Proposition de loi de M. Paul VERGÈS et plusieurs de ses collègues tendant à conférer à la lutte contre l'effet de serre la qualité de priorité nationale et portant création d'un observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer
VERGES (Paul)
RAPPORT 293 (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
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Table des matières
- INTRODUCTION
-
EXPOSÉ GÉNÉRAL
- I. LA NÉCESSITÉ DE MAÎTRISER LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE ET LES CONSÉQUENCES DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE EST AUJOURD'HUI UNANIMEMENT RECONNUE
- II. LA FRANCE DOIT POURSUIVRE UNE POLITIQUE VOLONTARISTE DE MAÎTRISE DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE
- III. CETTE POLITIQUE SUPPOSE UN RENFORCEMENT DE NOTRE CAPACITÉ DE RECHERCHE DANS CE DOMAINE
- IV. LA PROPOSITION DE LOI PORTANT CRÉATION D'UN OBSERVATOIRE NATIONAL SUR LES EFFETS DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
- EXAMEN DES ARTICLES
- EXAMEN EN COMMISSION
- CONCLUSIONS DE LA COMMISSION
- TABLEAU COMPARATIF
N°
293
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 29 mars 2000
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur la proposition de loi de M. Paul VERGÈS, Mme Marie-Claude BEAUDEAU, M. Jean-Luc BÉCART, Mmes Danielle BIDARD-REYDET, Nicole BORVO, MM. Robert BRET, Yvon COLLIN, Jean DELANEAU, Jean-Paul DELEVOYE, Rodolphe DÉSIRÉ, Michel DUFFOUR, Guy FISCHER, Gaston FLOSSE, Thierry FOUCAUD, Marcel HENRY, Dominique LARIFLA, Robert LAUFOAULU, Edmond LAURET, Gérard LE CAM, Pierre LEFEBVRE, Serge LEPELTIER, Claude LISE, Mmes Hélène LUC, Lucette MICHAUX-CHEVRY, MM. Lucien NEUWIRTH, Georges OTHILY, Lylian PAYET, Jean-Pierre RAFFARIN, Jack RALITE, Ivan RENAR, Victor REUX et Mme Odette TERRADE, tendant à conférer à la lutte contre l' effet de serre et à la prévention des risques liés au réchauffement climatique la qualité de priorité nationale et portant création d'un observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer,
Par M.
Paul VERGÈS,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Paul Emorine, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Léon Fatous, Louis Moinard, Jean-Pierre Raffarin, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Paul Dubrule, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Paul Vergès, Jean-Pierre Vial, Henri Weber.
Voir le
numéro
:
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Environnement. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
La présente proposition de loi tend à créer un
Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique. Il
s'agit, au regard d'un enjeu par nature planétaire, d'un texte
d'ambition en apparence modeste.
Cet Observatoire répond avant tout à la nécessité
de développer notre capacité à prévenir les impacts
des changements climatiques et des phénomènes climatiques
extrêmes comme les cyclones et les tempêtes.
Cette nouvelle structure devrait permettre de diffuser des informations
auprès de la communauté scientifique, de sensibiliser le public
sur les enjeux liés aux changements climatiques et, enfin, d'informer
les collectivités territoriales sur les mesures de prévention et
d'adaptation susceptibles de réduire l'impact des changements
climatiques.
Elle pourrait également être l'instrument d'une meilleure
coordination des scientifiques français qui participent aux
différentes instances internationales concernées par les enjeux
climatiques. Elle dotera, en outre, la France d'un outil de coopération
avec les pays du sud et, en particulier, avec les états insulaires qui
sont particulièrement vulnérables aux conséquences du
réchauffement climatique.
Les auteurs de la présente proposition de loi, qui sont issus de
l'ensemble des groupes politiques représentés au Sénat ont
souhaité ainsi contribuer à la lisibilité, à la
crédibilité et à l'efficacité des politiques
publiques liées aux changements climatiques.
Avec l'effet de serre, la notion de responsabilité à
l'égard des générations futures prend, en effet, tout son
sens. Les mesures qui vous sont proposées contribueront à
l'avenir des petits-enfants de nos enfants, mais si nous attendons leur
avènement pour agir, il sera sans aucun doute trop tard.
C'est pourquoi la présente proposition de loi vous proposera
également de conférer à la lutte contre l'intensification
de l'effet de serre la qualité de priorité nationale.
Inscrite à l'ordre du jour de la séance mensuelle
réservée à l'initiative parlementaire du 6 avril prochain,
cette proposition de loi, que votre commission vous demande d'adopter dans le
texte résultant de ses conclusions, témoigne de la
préoccupation unanime du Sénat face aux enjeux liés aux
changements climatiques.
EXPOSÉ GÉNÉRAL
I. LA NÉCESSITÉ DE MAÎTRISER LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE ET LES CONSÉQUENCES DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE EST AUJOURD'HUI UNANIMEMENT RECONNUE
A. SCIENTIFIQUEMENT ÉTABLIE, LA NÉCESSITÉ DE LUTTER CONTRE L'INTENSIFICATION DE L'EFFET DE SERRE FAIT AUJOURD'HUI L'OBJET D'UN CONSENSUS INTERNATIONAL.
L'effet
de serre est, à l'origine, un phénomène naturel qui est
essentiel à la régulation de la température sur la surface
du globe terrestre. Sans les gaz à effet de serre, la température
moyenne sur le globe terrestre serait de -18° C et la terre
inhabitable.
Ce phénomène est toutefois amplifié par les formes
contemporaines du développement.
La plupart des activités humaines et, en particulier, celles qui
utilisent des sources d'énergie fossiles telles que le charbon, le
pétrole ou le gaz, entraînent des émissions de gaz à
effet de serre et notamment de gaz carbonique.
Selon les études internationales menées sur ce sujet, les
émissions de gaz carbonique ont augmenté depuis l'ère
préindustrielle d'environ 50 % et pourraient être
multipliées par trois d'ici 2050
1(
*
)
.
