C. LA FILIÈRE CHEVAL
Depuis
la saillie (publique ou privée !) d'une poulinière par un
étalon soigneusement sélectionné, jusqu'à la
réforme du pur sang ou du poney après vingt ans de bons et loyaux
services et son éventuel aboutissement dans la boucherie hippophagique
(ne nous voilons pas la face : cela existe) toute une série de personnes
qualifiées vont intervenir en tant que professionnels ou amateurs.
Le secteur cheval comporte bien évidemment la filière des courses
et l'argent du PMU qui fait vivre toute la filière du cheval, mais cette
dernière est d'une très grande importance en raison de sa
profonde implantation économique et sociale dans la France rurale et
agricole mais aussi dans les mentalités de centaines de milliers
d'acteurs et de sympathisants.
L'énumération des métiers, des emplois et des usages du
cheval est impressionnante.
1. Les haras nationaux et l'élevage
Depuis
peu l'ancien service des haras a fait place à une nouvelle
organisation : la sous direction du cheval du ministère de
l'Agriculture et de la pêche.
L'Etablissement public des haras nationaux
Le premier est chargé d'appliquer la politique de l'Etat pour le cheval
(textes, décrets, arrêtés) il est la tutelle a posteriori
des haras, et la tutelle des courses et de l'élevage.
Les haras nationaux participent à la définition et à la
mise en oeuvre de la politique de l'Etat pour le cheval, assurent la
cohérence, le développement et la valorisation de la
filière cheval.
Ils ont une mission de service public très ancienne et l'assument,
pensons-nous, d'une remarquable façon, et ce en dépit des
pressions constantes de nombreux professionnels plus intéressés
par leurs intérêts financiers immédiats que par la
pérennité des qualités de la race chevaline.
Les haras nationaux ont pour mission :
- d'organiser la production
- de veiller à la génétique du cheptel
- de contrôler les organismes concourant à la sélection
- de proposer la « monte publique » d'étalons
sélectionnés et répartis dans les dépôts et
stations de monte
Dans chacune des 23 circonscriptions, il existe un haras, dépôt
d'étalons.
La force des haras nationaux est de s'adapter aux évolutions
incessantes, d'en tirer le meilleur parti et de résister aux modes : les
utilisateurs recherchant un jour plus de rapidité des chevaux, un autre
plus de robustesse, de résistance, etc.
Exemple : après une assez longue vogue des chevaux américains
(plus rapides que résistants) on a assisté, en
compétition, à une réapparition des anglo-arabes,
spécialité des haras nationaux.
La fonction de régulation qu'ils assurent est essentielle mais ils
manquent vraiment aujourd'hui de moyens et de personnel.
Leur travail dans le domaine de la génétique est capital ; il
permet d'améliorer sans cesse les races utiles mais aussi de
préserver de la disparition nombre de races intéressantes.
Ainsi le Haras de Gelos (Pau) veille à la conservation du Pottock des
Pyrénées, du Poney Landais et de l'âne des
Pyrénées.
Chaque haras, aux quatre coins de la France du cheval, assure la
préservation d'une partie de notre patrimoine équin.
Le conseil d'administration comporte 9 socioprofessionnels, 4 membres du
personnel et 11 représentants de l'Etat (Finances, Agriculture, Tourisme
et Aménagement).
Son Président est un professionnel, M. Jean Lesne et son directeur
général M. Christian Ferté.
Il dispose de trois comités d'orientation (stratégie, science et
technique, prospection économique et génétique)
dotés d'un président et d'une majorité de professionnels.
Leurs moyens : 23 dépôts d'étalons, 204 stations de monte
(beaucoup trop nombreuses). Le projet des haras est d'en fermer 50.
Les ressources des haras :
la monte publique 60MF
les prestations aux éleveurs 30 MF
le ministère de l'agriculture 165 MF
le PMU par le CST
3(
*
)
200 MF
Le ministère de l'agriculture prenant directement en charge la masse
salariale soit 200 MF
Exemple : en l'an 2000 : pour un montant total d'enjeux de : 39,511 MdF
le prélèvement de l'état était de 11.419 MdF, soit
30,66 % des enjeux
la dotation au CST pour les Haras de 0,247 MdF, soit 0,67 %
2. L'élevage
L'UNIC évalue le nombre des éleveurs à
34
344 en 1999
, dont 12 505 pour le trait, 7 489 pour le trotteur
français, 7 080 pour le cheval de selle etc.
