III. DESCRIPTION DU SECTEUR
A. UNE TENDANCE À LA CONCENTRATION
1. La France des casinos
En
juillet 2000 on comptait 176 casinos en France, dont 169 en métropole et
7 Outre mer : trois à La Réunion, deux à la Guadeloupe et
deux à la Martinique.
Avec cet effectif, la France est le premier casinotier (en nombre de casinos)
d'Europe devant la Grande-Bretagne, mais n'est plus, depuis quelques
années, le premier marché des jeux.
Leur répartition est relativement homogène au sein des parties du
territoire métropolitain concernées. En effet, des
critères très restrictifs ont pesé, depuis le
début, sur leurs implantations : limitation aux stations thermales,
balnéaires et climatiques.
Nul doute que l'innovation récente introduite par l'amendement Chaban
Delmas, qui autorise les créations de casinos dans les villes de plus de
500.000 habitants, modifiera profondément la carte actuelle avec la
création de Lyon-Hilton (Partouche), celle prévue à
Bordeaux (Accor), celles étudiées ailleurs, etc.
Pour cette répartition, qui intéresse l'aménagement du
territoire, on note ainsi que
56 départements
de métropole
seulement sur 95 bénéficient d'une ou plusieurs implantations
tandis que 49 en sont privés.
Le département des Alpes-Maritimes vient en tête avec 10 casinos,
suivi par le Calvados (8), la Seine-Maritime (8), l'Hérault (7) et les
Pyrénées Orientales (7), etc.
Les communes de ces départements ne s'en plaignent sûrement pas.
2. Les casinos indépendants
Avant
que l'évolution ne pousse à la création et à la
croissance des groupes de casinos qui composent le nouveau paysage
d'aujourd'hui fait d'absorptions, de prises de participation, de grands
investissements en France et à l'étranger, le panorama
français des casinos était fait de toute une série
d'établissements appartenant pour l'essentiel à des
sociétés familiales.
Ces casinos indépendants étaient encore majoritaires en 1996.;
à cette date, ils réalisaient 85 % du produit brut des jeux (PBJ).
Quatre ans plus tard, 80 % du PBJ étaient réalisés par les
groupes.
De nos jours, les casinos indépendants sont minoritaires, ils sont
encore familiaux, mais aussi municipaux, voire gérés par des
Sociétés d'économie mixte et ne maîtrisent plus que
25,9 % du marché.
3. Les groupes de casinos
En 2002
la France dispose de 170 casinos dont les deux tiers sont détenus par 8
groupes.
Au début de leur constitution, les groupes étaient relativement
nombreux.
En 1985, il en existait 13.
En 2001, les groupes sont au nombre de huit et exploitent plus de
110 casinos, soit près de 70 %
9(
*
)
.
Les groupes classés par nombre de casinos gérés (en 2002)
1°
Groupe Partouche 26 casinos Pdg Isidore Partouche
2° Européenne de casinos 18 casinos Pdg André der Krikorian
3° Groupe Tranchant 16 casinos Pdg Georges Tranchant
5° Accor Casinos 14 casinos Pdg Joël Mingsson
4° Groupe Barrière 13 casinos Pdg Dominique Desseigne
Les groupes classés par le Chiffre d'affaires (1998
)
1° Groupe Partouche 1 671 900 000 F
2° Groupe Barrière 1 534 800 000 F
3° Groupe Tranchant 819 300 000 F
4° Européenne de Casinos 785 900 000 F
5° Accor Casinos
10(
*
)
630
300 000 F
Les groupes classés en parts de marché (1998 - 1999)
1°
Groupe Partouche 19,1 %
2° Groupe Barrière 16,7 %
3° Accor Casinos 10,1 %
4° Européenne Casinos 8,8 %
5° Groupe Tranchant 8,5 %
6° Didot Bottin 4,5 %
7° Moliflor 4,5 %
8° Emeraude 2,2 %
Total de parts de marché des groupes 74 %
Total de parts de marché des indépendants 25,9 %
4. Une sous-valorisation boursière ?
La
cotation en bourse est l'apanage des groupes qui possèdent seuls les
capacités financières pour ces opération.
Eux seuls sont capables, sur le marché financier, de mener à bien
de grosses créations -en particulier dans les grandes villes- celle
réalisée à Lyon ou celles évoquées à
Bordeaux, à Lille ou Toulouse- ou de forts investissements à
l'étranger, tout en continuant à absorber chaque année
quelques casinos français indépendants.
Pour être opérationnels à ce niveau, cinq ou six leaders
sont donc entrés en bourse avec, il faut bien le dire, des fortunes
diverses en 2000 et début 2001.
Il est un peu surprenant de constater que leurs cotations reflètent
assez mal leurs excellents résultats financiers, et qu'en particulier la
forte progression en 2000 du PBJ de tous les groupes n' a pas
coïncidé avec des parcours brillants en bourse, comme si le Palais
Brognard voulait mettre quelques temps en observation ces nouveaux venus .
La COB a pris plus de neuf mois pour accepter l'entrée en bourse sur le
second marché de l'un des plus grand groupes et a rejeté sa
première demande en 1998 d'accès au premier marché.
Pour Accor-Casinos « ce défaut de valorisation provient du
manque de lisibilité de l'avenir de la profession ».
Il donne l'exemple des difficultés du casino de Dax qui a
coûté 45 MF d'investissements pour une concession de 18 ans,
mais qui n'a toujours obtenu que 30 des machines à sous sur les 85 qu'il
a demandées au départ; l'équilibre de ce casino n'est
toujours pas en vue pour cette raison.
Le président-directeur général du groupe Tranchant est du
même avis quand il évoque le sort du casino de Cagnes-sur-Mer.
Pour l'Européenne de casinos, également, cette sous-valorisation
vient des incertitudes citées plus haut et, en 2000,de la flambée
des marchés pour les valeurs du Net.
Ce groupe, en mars 2000, a émis 512.800 obligations convertibles pour 50
millions d'Euros afin de réorganiser sa dette existante ; il en attend
une baisse de ses frais financiers et une économie de 1,52 MF par an
Cette opération montre bien les marges d'action considérables
dont disposent certains groupes français.
5. De forts investissements à l'étranger
Cette
tiédeur de la bourse surprend d'autant plus que les groupes investissent
énormément.
Ainsi le groupe Partouche, en novembre 2000, a investi 130 MF dans la
rénovation de l'établissement de bain d'Aix-en-Provence pour en
faire, début 2001, le plus grand casino du groupe.
Cet investissement suit ceux de 1998 et 1999 (587 MF) de 2000 (300 MF)
alors que la prévision pour 2001 est de 300 MF.
Au cours de ces deux dernières années, Isidore Partouche et son
équipe ont créé ou repris huit établissements parmi
lesquels : Lyon (Hilton), Port Barcares, Gruissan, la Bourboule, le Mont Dore.
Les groupes sont très présents à l'étranger.
Partouche est implanté à Bucarest, San Roque (E), en Belgique,
Tunisie et au Maroc.
L'Européenne de casinos possède six casinos : à
Prague (Hilton), Saxon (Suisse ), Spa, Chaudfontaine et Ostende (Belgique),
ainsi qu'à Reno (Etats-Unis).
Accor-Casinos est implanté à Malte.
Barrière à Montreux, etc.