Cette accumulation de gaz à effet de serre devrait, d'après
l'ensemble des organisations internationales étudiant ce
phénomène, entraîner des changements climatiques
importants.
Dès aujourd'hui les conséquences de cette accumulation se font
sentir.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)
qui, sous l'égide du Programme des Nations Unies pour l'Environnement
(PNUE) et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM),
regroupe près de deux mille chercheurs et experts, a ainsi mis en
évidence de nombreuses " anomalies statistiques " relatives
à l'évolution récente du climat. L'ampleur et la
persistance d'El Niño entre 1990 et 1995, phénomène
à l'origine de sécheresses et d'inondations en Amérique
Latine est un exemple de ces phénomènes climatiques
extrêmes dont on ne connaît pas de précédent depuis
plus d'un siècle.
Les inondations dont est victime le Mozambique et la tempête qui s'est
abattue sur la France, constituent également des
phénomènes climatiques extrêmes dont on peut se demander
s'ils ne constituent pas une illustration d'un dérèglement des
phénomènes climatiques.
En outre, les travaux scientifiques coordonnés par le GIEC indiquent que
la température moyenne à la surface de la terre a augmenté
de 0,3 à 0,6 °C depuis l'ère préindustrielle,
les effets de ce réchauffement ayant été jusqu'alors en
partie masqués et atténués par l'inertie thermique des
océans et par la présence croissante d'aérosols dans
l'atmosphère.
En l'absence de mesures énergiques de maîtrise des
émissions de gaz à effet de serre, le GIEC estime que la
température moyenne à la surface de la terre pourrait
s'accroître encore de 1° C à 3,5° C
entre 1990 et 2100, ce qui représente une élévation
d'environ 15 à 95 cm du niveau de la mer
2(
*
)
.
Les conséquences de ce réchauffement, trop souvent
sous-estimées, seront considérables.
B. LES RISQUES LIÉS AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE SONT CONSIDÉRABLES
Pour ce
qui concerne l'Europe, les projections concluent à un
réchauffement, accompagné d'une intensification des cycles
hydrologiques, dont l'amplitude croîtrait dans la partie nord de l'Europe
et diminuerait dans la partie sud
3(
*
)
.
En France, l'élévation du niveau de la mer provoquerait
l'inondation permanente des espaces côtiers aujourd'hui à peine ou
incomplètement émergés.
En métropole, les régions les plus concernées sont les
espaces deltaïques de la Camargue ainsi que le rivage à lagunes du
Languedoc. L'élévation de la température
entraînerait également une nette diminution (de 20 à 30 %)
de la durée de l'enneigement dans les Alpes à basse altitude
(1500 mètres).
Dans les DOM-TOM
,
la hausse des températures
des eaux
marines peut être néfaste pour les coraux qui, pour beaucoup
d'entre eux, ne survivent pas au-delà de 29° - 30°. Elle
est également susceptible d'accroître la fréquence et
l'amplitude des cyclones, particulièrement néfastes pour les
atolls
. Ces prévisions ne préjugent, en outre, pas de
l'apparition d'effets de grande ampleur qui pourraient être liés
par exemple à des bouleversements de la circulation océanique.
An niveau mondial, il est probable que les pays les moins
développés et les écosystèmes les plus
vulnérables souffriront le plus des changements climatiques.
L'augmentation de la sécheresse entraînant une chute des
rendements agricoles dans les zones arides pourrait accroître les risques
de famine. Le passage sous le niveau de la mer de zones côtières,
d'îles, d'archipels risque d'anéantir la vie sur ces territoires.
Dans les Caraïbes, le Pacifique et l'Océan Indien, les petits
Etat-Iles, regroupés au sein de l'AOSIS (Alliance des petits
états insulaires) sont, comme les DOM-TOM français,
particulièrement exposés aux risques liés au
réchauffement du climat.
Certains d'entre eux risquent d'être
en grande partie noyés sous les eaux (Maldives, Bahamas, Kiribati,
Marshall...). Tous seront concernés par la montée du niveau des
océans qui pourrait submerger des espaces côtiers fortement
urbanisés et pôles de développement économique.
La menace sérieuse qui pèse sur les bancs de coraux et la
disparition annoncée des lagons ne seront pas sans conséquences
sur ces économies fondées en large partie sur le tourisme et la
pêche côtière. Fréquemment victimes des catastrophes
naturelles et des cyclones tropicaux aux conséquences humaines et
économiques dramatiques, ces territoires risquent, plus que jamais,
d'être exposés aux phénomènes climatiques
extrêmes
D'une façon générale, l'amplitude et la fréquence
des orages, des inondations, des crues et des tempêtes, ainsi que des
cyclones, pourraient augmenter, entraînant ainsi une intensification des
accidents météorologiques.
Hormis dans les régions froides, où la mortalité due au
froid reculerait, le réchauffement climatique aurait essentiellement des
conséquences préjudiciables sur la santé humaine. Le
renforcement et l'allongement des périodes de chaleur augmenteraient,
principalement dans les villes, la mortalité et la morbidité
cardiorespiratoire. Les aires touchées par les maladies infectieuses
véhiculées par les insectes tropicaux s'étendraient
considérablement.
Enfin, d'après le second rapport du GIEC, le coût des dommages
liés à une augmentation de la température de 2,5°C
est estimé à 1,5 à 2 % du PIB mondial. Ce coût
pourrait s'élever à 1 à 1,5 % du PIB pour les pays
développés et il pourrait être très supérieur
à 2 % pour les pays en développement.
Devant l'ampleur de la menace, comme le souligne l'excellent rapport du
sénateur Serge Lepeltier
4(
*
)
,
" le principe de précaution nous invite à
maîtriser dès maintenant nos émissions de gaz à
effet de serre, qui constituent la principale cause de perturbation du
climat.