La plupart de ces éleveurs 25 843 (75 %) ne possèdent qu'une
jument !
On a donc affaire à un élevage certes de grande qualité
mais extrêmement dispersé et dont on ne peut pas dire qu'il
apporte beaucoup d'argent aux éleveurs.
Quand il faudra plus loin chiffrer les emplois créés par la
filière cheval on ne reprendra pas ce nombre, loin s'en faut, tant qu'il
est vrai que dans cette affaire on ne peut dire : une jument = un emploi.
L'élevage français connaît et maintient quelques 41
races d'équidés
.
Pour les seuls chevaux de sang on en compte neuf bien distinctes : les Pur sang
(PS), l'Arabe (AR), le Trotteur Français (TF), l'Anglo-arabe (AA), le
Selle français (SF), le Cheval de selle (CS), le Poney (12 races
reconnues), le Camargue, le Mérens.
Pour le cheval de trait il existe 9 races.
Le cheptel français est estimé en 1999 à 500 000
têtes :
348 000 chevaux
22 000 ânes
13 000 mulets
Avec ce cheptel de 348 000 chevaux la France se situe à la
6
ème
place en Europe (7 493 000)
Russie 2 000 000
Roumanie 825 000
Ukraine 721 000
Allemagne 670 000
Pologne 567 000
France 348 000
Italie 310 000
Espagne 260 000
Grande Bretagne 173 000
L'UNIC, dans son ouvrage Ecus 2000 consacre plus de vingt pages à
l'élevage et à ses statistiques révélant la
complexité et l'ampleur du travail effectué dans la
filière française pour ce secteur vital.
Le cheptel de poulinières
: 34 000 pour le trait.
La gestation d'une poulinière dure 11 mois.
Les étalons
Les haras nationaux, en 1999, mettaient à la disposition des
éleveurs privés 1 314 étalons entretenus dans les 23
dépôts et répartis, à la saison de la monte, dans
les stations plus proches des poulinières (pour 8 races de sang,
8 de trait, ânes et mulassiers).
Ces étalons « publics » des haras
représentaient 23,8 % du total des reproducteurs (contre 30,9 % en 1988).
Un étalon peut fournir 30 saillies par an.
Les saillies
On
compterait, par an, 15 000 saillies publiques contre
17 000 privées.
D'autres chiffres sont exposés et difficilement superposables
: 1992 : 94 752, 1999 : 87 974,
Trait 1995 : 30 000 ; Pur-sang 1999 : 7 800 ; Trot 1999 : 17 000.
Le coût d'une saillie à la station : 250 F, chez l'éleveur
500 F ; pour un pur sang : 25 KF, pour Dollar du Mûrier : 30
à 50 KF.
La monte publique au haras cause moins de tracas aux Haras nationaux que celle
pratiquée dans les stations ou chez les éleveurs : le coût
et les contraintes de cette pratique incite de plus en plus à recourir
à l'insémination artificielle.
Les produits
Les
saillies n'aboutissent que dans le proportion de six sur dix.
La France enregistre plus de 50.000 naissances par an (toutes races confondues)
. Avec 4 234 nouveaux produits, elle figurait, en 1999, pour les purs-sangs, au
8° rang mondial. Après :
USA 33 265
Australie 17 992
Japon 8 308
Irlande 8 119
Argentine 6 502
Grande-Bretagne 5 361
Nouvelle Zélande 4 868
Selon les professionnels, les meilleurs étalons se trouvant,
paraît-il, en Angleterre et en Irlande (y compris les étalons
d'origine française qui sont partis dans ces deux pays pour des raisons
fiscales) de nombreux propriétaires français se déplacent
pour les saillies dans ces pays à fiscalité nulle ou faible (pour
ce qui touche à l'élevage) et rapatrient les produits en
France !?
La rémunération des éleveurs
A de rares exceptions près, pour un agriculteur, les ressources venant
de l'élevage de chevaux ne représentent qu'une modeste part de
ses revenus ; élever des chevaux de course représente plus
pour lui une occupation accessoire et passionnante qu'une opération
profitable pour l'exploitation.
