Il remarque au demeurant que la Fédération des conseils de parents d'élèves partage aussi cette position 59 ( * ) .
En janvier 2008, suite à la demande d'interdiction de vente d'un téléphone pour enfant adressée au ministère de la santé par des associations, le ministère, à défaut de donner suite à cette demande, avait appelé les parents à la prudence, estimant que l'hypothèse d'un risque n'était pas à exclure, mais n'avait pas pour autant pris de mesure plus radicale.
3. Les risques physiques
L'académie de Paris a mené une enquête qui montre que le pourcentage des enfants d'âge scolaire ont des difficultés d'endormissement ou se réveillent la nuit du fait de l'utilisation intensive des nouveaux médias. Ils prolongeraient le temps d'activité et la lumière des écrans d'ordinateur, plus forte que cette de la télévision déréglerait la sécrétion de mélatonine, l'hormone du sommeil et retarderait l'endormissement 60 ( * ) .
L'Inserm avait proposé il y a quelques années de repousser l'heure de début des cours à 9 heures au lycée. Votre rapporteur souhaiterait que le Gouvernement se saisisse de ces questions et adopte, le cas échéant, les solutions adaptées.
L'impact des écrans sur la vue est quant à lui assez faible, ces derniers étant en fait les révélateurs des défauts ophtalmiques que l'on peut avoir.
Enfin, M. Frédéric Eleuche, membre du syndicat national des lycées et collèges, a cité le cas de collégiens devant abandonner leurs activités sportives en raison de tendinites provoquées par l'usage intensif de la souris et autres joysticks 61 ( * ) !
* 57 En 1999, une équipe de cliniciens de cinq centres hospitaliers français menée par Robert Naquet, de l'Institut Alfred Fessard du CNRS à Gif-sur-Yvette, a effectué une étude portant sur 115 patients présentant différentes susceptibilités à faire des crises épileptiques et soumis à des stimulations lumineuses impliquant des caractéristiques variables de l'image et de la fréquence des écrans utilisés. Cette équipe a ainsi montré que les jeux vidéo n'avaient aucun effet sur les sujets souffrant d'une épilepsie non photosensible, mais pouvaient déclencher des crises chez des sujets photosensibles, auxquels certaines recommandations doivent être faites.
* 58 Selon l'AFSET, « des fabricants ont mis au point des téléphones spécialement conçus pour les enfants. Cette caractéristique ne s'appuie en rien sur une minoration des risques pour la santé des plus jeunes. Une seule variable permet aujourd'hui de connaître le niveau de radiofréquences émises par les mobiles et absorbées par notre organisme. Il s'agit de l'indice DAS (Débit d'Absorption Spécifique). Cet indice mesuré en watts par kilogramme est limité à 2 w/kg pour tout téléphone portable vendu sur le marché français. Il est obligatoirement mentionné sur la documentation des téléphones et chez les vendeurs ».
* 59 Audition de Mme Françoise Mougin du 22 mai 2008.
* 60 Le Figaro 22/10/2008, « Le sommeil des adolescents »
* 61 Audition du 3 juillet 2008.