"
II. LA FRANCE DOIT POURSUIVRE UNE POLITIQUE VOLONTARISTE DE MAÎTRISE DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE
A. LA FRANCE A JOUÉ UN RÔLE PIONNIER POUR MOBILISER LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
Si les
pays en développement risquent d'être, à l'avenir, les
principales victimes et les principaux responsables de l'accroissement des
émissions de gaz à effet de serre, les pays
industrialisés, qui ont une responsabilité historique en la
matière, doivent s'engager les premiers dans la maîtrise des
émissions, de manière suffisamment crédible pour rallier
les pays en voie de développement.
De ce point de vue, la France a été un des premiers pays
à jouer un rôle actif pour la mise en place d'engagements
internationaux contraignants.
C'est, en effet, à l'initiative de la France, de l'Espagne et des
Pays-Bas, que la première grande conférence internationale sur le
changement climatique s'est tenue à La Haye en mars 1989, en
présence de quatre-vingts pays.
Cette démarche s'est poursuivie au
sommet " Planète terre "
tenu à Rio de Janeiro en juin 1992
, où 171 Etats, dont tous
les Etats européens, ainsi que l'Union européenne, signataire
à part entière, ont ratifié la convention-cadre des
Nations-Unies sur le changement climatique, dont l'objectif ultime est "
la
stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans
l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation
anthropique du système climatique ".
Ce Sommet a été pour votre rapporteur une étape
déterminante dans la prise de conscience planétaire d'une
responsabilité collective à l'égard de la
préservation de l'environnement. C'est, en effet, la première
fois que des hommes issus du monde entier ont clairement reconnu, à
travers un acte réel de civilisation, la nécessité de
protéger, pour les générations futures, la planète
terre contre leur capacité de destruction.
Dans le cadre de cette convention, entrée en vigueur le 21 mars 1994,
les pays dits " de l'Annexe I ", c'est-à-dire les pays de l'OCDE, dont
la France, l'Ukraine et la Russie, ainsi que la plupart des pays d'Europe
orientale, se sont engagés à stabiliser le volume de leurs
émissions de gaz à effet de serre en l'an 2000 au même
niveau qu'en 1990.
Au Sommet de Kyoto de décembre 1997, ces engagements ont
été prolongés pour la période 2008-2012 :
les
pays industrialisés se sont engagés à réduire en
moyenne de 5,2 % leurs émissions de gaz à effet de serre sur
la période 2008-2012 par rapport à 1990, l'Union
européenne s'engageant pour sa part à réduire ses
émissions de 8 %.
Ces objectifs quantifiés sont relativement modestes d'un point de vue
environnemental. Leur respect ne ferait, en effet, que ralentir
légèrement la progression des concentrations de gaz à
effet de serre dans l'atmosphère et retarder un peu les effets du
changement climatique.
Le respect de ces engagements suppose cependant, comme le souligne le rapport
du Commissariat général du Plan " Energie
2010-2020 "
5(
*
)
, une inflexion majeure des
tendances de la consommation d'énergie dans les pays les plus
développés.
B. LA FRANCE DOIT POURSUIVRE AU NIVEAU NATIONAL UNE POLITIQUE VOLONTARISTE DE MAÎTRISE DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE
Pour la
France, le protocole de Kyoto dans sa répartition
intra-européenne se traduit par l'obligation de ne pas dépasser
en moyenne, sur les cinq années 2008 à 2012, le niveau
d'émission de gaz à effet de serre.
D'après le dernier rapport de la Mission interministérielle de
l'effet de serre, la France pourra remplir dès cette année ses
engagements. Toutefois ce résultat ne saurait être dissocié
de la faible conjoncture économique du début de la
décennie. Il est également imputable à la baisse des
émissions dans le secteur industriel et à des effets de mesures
prises qui devraient se stabiliser entre 2000 et 2002.
En réalité, si des mesures supplémentaires à
celles déjà décidées ne sont pas prises, on
prévoit une hausse constante des émissions de gaz à effet
de serre entre 2000 et 2010, liée pour l'essentiel à une
consommation croissante d'énergie d'origine fossile.
Ainsi en 1990, la France a émis 144 millions de tonnes
équivalent carbone. Si nous n'agissions pas, ce chiffre serait de
175 millions de tonnes en 2010. Avec les mêmes mesures que celles
adoptées avant la conférence de Kyoto, et à la condition
que ces mesures soient intégralement respectées -ce qui n'a pas
été tout à fait le cas- la projection de 2010 serait de
160 millions de tonnes équivalent carbone.
Nos engagements à l'intérieur de l'Europe, suite au protocole de
Kyoto nous obligent, en outre, à ne pas dépasser le niveau des
émissions de gaz à effet de serre de l'année 1990, soit
144 millions de tonnes. C'est donc au moins 16 millions de tonnes de
carbone qu'il nous faut éviter dans les dix prochaines années.
Ce défi a conduit le Gouvernement à adopter, le
24 janvier dernier, un nouveau programme français d'action contre
le risque de changement climatique pour la période 2000-2010
.
Ce programme décrit l'ensemble des moyens que les pouvoirs publics vont
mettre en oeuvre pour respecter les engagements internationaux de notre pays.
Il comporte une centaine de nouvelles mesures qui font appel à une
mobilisation de tous les secteurs et combinent le recours à
différents instruments. Seront cependant concernés au premier
chef les secteurs des transports, de l'habitat et des services.
Les actions retenues comportent des mesures " classiques "
déjà expérimentées pour la maîtrise de
l'énergie : information, dispositions contractuelles. Le programme
s'appuie aussi sur une relance vigoureuse de la politique de maîtrise de
l'énergie qui s'est traduite par une dotation annuelle spécifique
de l'ADEME de 500 millions de francs.
Ce plan d'action fait également appel, dans le cadre européen,
à des allégements fiscaux favorisant l'usage d'équipements
plus efficaces, ainsi qu'à la fiscalité environnementale pour
modérer les consommations. Celle-ci évoluera progressivement au
cours de la période et pourrait atteindre 500 francs par tonne de
carbone en 2010. Le Gouvernement a, par ailleurs, arrêté ses
orientations à moyen terme en matière de fiscalité
énergétique : l'écart de taxation entre le gazole et le
" super " devrait rejoindre en 2005 la moyenne européenne, la
Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP) serait
appliquée aux consommations d'énergie des entreprises.