Par contre, les éleveurs reçoivent une part des
« Encouragements » provenant des prélèvements
sur les enjeux des courses de chevaux.
Encouragements distribués aux éleveurs en 1999
Courses 1 2 Primes en MF |
Plat PS + Aqps 4( * ) 1 439 1 037 69,205 |
Obstacle PS + Aqps 948 736 40,257 |
Trot 1 636 597 97,903 |
Total 4 023 2 370 207,366 |
3. Le commerce de chevaux en France
Les 330
marchands de chevaux français adhérent à la Chambre
Syndicale de commerce de chevaux français (CSCCF) et y exercent
officiellement leur profession. Plus que centenaire, la Chambre adhère
elle même à la structure internationale du cheval.
Elle participe à la promotion du cheval français dans le monde
avec UNIC et ACTIM.
Les départements de l'Ouest Calvados (18 agences), Côtes
d'Armor (8), Finistère (7), tiennent la corde. Les transactions
intéressent toutes les catégories d'équidés :
Chevaux de sport, de courses, de loisirs, d'endurance, poneys, chevaux lourds,
chevaux d'attelage, trotteurs ...
Pour l'année 1999, les ventes Galop et Trot ont donné les
résultats suivants :
|
GALOP |
TROT |
||
|
CA (F) |
Vendus |
CA (F) |
Vendus |
Foals |
8 234 000 |
70,5 % |
1 101 000 |
60,6 % |
Yearlings |
203 086 000 |
75 % |
32 605 500 |
61,2 % |
Poulinières |
29 685 000 |
70 % |
8 057 250 |
69,6 % |
Chevaux entraînement |
46 012 000 |
70,5 % |
30 004 000 |
64,0 % |
Total |
287 017 000 F |
72,7 % |
74 826 020 F |
67,6 % |
Ces
chiffres sont très encourageants mais peut-être faut-il les
rapprocher d'une statistique US ;
Aux USA la vente de 8 738 yearlings
5(
*
)
a représenté 2 473 243
542 F !
La France est 7
ème
avec 784 yearlings pour 203 086 000 F.
En 1999 la vente aux enchères de 227 chevaux de selle (AA, SF, CS) (80 %
de vendus) a représenté 27 324 000 F dont 52 chevaux à
l'exportation pour 7 848 000 F.
Pour se faire une idée exacte de la situation de la filière
commerce des chevaux en France, il faut savoir qu'en 1988 la majorité
des yearlings à la vente étaient achetés par des
étrangers mais restaient en France pour l'entraînement mais qu'en
1992 seuls 30 % avaient le même sort ; il est vrai qu'en 1993 la tendance
s'est inversée.
C'est dire la volatilité de ce marché.
A l'heure actuelle, 60 % des yearlings (en volume) sont achetés en
devises étrangères soit 78 % en valeur.
La balance entre les exportations françaises et nos importations est
passée de + 816 MF en 1984 à -545 MF en 1992. Pourtant la France
exporte plutôt des chevaux à haut potentiel et importe des chevaux
de moindre qualité.
La conséquence saute aux yeux : le niveau de gamme des effectifs
français baisse.
4. Les propriétaires de chevaux de courses
a) combien sont-ils ?
Trop et
Galop confondus, ils seraient 7 400 en 2000.
Pour ne pas parler que du Galop, ils étaient, dit-on 3 594 en 1981,
4 003 en 1992, 2 888 en 1998 et 2 811 en 2000 (Français
et étrangers).
Le taux de leur renouvellement, qui était de 12,6 % par an en 1981,
est passé à 9 % en 1994. Cette population vieillit car il
existe un réel découragement qui gagne de nombreux
propriétaires confrontés à une fiscalité
française par trop pénalisante, et à d'autres
difficultés comme l'accroissement régulier du nombre des
entraîneurs-propriétaires.
De fait, seuls de riches propriétaires (mais ils le sont pour d'autres
raisons que leur passion pour les chevaux de courses) parviennent à
maintenir un cheptel de haute qualité.
b) une fiscalité française par trop pénalisante
M. J.C.
Séoul, Président du syndicat national des propriétaires de
chevaux de courses au galop - octobre 2001.
