EXPOSÉ GÉNÉRAL
I. LA NÉCESSITÉ DE MAÎTRISER LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE ET LES CONSÉQUENCES DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE EST AUJOURD'HUI UNANIMEMENT RECONNUE
A. SCIENTIFIQUEMENT ÉTABLIE, LA NÉCESSITÉ DE LUTTER CONTRE L'INTENSIFICATION DE L'EFFET DE SERRE FAIT AUJOURD'HUI L'OBJET D'UN CONSENSUS INTERNATIONAL.
L'effet
de serre est, à l'origine, un phénomène naturel qui est
essentiel à la régulation de la température sur la surface
du globe terrestre. Sans les gaz à effet de serre, la température
moyenne sur le globe terrestre serait de -18° C et la terre
inhabitable.
Ce phénomène est toutefois amplifié par les formes
contemporaines du développement.
La plupart des activités humaines et, en particulier, celles qui
utilisent des sources d'énergie fossiles telles que le charbon, le
pétrole ou le gaz, entraînent des émissions de gaz à
effet de serre et notamment de gaz carbonique.
Selon les études internationales menées sur ce sujet, les
émissions de gaz carbonique ont augmenté depuis l'ère
préindustrielle d'environ 50 % et pourraient être
multipliées par trois d'ici 2050
1(
*
)
.
Cette accumulation de gaz à effet de serre devrait, d'après
l'ensemble des organisations internationales étudiant ce
phénomène, entraîner des changements climatiques
importants.
Dès aujourd'hui les conséquences de cette accumulation se font
sentir.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)
qui, sous l'égide du Programme des Nations Unies pour l'Environnement
(PNUE) et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM),
regroupe près de deux mille chercheurs et experts, a ainsi mis en
évidence de nombreuses " anomalies statistiques " relatives
à l'évolution récente du climat. L'ampleur et la
persistance d'El Niño entre 1990 et 1995, phénomène
à l'origine de sécheresses et d'inondations en Amérique
Latine est un exemple de ces phénomènes climatiques
extrêmes dont on ne connaît pas de précédent depuis
plus d'un siècle.
Les inondations dont est victime le Mozambique et la tempête qui s'est
abattue sur la France, constituent également des
phénomènes climatiques extrêmes dont on peut se demander
s'ils ne constituent pas une illustration d'un dérèglement des
phénomènes climatiques.
En outre, les travaux scientifiques coordonnés par le GIEC indiquent que
la température moyenne à la surface de la terre a augmenté
de 0,3 à 0,6 °C depuis l'ère préindustrielle,
les effets de ce réchauffement ayant été jusqu'alors en
partie masqués et atténués par l'inertie thermique des
océans et par la présence croissante d'aérosols dans
l'atmosphère.
En l'absence de mesures énergiques de maîtrise des
émissions de gaz à effet de serre, le GIEC estime que la
température moyenne à la surface de la terre pourrait
s'accroître encore de 1° C à 3,5° C
entre 1990 et 2100, ce qui représente une élévation
d'environ 15 à 95 cm du niveau de la mer
2(
*
)
.
Les conséquences de ce réchauffement, trop souvent
sous-estimées, seront considérables.
B. LES RISQUES LIÉS AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE SONT CONSIDÉRABLES
Pour ce
qui concerne l'Europe, les projections concluent à un
réchauffement, accompagné d'une intensification des cycles
hydrologiques, dont l'amplitude croîtrait dans la partie nord de l'Europe
et diminuerait dans la partie sud
3(
*
)
.
En France, l'élévation du niveau de la mer provoquerait
l'inondation permanente des espaces côtiers aujourd'hui à peine ou
incomplètement émergés.
En métropole, les régions les plus concernées sont les
espaces deltaïques de la Camargue ainsi que le rivage à lagunes du
Languedoc. L'élévation de la température
entraînerait également une nette diminution (de 20 à 30 %)
de la durée de l'enneigement dans les Alpes à basse altitude
(1500 mètres).
Dans les DOM-TOM
,
la hausse des températures
des eaux
marines peut être néfaste pour les coraux qui, pour beaucoup
d'entre eux, ne survivent pas au-delà de 29° - 30°. Elle
est également susceptible d'accroître la fréquence et
l'amplitude des cyclones, particulièrement néfastes pour les
atolls
. Ces prévisions ne préjugent, en outre, pas de
l'apparition d'effets de grande ampleur qui pourraient être liés
par exemple à des bouleversements de la circulation océanique.
An niveau mondial, il est probable que les pays les moins
développés et les écosystèmes les plus
vulnérables souffriront le plus des changements climatiques.
L'augmentation de la sécheresse entraînant une chute des
rendements agricoles dans les zones arides pourrait accroître les risques
de famine. Le passage sous le niveau de la mer de zones côtières,
d'îles, d'archipels risque d'anéantir la vie sur ces territoires.
Dans les Caraïbes, le Pacifique et l'Océan Indien, les petits
Etat-Iles, regroupés au sein de l'AOSIS (Alliance des petits
états insulaires) sont, comme les DOM-TOM français,
particulièrement exposés aux risques liés au
réchauffement du climat.
Certains d'entre eux risquent d'être
en grande partie noyés sous les eaux (Maldives, Bahamas, Kiribati,
Marshall...). Tous seront concernés par la montée du niveau des
océans qui pourrait submerger des espaces côtiers fortement
urbanisés et pôles de développement économique.
La menace sérieuse qui pèse sur les bancs de coraux et la
disparition annoncée des lagons ne seront pas sans conséquences
sur ces économies fondées en large partie sur le tourisme et la
pêche côtière. Fréquemment victimes des catastrophes
naturelles et des cyclones tropicaux aux conséquences humaines et
économiques dramatiques, ces territoires risquent, plus que jamais,
d'être exposés aux phénomènes climatiques
extrêmes
D'une façon générale, l'amplitude et la fréquence
des orages, des inondations, des crues et des tempêtes, ainsi que des
cyclones, pourraient augmenter, entraînant ainsi une intensification des
accidents météorologiques.
Hormis dans les régions froides, où la mortalité due au
froid reculerait, le réchauffement climatique aurait essentiellement des
conséquences préjudiciables sur la santé humaine. Le
renforcement et l'allongement des périodes de chaleur augmenteraient,
principalement dans les villes, la mortalité et la morbidité
cardiorespiratoire. Les aires touchées par les maladies infectieuses
véhiculées par les insectes tropicaux s'étendraient
considérablement.
Enfin, d'après le second rapport du GIEC, le coût des dommages
liés à une augmentation de la température de 2,5°C
est estimé à 1,5 à 2 % du PIB mondial. Ce coût
pourrait s'élever à 1 à 1,5 % du PIB pour les pays
développés et il pourrait être très supérieur
à 2 % pour les pays en développement.
Devant l'ampleur de la menace, comme le souligne l'excellent rapport du
sénateur Serge Lepeltier
4(
*
)
,
" le principe de
précaution nous invite à maîtriser dès maintenant
nos émissions de gaz à effet de serre, qui constituent la
principale cause de perturbation du climat.
"