Le programme prévoit des mesures de plus long terme, comme le soutien
aux énergies renouvelables, le renforcement continu des normes
énergétiques dans le bâtiment, la programmation des
investissements nécessaires à une meilleure répartition du
transport de marchandises entre la route et les autres modes, la
définition d'un urbanisme moins gaspilleur en énergie.
Enfin, les divers niveaux territoriaux pertinents sont identifiés.
Ainsi, le programme contient un certain nombre de mesures dont la pleine
efficacité demande qu'elles soient établies ou harmonisées
au niveau européen, tel est en particulier le cas pour les instruments
économiques. Cela est d'autant plus nécessaire que beaucoup
d'Etats membres de l'Union Européenne adoptent dans ce domaine des
dispositions de même nature.
Le programme prévoit par ailleurs l'extension des premières
expériences de coopération entre l'Etat et les
collectivités territoriales en matière de maîtrise des
émissions, amorcées à l'occasion de l'élaboration
des contrats de plan Etat-Régions, dans le cadre notamment des
contractualisations avec les agglomérations qui seront
négociées au cours de l'année 2000.
L'adoption de ce programme devrait permettre à la France d'être
en mesure de respecter les engagements qui résultent pour elle du
protocole de Kyoto, dont la ratification sera soumise à l'approbation du
Parlement avant la fin de la présente session.
Il devrait donc
permettre d'aborder la conférence de La Haye en position de force.
Cette conférence, programmée en novembre de cette
année, déterminera l'essentiel des conditions d'application du
Protocole de Kyoto.
La ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement y présidera la délégation française
et, en raison de la Présidence française, celle de l'Union
Européenne.
C'est une occasion pour que la France montre l'exemple et
fasse de la lutte contre l'effet de serre une priorité nationale.
III. CETTE POLITIQUE SUPPOSE UN RENFORCEMENT DE NOTRE CAPACITÉ DE RECHERCHE DANS CE DOMAINE
A. DE NOMBREUX ORGANISMES CONTRIBUENT À LA CONNAISSANCE DE L'EFFET DE SERRE ET DES RISQUES LIÉS AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
L'amélioration de l'efficacité des politiques
publiques de lutte contre l'intensification de l'effet de serre suppose une
connaissance approfondie des émissions de gaz à effets de serre,
de leurs déterminants et de leurs conséquences sur les
changements climatiques ainsi qu'un suivi des mesures adoptées pour
limiter leur émission.
Cette connaissance suppose, d'une part, un inventaire systématique des
émissions et, d'autre part, un suivi de l'évolution des
changements climatiques. La connaissance des déterminants de ces
émissions implique également un champ d'étude très
vaste qui englobe aussi bien l'évolution du parc des véhicules,
du parc des bâtiments, des modes de consommation que l'évolution
économique et démographique. La connaissance de ces
déterminants est, en effet, un préalable à la constitution
de modèles permettant de reconstituer ces émissions et de les
projeter dans l'avenir.
Le suivi des mesures adoptées pour limiter les émissions de gaz
à effet de serre et de leur degré d'application est
également nécessaire à l'efficacité de la politique
menée. Ce suivi devrait non seulement faire un bilan de l'état
d'application des mesures, mais aussi analyser leur impact sur les
émissions de gaz à effet de serre.
La France dispose, pour recueillir l'ensemble de ces données, d'une
capacité importante de recherche sur l'effet de serre. Le
caractère transversal et pluridisciplinaire de la problématique
fait intervenir de nombreux d'organismes.
En matière de recherche fondamentale et finalisée,
le Groupe
d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC)
constitue
l'expertise scientifique sur laquelle reposent les décisions prises
ensuite dans le cadre de la Convention sur le Climat.
Actuellement les recherches menées en relation avec le GIEC portent sur
les aspects scientifiques de l'évolution du climat. Elles incluent la
recherche sur les mécanismes physiques du climat, les réseaux
d'observation du climat, l'évaluation des émissions de gaz
à effet de serre, les scénarios d'émission de ces gaz pour
le futur et la prévision climatique.
La réalisation des observations systématiques de l'état du
climat repose quant à elle sur des organismes opérationnels et en
grande partie sur
Météo-France,
le
Centre national
d'études spatiales et l'Institut national des Sciences de l'Univers
pour ce qui concerne l'atmosphère et les océans.
La réalisation des inventaires d'émissions de gaz à effet
de serre est traitée par le
CITEPA
(Centre interprofessionnel
technique d'Etudes de la Pollution atmosphérique) sous contrat du
ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
L'analyse scientifique, socio-économique et technique des impacts de
l'évolution du climat font eux l'objet
d'un programme de recherche
sur la Gestion et les impacts des changements climatiques (GICC)
rassemblant de nombreux organismes dont
le Centre national de recherche
scientifique (CNRS), le Commissariat à l'énergie atomique (CEA),
l'Institut national de recherche agronomique (INRA)
et le
Centre
international de recherche en agriculture et développement (CIRAD).
L'effort de recherche de la France sur les aspects scientifiques, les impacts
et les implications socio-économiques du changement climatique
lié à l'accroissement de l'effet de serre s'intègre au
niveau européen dans le
programme " Environnement et
développement durable " du 5ème Programme Communautaire de
Recherche et Développement.
Dans ce cadre, l'accent est mis, tout comme dans le programme GICC sur le
développement nécessaire des méthodes et outils
d'évaluation des stratégies de prévention et d'adaptation
aux changements climatiques.