« Les propriétaires sont soumis à l'imposition des plus
values lors des ventes de chevaux, qu'ils soient professionnels ou non. Leurs
pertes ne sont pas déduites du revenu global pour les non professionnels
et tout un ensemble de cas particuliers perturbe la jurisprudence, les services
fiscaux comme les contribuables ».
Par une note de synthèse du 31 octobre 2001, le syndicat a, une fois,
encore, attiré l'attention de la direction générale des
impôts sur ces problèmes et, se fondant sur le travail de la
Commission fiscale des deux sociétés mères, trop et galop,
il a formulé six revendications.
Il est exact que les comparaisons entre la fiscalité française et
celle de nos principaux concurrents en matière de cheval sont
particulièrement frappantes.
Le fisc irlandais n'impose, ni les gains, ni les primes de courses, ni les
bénéfices et revenus de la vente de saillies, ni les plus-values
réalisées lors des ventes de chevaux et d'étalons...
D'autre part, même si les effets du niveau de taxation des enjeux aux
courses n'est qu'indirect sur les revenus des professionnels de la
filière des courses, force est de constater que l'Etat français
effectue les prélèvements les plus
sévères.
Irlande |
0 % |
USA |
3,3 % |
Allemagne |
0,74 % |
Italie |
3,99 % ! |
Australie |
1 % |
Grande-Bretagne |
6,7 % |
Grèce |
3 % |
France |
15,51 % |
Encore faut-il reconnaître pourtant que l'Etat a fait des efforts sensibles, en six ans, de 1992 à 1998, pour diminuer son prélèvement de 14 %, le ramenant, en francs courants, de 6,78 MdF à 5,789 MdF ; mais malheureusement cet effort fut contemporain de la baisse des jeux subie par le PMU et n'a fait qu'accompagner le déclin de l'activité.
c) les rémunérations des propriétaires
M.
Péri G Picardie, dans son rapport de novembre 1995 (voir bibliographie)
écrivait : « posséder un cheval de courses
signifie perdre de l'argent ». C'est l'exacte vérité.
Les propriétaires se rémunèrent sur les gains en course,
les encouragements et les éventuelles plus-values
réalisées dans les ventes de leurs chevaux.
Les « encouragements » correspondent à des sur-prix
accordés aux propriétaires de chevaux nés et
élevés en France, gagnants ou placés dans les courses
où ils ont été engagés (voir plus loin). Ces primes
sont également ouvertes aux chevaux nés et élevés
à l'étranger appartenant à des propriétaires
français.
Les « encouragements » comprennent : les prix et
allocations, les primes ou « sur-prix », les entrées
(et forfaits).
Encouragements versés au propriétaires en 1999
Courses |
1 |
2 |
Total en MF |
Plat |
3 729 |
2 792 |
596,323 |
Obstacle |
2 211 |
1 673, |
275,825 |
Trot |
4 401 |
6 664 |
878,243 |
Total |
10 341 |
8 129 |
1 750,391 |
1 Nombre
de propriétaires ayant au moins UN cheval partant en 1999
2 Nombre de propriétaires « dans l'argent » en 1999
+ 9
Peuvent s'ajouter des primes supplémentaires du fonds européen de
l'élevage (FEE).
Face à ces situations, qui ne sont pas favorables à un bon
développement de la filière Cheval, des tentatives
intéressantes pour inverser la tendance se font jour ; c'est ainsi
que le syndicat des propriétaires de chevaux de courses au galop a
formé en 2001, avec le syndicat des éleveurs une intersyndicale
du galop.
Nul doute que cette nouvelle institution plaidera d'autant plus fort pour une
amélioration d'une fiscalité de la branche
particulièrement défavorable sur le plan de la concurrence.
5. Les entraîneurs
Un cheval appelé à participer à une course publique doit au préalable faire l'objet d'une triple autorisation :
-
• celle de courir (rôle du propriétaire) ;
• celle d'être entraîné (rôle de l'entraîneur) ;
• celle d'être monté (rôle du jockey).
L'entraîneur occupe une place et joue en rôle charnière et le Code des courses lui permet d'exercer ses fonctions selon des statuts différents professionnels et amateurs.