Le suivi des mesures de lutte contre l'intensification de l'effet de serre est,
enfin, assuré par la
Mission interministérielle de l'effet de
serre (MIES)
créée en 1992. La MIES a plus
généralement pour mission d'assurer, de coordonner et
d'organiser, en concertation avec les associations et les partenaires
économiques et sociaux, la préparation et la réalisation
du programme français de prévention de changement de climat. Elle
prépare les positions à défendre dans la
négociation internationale et assiste le ministère des affaires
étrangères dans le déroulement de ces négociations.
Elle participe aux groupes d'experts techniques traitant de ce sujet au niveau
communautaire et international.
La lutte contre l'effet de serre fait également l'objet de nombreux
travaux parlementaires.
L'office parlementaire d'évaluation des choix
scientifiques et technologiques
a, en particulier, chargé notre
collègue Marcel Deneux d'une étude sur le sujet.
B. CETTE CAPACITÉ DE RECHERCHE SUR L'EFFET DE SERRE DOIT ÊTRE RENFORCÉE ET MIEUX COORDONNÉE
La
maîtrise des émissions de gaz à effet de serre impliquera
à terme des choix collectifs et privés contraignants, que les
citoyens n'accepteront que s'il existe une prise de conscience collective des
grands enjeux liés au changement climatique. Comme le souligne le
Sénateur Serge Lepeltier : "
le renforcement de
l'information des citoyens est donc un préalable
nécessaire
à la mise en oeuvre d'instruments
économiques. Cette information doit porter sur les causes du changement
climatique (...). Elle doit également attirer l'attention sur les
conséquences prévisibles du changement
climatique. "
6(
*
)
Cette prise de conscience collective doit s'appuyer sur des données
indiscutables
. La crédibilité et l'efficacité de la
lutte contre l'effet de serre exigent de lever les nombreuses incertitudes qui
demeurent sur les mécanismes déterminants des changements
climatiques
. On ne peut, à cet égard, que rejoindre les
propos du Premier ministre, M. Lionel Jospin, lorsqu'il souligne
"
à quel point l'information la plus précise -donc la
plus scientifique possible- sur l'état véritable du
réchauffement climatique paraît indispensable
"
7(
*
)
.
Cet effort d'information suppose de renforcer notre capacité de
recherche.
L'effet de serre n'est, en effet, encore pour beaucoup de laboratoires qu'un
thème accessoire par rapport à une activité principale. La
multiplicité des causes et des conséquences du
réchauffement climatique conduit en outre à faire intervenir un
nombre important de laboratoires spécialisés.
La diversité des structures concernées par ce domaine suppose
de veiller constamment à ce que la problématique de l'effet de
serre soit prise en compte dans la définition des programmes de
recherche.
De ce point de vue, la proposition formulée dans le
rapport de la MIES de mettre en place "
un mécanisme
garantissant la motivation des organismes institutionnels et de recherche sur
ce sujet
" afin
d'" assurer une présence à tous
les niveaux, comparable à celle des autres grands pays
développés. "
mériterait d'être retenue. La
diversité des structures impose également qu'une
meilleure
coordination des travaux
soit recherchée afin d'assurer la
complémentarité des efforts de recherches entrepris et une plus
grande efficience des dépenses engagées.
Ce renforcement de la capacité de recherche sur l'effet de serre
permettrait, en outre, de mieux faire valoir les positions de la France dans
les négociations internationales
. Le développement de la
participation de la France au GIEC permettrait, en particulier, que ses
préoccupations scientifiques soient mieux prises en compte, dans le
cadre de l'élaboration des rapports du GIEC qui servent de fondement aux
décisions prises dans le cadre de la Convention sur le climat.
Une meilleure connaissance des causes des changements climatiques et de
leurs conséquences pourrait, en outre, contribuer à la politique
de coopération en faveur des pays en voie de développement.
Certains pays en développement et, en particulier, les pays insulaires
de faible altitude et les pays à zones côtières de basse
altitude sont, du fait de leur vulnérabilité aux changements
climatiques, particulièrement demandeurs d'un développement des
connaissances scientifiques sur l'évolution des climats et ses
conséquences.
Depuis la conférence de Rio, la France a déjà mis en place
des actions diverses visant à mieux connaître l'évolution
des climats et la progression de la désertification, et à
favoriser l'adoption de chemins de développement moins émetteurs
de gaz à effet de serre dans les pays en développement.
La France soutient par ailleurs des mécanismes de financement qui
contribuent à la lutte contre l'effet de serre dans les pays du Sud,
tels que le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et le Fonds
français pour l'Environnement mondial (FFEM). Au sein de l'ICRI
(Initiative internationale en faveur des récifs coralliens et
écosystèmes associés) , la France a enfin pris des
initiatives dont l'Initiative française pour les récifs
coralliens (IFRECOR) afin d'aider les pays les plus vulnérables.
Ces efforts doivent être poursuivis et amplifiés. L'engagement des
pays en voie de développement dans la voie du développement
durable, dépend en partie de la capacité des pays
industrialisés à répondre à leurs besoins
spécifiques. De ce point de vue, la connaissance des conséquences
des changements climatiques est un élément essentiel pour leur
permettre d'accroître la capacité d'adaptation à ces
changements.
IV. LA PROPOSITION DE LOI PORTANT CRÉATION D'UN OBSERVATOIRE NATIONAL SUR LES EFFETS DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
La
présente proposition de loi tend à conférer à la
lutte contre l'effet de serre et à la prévention des risques
liés au réchauffement climatique la qualité de
priorité nationale.
Il s'agit de témoigner de la
préoccupation de la représentation nationale face à cet
enjeu majeur pour les prochains siècles. Il apparaît, en effet,
normal que les changements climatiques qui représentent "
la
plus grande menace pour le développement durable du monde, la
santé publique et la prospérité future
"
8(
*
)
soient ainsi consacrés comme une des
priorités des politiques publiques.
Le texte qui nous est proposé tend également à
créer un observatoire national sur les effets du réchauffement
climatique en France métropolitaine et dans les territoires
d'outre-mer.
Cet observatoire national serait chargé d'approfondir la connaissance
des risques liés au réchauffement climatique en France
métropolitaine et dans les départements et territoires
d'outre-mer et d'en mesurer l'impact sur l'aménagement et le
développement des régions. Il aurait également pour
mission d'élaborer des recommandations pour la définition, par
les autorités compétentes, de politiques tant nationales que
régionales d'adaptation et de prévention aux risques du
réchauffement climatique. Il rendrait public un rapport annuel.
Dans l'esprit de votre rapporteur,
cet observatoire répond tout
d'abord à la nécessité de développer notre
capacité à prévenir les impacts des changements
climatiques et des phénomènes climatiques extrêmes pour
réduire la vulnérabilité de nos territoires.
L'analyse de l'évolution des phénomènes climatiques et de
leur impact est, en effet, un des domaines où notre capacité de
recherche devrait être renforcée. Comme le souligne le rapport
précité de la MIES, "
le développement d'une
capacité de prévision des impacts à partir des
données fournies par les outils de prévision du climat
présenterait un grand intérêt pour réduire la
vulnérabilité, en permettant la mise en oeuvre des mesures
d'adaptation
"
9(
*
)
. Celles-ci exigent
une connaissance de la vulnérabilité des
éco-systèmes, des systèmes hydrologiques, des
systèmes côtiers et des infrastructures, ainsi que des effets des
changements climatiques sur la santé et sur la demande et l'offre
d'énergie. Or, celle-ci n'est aujourd'hui que très partielle.
Cette nouvelle structure répond également à un besoin de
recueillir, de consolider, et de diffuser des informations actuellement
disséminées dans les différents centres de recherche
.
Comme le montre le schéma suivant, l'observatoire national sur les
effets du réchauffement climatique pourrait recueillir l'ensemble des
travaux sur ce thème et consolider des observations satellites et
météorologiques pour les mettre à la disposition de la
communauté scientifique et de la mission interministérielle sur
l'effet de serre.
. AOSIS : Alliance of Small Island State
. COP : Conférence des parties
. CIRAO : Centre international de recherche en Agriculture et
Développement
. FEM : Fonds pour l'environnement mondial, (GEF, Global environment
facility)
. FFEM : Fonds français pour l'environnement mondial
. GIEC : Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution
du climat (IPCC, Intergovernmental panel on climate change)
. ICRI : Initiative internationale en faveur des récifs
coralliens et écosystèmes associés
. IEPF : Institut pour l'environnement et l'énergie de la
Francophonie (Québec)
. IFEN : Institut français de l'environnement
. IFRECOR : Initiative française pour les récifs
coralliens
. INSU : Institut national des Sciences de l'Univers
. MDP : mécanisme pour un développeemnt propre (CDM,
Clean Development Mechanism)
. MIES : Mission interministérielle sur l'évolution du
climat
. PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
(UNDP)
. PNUE : Programme des Nations Unies pour l'environnement (UNEP)
. UN CCCC : Convention Cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques
Cette centralisation des données devrait
s'accompagner de
l'observation des effets des changements climatiques sur le terrain, notamment
au niveau de la végétation et des récifs coralliens.
Grâce à ses départements et territoires d'outre-mer, la
France est le seul pays européen à disposer des moyens de faire
effectuer des observations dans l'Océan Pacifique, dans les
Caraïbes, et dans l'Océan Indien. Il convient de profiter
pleinement de cette opportunité.
Le recueil de ces données devrait permettre de mener une politique
d'information et de sensibilisation du public
sur les enjeux liés
aux changements climatiques.
Votre rapporteur estime
que cette information devait également
profiter aux collectivités territoriales et à leurs
responsables.
L'expérience de la tempête qui s'est abattue sur
la France l'hiver dernier montre, en effet, que les élus locaux ont
besoin d'un interlocuteur qui puisse les alerter sur les risques climatiques et
les renseigner sur les mesures de prévention et d'adaptation
susceptibles de réduire l'impact des changements climatiques.
L'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique
pourrait également être l'instrument d'une meilleure coordination
des scientifiques français qui participent aux différentes
instances internationales
concernées par les enjeux
climatiques
. Cette coordination favoriserait la synergie et la
cohésion des différentes positions prises dans ces instances et
devrait ainsi permettre d'assurer une meilleure diffusion de la position
française au niveau mondial.
La mise en place de cette structure devrait, en outre, améliorer la
capacité de la France à s'engager dans des politiques de
coopération avec les pays du sud
. Elle permettrait, en particulier,
aux DOM et aux TOM d'engager une coopération renforcée avec les
petits Etats-îles regroupés au sein de l'alliance des petits Etats
insulaires (AOSIS) qui sont particulièrement concernés par les
conséquences du réchauffement climatique.
Il est de l'intérêt de la France de pouvoir associer l'ensemble de
ces Etats à sa politique de lutte contre l'effet de serre. La France a
en effet besoin, pour faire avancer ses positions au sein des instances
internationales, d'avoir le soutien du plus grand nombre d'Etats. Elle
gagnerait de ce point de vue à s'inspirer des Etats-Unis qui ont, depuis
longtemps, compris l'intérêt de promouvoir par des
opérations de coopération leur position auprès des pays en
voie de développement.
Ces considérations ont conduit votre commission à adopter les
dispositions de la présente proposition de loi sous réserve
d'amendements tendant à préciser et à recentrer les
missions de l'observatoire afin d'assurer la complémentarité avec
les organismes existants et, en particulier, avec la Mission
interministérielle sur l'effet de serre.
Outre des modifications rédactionnelles, votre commission vous propose
de recentrer les missions de l'observatoire sur "
la collecte et la
diffusion des informations, des études et des recherches relatives aux
risques liés au réchauffement climatique et aux
phénomènes climatiques extrêmes en France
métropolitaine et dans les départements et territoires
d'outre-mer
", ainsi que sur des "
actions d'information
auprès du public et des collectivités territoriales
".
Elle propose également de préciser que ces missions seront
exercées "
en liaison avec les établissements et
instituts de recherche concernés ainsi qu'avec le Groupe d'experts
intergouvernementaux sur l'évolution du climat (GIEC)
".