Il peut être entraîneur public , indépendant, gérant une écurie où les chevaux peuvent appartenir à des propriétaires différents ;
Il est pour cela licencié par sa Société mère après un examen théorique et pratique.
Il peut être entraîneur particulier pour un seul propriétaire dont il est alors le salarié par un contrat agrée par la Société mère.
Dans ces deux cas, l'entraîneur est un professionnel qui dirige souvent de nombreux salariés sans que pour autant sa profession soit reconnue après une formation technique sanctionnée par un diplôme.
Mais la société mère de courses, qui distribue les licences, peut attribuer :
• des « autorisations d'entraîner » à certaines personnes pour leurs propres chevaux.
• ou des « permis d'entraînement ».
Comparaison des statistiques de licences
délivrées en
1980 et 1994
(Rapport Lenoir).
|
1980 |
1994 |
1999 |
|||||
Entraîneurs publics |
391 (66 %) |
485 (90 %) |
411 |
|||||
Entraîneurs particuliers |
108 (34 %) |
57 (10 %) |
44 |
|||||
Total |
499 |
542 |
455 |
|||||
Permis d'entraîner |
460 |
521 |
572 |
|||||
Autorisations d'entraînement |
0 |
87 |
60 |
|||||
Total général |
959 |
1 150 |
1087 |
|||||
En 1999 , on comptait |
|
|
|
|
||||
Entraîneurs publics |
galop |
411 |
trot |
759 |
||||
Entraîneurs privés |
|
44 |
|
142 |
||||
Permis d'entraîner |
|
572 |
|
413 |
||||
Autres |
|
60 |
|
533 |
||||
Total |
|
1 087 |
|
1 847 |
||||
Total galop + trot |
2 934 dont 1 769 professionnels (60 %) |
Rôles fonctions et situation des entraîneurs
Rappelons tout d'abord que :
Un cheval de galop, dont la parenté et le pedigree est rigoureusement
établi par son stude-book n' a pas à confirmer ses aptitudes pour
avoir le droit de courir.
A l'inverse, un trotteur doit obligatoirement subir, depuis 1969, des
épreuves de qualification (chronométrage) pour obtenir ce droit.
Les entraîneurs de Galop vivent une très grande
hétérogénéité de situation : nombre de
chevaux en pension, tarif de celle-ci, disparité des effectifs etc.
Conséquence : des disparités dans les résultats des
courses, la clientèle et le marché suivant qu'ils exercent en
province, à Chantilly ou à Maisons-Laffitte.
De même, les entraîneurs de Trot connaissent de grandes
différences de prix de pension entre la province et Paris.
En 1993,la pension d'un trotteur était par jour de 64,20F en province,
de 97,80 F à Maisons-Laffitte et de 143 F à Chantilly.
Pour la répartition des gains en courses, aucune règle n'existe ;
l'usage seul de la plupart des contrats accorde 15 % des gains du cheval
à l'entraîneur.
D'autre part, le propriétaire qui paye la pension du cheval est loin de
couvrir ses frais avec sa part de gains ; le rapport Lenoir (1995) a
confronté les allocations versées dans les courses de trot et de
galop avec les prix de pension de l'époque.
Les gains ne couvraient les dépenses qu'à 58,6 % pour le
trot et 49,3 % pour le galop.
La situation sociale des entraîneurs est critiquable : cotisations
sociales d'une extrême complexité, cotisation personnelle et
régime fiscal (affiliation agricole ?) inextricables ....
La situation économique des écuries est très difficile,
les prix de pension diminuent tandis que les charges augmentent, les
impayés s'accumulent.
La formation d'entraîneur doit être organisée et reconnue
par un diplôme ou une certification de l'expérience
professionnelle.
Après tout, dans les centres équestres, le monitorat s'impose
pour la tenue d'un établissement qui réclame l'agrément du
Centre d'entraînement et l'agrément de l'exercice de
l'activité de l'entraîneur.
6. Les cavaliers
Sous ce vocable général sont visés non seulement les jockeys, mais aussi tous les autres « conducteurs » de chevaux de courses des différentes spécialités : galop (plat et obstacle), trot. Ne sont pas concernés les autres cavaliers qui seront vus dans la filière Equestre.
a) combien sont-ils ?
Nombre de cavaliers en 1999 |
||
|
1 |
2 |
Plat |
1 189 |
876 |
Obstacle |
569 |
465 |
Trot |
2 944 |
2 417 |
Total |
4 702 |
3 758 |
1 Nombre
de cavaliers : jockeys, apprentis, gentlemen riders, drivers ayant
participé à une course eu moins en 1999
2 Nombre de cavaliers « dans l'argent » en 1999
L'association nationale des jockeys -président M. Maurice Philiperon
-annonce 800 jockeys contre 1000, naguère.
b) les rémunérations de cavaliers
Le
statut actuel des cavaliers implique qu'ils soient les salariés des
propriétaires soit à temps complet, soit le temps de la course
pour laquelle ils sont été engagés.
Cet état de fait suscite nombre de difficultés de tous
ordres ; les plus importantes touchent aux problèmes sociaux :
affiliations, cotisations, insuffisance de la couverture sociale.
Ainsi une proportion très importante des jockeys par ce qu'ils ne
participent pas à un nombre suffisant de courses dans l'année, ne
sont pas considérés comme des salariés, ne peuvent
être couverts par la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et ne sont
pas protégés en cas d'accident du travail. (voir plus loin).
Les cavaliers reçoivent, eux aussi, des rémunérations qui
sont financées par un prélèvement sur les sommes
gagnées par les propriétaires dans les courses.
Courses |
Cavaliers |
Monte perdante |
Monte gagnante |
|
|
|
Paris - Province |
|
|
|
Jockeys |
89 FF |
83 FF |
|
Plat |
Apprentis |
46,50 |
45 |
|
|
J
gagnant plus de
|
318 |
249 |
7 % minimum |
Obstacle |
|
|
|
+ 15 % pour la caisse |
|
J gagnant moins |
|
|
de compensation des |
|
de 30 courses |
184 |
184 |
jockeys au galop |
Cinq jockeys gagnent 2 à 3 MF par an, dix entre 1 et 2, trois cents gagnent peu, et cinq cents ne font qu'équilibrer leurs charges.
c) c'est un métier de tradition mais à hauts risques
Les
« jockeys » sont particulièrement exposés aux
accidents.
Sur quinze ans, entre 1986 et 2000, on ne compte pas moins de
4 501 accidents de courses, soit en moyenne 300 par an (presque un
par jour) et un décès par an !
Comme on pourrait s'en douter :
806 accidents soit 18 % concernent les courses de plat (les plus graves)
3 695 accidents soit 82 % concernent les courses d'obstacles.
Par ailleurs, les accidents d'entraînement sont nombreux eux aussi. Il y
a autant de décès en courses qu'à l'entraînement.
La France doit elle vraiment s'enorgueillir d'avoir 256 hippodromes
(contre 50 en Angleterre !) quand les jockeys prétendent que
l'inadaptation de leurs équipements est responsable, pour une bonne part
des accidents qu'ils subissent.
La haute fréquence des accidents du travail dans cette profession a
d'autres conséquences graves pour les cavaliers.
Après l'accident, la maladie et la rééducation devrait
venir le temps de la réinsertion dans la vie active. Handicapés
(COTOREP), ils n'ont que deux solutions, s'ils veulent rester dans la
filière.
Or leur extrême spécialisation fait que les jockeys qui ne peuvent
pas revenir en course rencontrent les plus grandes difficultés à
se reconvertir.
Très peu, faute de diplômes et avec seulement deux stages par an,
peuvent devenir entraîneurs, d'autant que, si avant 1993 une
majorité d'entre eux pouvaient le faire, depuis cette date le
ministère de l'Agriculture a beaucoup durci les conditions
d'accès à cette profession.
De même, très peu obtiennent un reclassement dans le Groupe
technique des hippodromes parisiens (GTHP) et ils n'ont aucune
possibilité d'obtenir un poste de technicien, handicapeur, ou
commissaire de courses, dans l'institution de France Galop.
Pas de postes de responsabilité, pas de salaires intéressants, il
ne leur reste qu'à abandonner leur voie.