Cette nouvelle structure a, en effet, vocation à fédérer
les travaux des différents établissement des instituts de
recherche qui travaillent déjà sur ce sujet et à
réunir des équipes issues de ces différents laboratoires.
Elle ne saurait en aucun cas travailler en concurrence avec les structures
existantes. La référence au GIEC participe aussi de la même
logique et tend également à inscrire les travaux de
l'observatoire dans une perspective internationale.
Il est apparu également utile de confier à l'observatoire des
missions de sensibilisation du public et d'information des collectivités
territoriales. Un des principaux obstacles à l'adoption de mesures
volontaristes est l'absence de prise de conscience collective sur les enjeux du
changement climatique. Le laboratoire pourrait donc dans ce domaine jouer un
rôle tout à fait positif en informant et en diffusant les
résultats de la recherche scientifique dans ce domaine.
L'information des collectivités territoriales est également
essentielle pour permettre aux élus locaux d'alerter leurs concitoyens
sur les risques et sur les mesures de prévention d'adaptation
susceptibles de limiter l'impact du réchauffement climatique et des
phénomènes climatiques extrêmes.
Dans cette perspective, votre commission a souhaité que le rapport
d'information de l'observatoire puisse également contenir des
recommandations sur ce sujet précis.
Si votre commission a ainsi souhaité préciser les missions de
l'observatoire, elle n'a pas jugé opportun d'en déterminer la
composition et les règles de fonctionnement qui, non seulement,
relèvent du domaine réglementaire, mais devraient
également faire l'objet d'une négociation entre les
différents centres de recherches concernés.
Les différentes auditions auxquelles votre rapporteur a
procédé l'ont néanmoins conduit à imaginer ce que
pourraient être les principales caractéristiques de ce laboratoire.
S'agissant de la nature juridique de cet organisme, il semble que la formule du
Groupement d'intérêt public (GIP) soit la plus adaptée.
Dotant l'observatoire d'une personnalité morale, le GIP permettrait de
lui confier une réelle autonomie de gestion.
La loi du 15 juillet 1982 d'orientation et de programmation pour la
recherche et le développement technologique en France prévoit, en
effet, que "
des groupements d'intérêt public dotés
de la personnalité morale et de l'autonomie financière peuvent
être constitués entre les établissements publics ayant une
activité de recherche et de développement technologique, entre
l'un ou plusieurs d'entre eux et une ou plusieurs personnes morales de droit
public ou de droit privé pour exercer ensemble, pendant une durée
déterminée, des activités de recherche ou de
développement technologique, ou gérer des équipements
d'intérêt commun nécessaires à ces
activités.
"
Il semble, par ailleurs, souhaitable qu'outre les différents organes
prévus par le statut des GIP, l'observatoire soit doté d'un
conseil d'orientation réunissant des scientifiques de réputation
internationale afin d'asseoir la crédibilité et la
notoriété de l'observatoire au sein du public et de la
communauté scientifique internationale.
*
* *
Sous réserve de ces observations, votre commission vous demande d'adopter la proposition de loi dans le texte résultant de ses conclusions, tel qu'il est inclus dans le présent rapport.
EXAMEN DES ARTICLES
Article 1
er
-
Reconnaissance d'une
priorité nationale
Cet
article tend à conférer à la lutte contre l'effet de serre
et à la prévention des risques liés au
réchauffement climatique le caractère de priorité
nationale.
Si votre commission est traditionnellement réservée à
l'égard de dispositions de nature essentiellement déclaratoire,
l'expérience montre que l'affirmation solennelle par le Parlement d'une
priorité nationale peut avoir une influence positive sur la
considération portée et les moyens attribués à une
politique.
Sous réserve d'une modification rédactionnelle, votre
commission vous propose d'adopter cet article.
Article 2 -
Création d'un observatoire
national
sur les effets du réchauffement climatique
Cet
article tend à créer un observatoire national sur les effets du
réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les
départements et territoires d'outre-mer.
Le nom proposé pour cet observatoire correspond ainsi à son
objet, à savoir la connaissance des effets des changements climatiques,
et à son champ de compétence géographique,
c'est-à-dire non seulement la métropole mais aussi les
départements et territoires d'outre-mer qui, de par leur situation, sont
particulièrement exposés aux risques liés aux changements
climatiques et constituent, de ce fait, des terrains d'observation
privilégiés.
Votre commission vous propose d'adopter cet article dans le texte de la
proposition de loi.
Article 3 -
Mission de l'observatoire
Cet
article tend à définir les missions de l'observatoire national
sur les effets du réchauffement climatique.
Il dispose, en premier lieu, que l'observatoire est chargé d'approfondir
la connaissance des risques liés au réchauffement climatique en
France métropolitaine et dans les départements et territoires
d'outre-mer et d'en mesurer l'impact sur l'aménagement et le
développement des régions.
Votre commission a, sur ce point, précisé ce qu'il fallait
entendre par l'approfondissement de la connaissance. Afin d'insister sur le
rôle de l'observatoire en matière de coordination et de
centralisation des données, il est apparu souhaitable d'indiquer que
l'observatoire peut lui-même collecter des informations sur les
changements climatiques et ses conséquences grâce à une
expertise scientifique propre, mais aussi à des études et
recherches effectuées par les nombreux laboratoires de recherche
concernés.
Dans cette perspective, il semble également utile de souligner que
l'observatoire exerce ses missions en liaison avec les établissements et
instituts de recherche concernés et le groupe d'experts
intergouvernementaux sur l'évolution du climat.
Dans ce domaine, qui implique des spécialités extrêmement
variées puisque les conséquences des changements climatiques
concernent aussi bien les spécialistes du climat que ceux de
l'agriculture, des infrastructures ou de la santé, il était en
effet important d'indiquer que l'observatoire devait travailler en
réseau avec l'ensemble des laboratoires concernés et, en
particulier, avec les laboratoires associés aux travaux du GIEC.