« Gens simples, peu éduqués mais passionnés par
leur métier », ils savent très mal communiquer ;
ils s'estiment « méprisés et mal
traités ».
Passé le temps de la « forme », ils sont
oubliés...
Pour cette profession : trois attentes principales
Un statut qui apporte aux jockeys une protection minimale, une couverture
sociale suffisante et des retraites valables
6(
*
)
.
Une amélioration d'une fiscalité inadaptée à un
métier caractérisé par des carrières courtes,
aléatoires et à haut risque pour la santé.
Un effort de l'institution des courses pour rendre plus précoce et plus
facile la préparation à une reconversion inéluctable.
d) le dopage et la lutte contre le dopage
Les
procédés pour truquer les courses de chevaux sont sans doute
presque aussi anciens que les courses elles-mêmes.
De nos jours, les sociétés mères, les
sociétés hippiques de province, le PMU, font tout ce qui est
possible pour que les tentatives de dopage ne compromettent pas l'image
d'honnêteté des courses en France et ne viennent pas affaiblir la
confiance des turfistes.
Tous les acteurs de l'institution des courses et de la filière cheval
réalisent parfaitement que, si la crédibilité des courses
venait à disparaître, tout le système serait
vulnérable face à la concurrence des autres formes de jeu.
Le dopage d'un cheval
consiste en l'administration de produits interdits
mais décelables aux contrôles.
Ceci dit, il existe malheureusement, comme pour le dopage des êtres
humains, une frontière ambiguë, des limites mal définies
entre les médicaments vétérinaires autorisés pour
certains cas pathologiques et les produits dopants.
Comme la lutte contre le dopage humain, les hommes de laboratoire et les
décideurs de la Fédération rencontrent souvent des
difficultés à distinguer ce qui est traitement de ce qui est
dopage. Les résultats d'une analyse sont donc une chose, leur
interprétation en est une autre et réclame enquête et prise
en compte du contexte.
La mise en oeuvre de la lutte contre le dopage concerne plusieurs niveaux de
l'Institution des courses
. Les sociétés hippiques
organisatrices se doivent de donner aux vétérinaires toutes les
facilités requises pour effectuer les contrôles à
l'arrivée sur les chevaux gagnants (tous ceux des courses PMU) et les
cinq premiers des courses Tiercé-Quinté +.
Il s'agit de
prélèvements d'urine ou de sang
pratiqués qui sont adressés dans des délais précis
au laboratoire spécialisé géré par la
fédération nationale des courses françaises.
En cas de résultats positifs traduisant la présence d'un produit
interdit, une enquête est diligentée par la
fédération ; elle est contradictoire et les
« présumés coupables de fraudes » peuvent
faire appel à une contre-expertise.
Si la tentative de fraude est confirmée, le dossier est transmis
à la société mère intéressée (galop
ou trot) ; c'est elle qui dispose du pouvoir disciplinaire et prendra les
sanctions.
On observera que les délais nécessaires pour avoir le
résultat des contrôles sont conséquents. Comme il est hors
de question de différer le paiement des gains aux turfistes, cela
signifie que les parieurs sont payés depuis longtemps quand intervient
une sanction pour dopage.
Il n'y a donc jamais de pénalisation des gagnants d'une course
truquée sauf si l'enquête révèle que tel ou tel
gagnant est complice du ou des « dopeurs ».
Statistiquement parlant
, 15 000 contrôles sont
pratiqués par an.
Le financement de la lutte contre le dopage
est assuré par un
prélèvement effectué sur le
produit des
« Centimes » des courses de Province
, étant
admis que la totalité des centimes des hippodromes parisiens a
été depuis longtemps accaparée par l'Etat.
Rappelons que la ressource des « centimes province » est
normalement destinée aux sociétés hippiques de province
pour leur permettre de financer les équipements de leurs hippodromes
mais elle est, de par la loi, plafonnée à 200 000 F par
an et par société.
Le surplus (en sus des 200 000 FF) est versé à la
Fédération nationale des courses françaises et
exclusivement consacré au financement de la lutte contre le dopage.
Le budget du laboratoire est de 20 MF par an.
La lutte contre le dopage dans les courses françaises semble être
menée de manière rigoureuse.