Cet article prévoit, en second lieu, que l'observatoire est
également chargé d'élaborer des recommandations pour la
définition, par les autorités compétentes, des politiques
nationales et régionales d'adaptation et de prévention face aux
risques du réchauffement climatique.
Le recentrage de l'observatoire sur un travail de collecte et de diffusion en
réseau avec les laboratoires de recherche a conduit votre commission
à supprimer ces dispositions. Il y avait là un risque
évident de chevauchement avec les missions de la MIES, dont la
principale attribution est la proposition et le suivi des mesures tendant
à limiter les émissions de gaz à effets de serre et les
conséquences des changements climatiques.
Votre commission a, en revanche, souhaité doter l'observatoire d'une
mission d'information du public et des collectivités territoriales. Il
s'agit ainsi de combler un besoin tant en matière de sensibilisation du
public aux enjeux liés aux changements climatiques qu'en matière
d'information des élus locaux sur les risques et les mesures de
prévention et d'adaptation susceptibles de limiter l'impact du
réchauffement climatique et des phénomènes climatiques
extrêmes.
Votre commission vous propose d'adopter cet article ainsi
rédigé.
Article 4 -
Rapport annuel de
l'observatoire
Cet
article prévoit que l'observatoire communique, annuellement, un rapport
d'information.
Outre des modifications tendant à préciser que le rapport annuel
est transmis au Premier ministre et au Parlement, votre commission souhaite
préciser que le rapport d'information peut contenir des recommandations
sur les mesures de prévention et d'adaptation susceptibles de limiter
les risques liés au réchauffement climatique.
Votre commission vous demande d'adopter cet article ainsi
rédigé.
Article 5 -
Composition et règles de
fonctionnement de l'observatoire
Cet
article prévoit que le siège, la composition, les modes de
désignation des membres et les règles de fonctionnement de
l'observatoire sont fixés par décret.
Les règles définissant la composition et le mode de
fonctionnement de l'observatoire relèvent, en effet, du domaine
réglementaire. Elles devraient, en outre, faire l'objet d'une large
négociation entre les différents centres de recherche qui
pourraient participer à ces travaux. Votre rapporteur a
déjà fait part de sa préférence pour la formule du
groupe d'intérêt public, qui permettrait de donner aux
laboratoires une réelle autonomie et d'associer, -dans une structure
plus souple qu'un établissement public-, l'ensemble des acteurs
concernés.
Votre commission vous propose d'adopter cet article dans le texte de la
proposition de loi.
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
de sa séance du mercredi 29 mars 2000, la commission a
procédé à l'examen du rapport de M. Paul Vergès sur
sa proposition de loi n° 159 (199-2000), tendant à
conférer à la lutte contre l'effet de serre et à la
prévention des risques liés au réchauffement climatique la
qualité de priorité nationale et portant création d'un
observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en
France métropolitaine et dans les départements et territoires
d'outre-mer.
Evoquant tout d'abord le contexte dans lequel s'inscrivait cette proposition de
loi, M. Paul Vergès, rapporteur, a rappelé que la
nécessité de maîtriser les émissions de gaz à
effets de serre et les conséquences du réchauffement climatique
faisaient aujourd'hui l'objet d'un consensus international. Il a relevé
que les dernières études internationales, fruits de la
réflexion de plus de 2.000 chercheurs et experts, estimaient que la
température moyenne à la surface de la terre pourrait
s'accroître de 2 à 3,5 degrés d'ici le siècle
prochain, entraînant une élévation du niveau de la mer
d'environ 50 à 95 centimètres. Il a précisé
qu'en France, l'élévation du niveau de la mer provoquerait
l'inondation permanente des espaces côtiers aujourd'hui à peine
émergés et que dans les départements et territoires
d'outre mer, la hausse de la température des eaux marines pourrait
détruire une grande partie de la barrière corallienne et
accroître la fréquence et l'amplitude des cyclones. Au niveau
mondial les pays les moins développés et les
écosystèmes les plus vulnérables -a-t-il fait observer-
seront les premières victimes du changement climatique.
M. Paul Vergès, rapporteur, a ensuite estimé que l'ampleur de la
menace incitait, comme l'avait souligné l'excellent rapport du
sénateur Lepeltier, au nom du principe de précaution, à
mobiliser la communauté internationale pour engager une politique
volontariste de maîtrise des émissions de gaz à effets de
serre.
Soulignant le rôle très actif de la France lors des sommets de La
Haye, de Rio de Janeiro et de Kyoto, il a fait valoir que ce rôle de
pionnier, mais surtout un sentiment de responsabilité à
l'égard des générations futures imposaient à notre
pays de tenir ses engagements et de poursuivre dans ce domaine une politique
volontariste. Il a rappelé que pour la France, le protocole de Kyoto se
traduisait par l'obligation de ne pas dépasser, en moyenne, sur les
cinq années 2008-2012, le niveau d'émissions de gaz à
effets de serre qu'elle avait atteint en 1990. Il a souligné que
c'était un défi considérable, qui avait conduit le
Gouvernement à adopter le 24 janvier dernier un nouveau programme
d'action contre le risque de changement climatique pour la période
2000-2010.
Considérant que la poursuite d'une politique volontariste de lutte
contre l'effet de serre supposait de pouvoir se fonder sur une connaissance
approfondie des émissions de gaz à effets de serre et de leurs
conséquences sur le réchauffement climatique, M. Paul
Vergès, rapporteur, a indiqué que cette connaissance
supposait :
- un inventaire systématique des émissions de gaz à
effets de serre ;
- une analyse des déterminants ces émissions ;
- un suivi des mesures adoptées pour les limiter ;
- un suivi de l'évolution des changements climatiques ;
- une analyse de leurs conséquences.
Il a alors jugé que la capacité de recherche de la France devait,
pour le recueil de ces données, être aujourd'hui renforcée
et mieux coordonnée. Il a fait observer que l'information des citoyens,
préalable nécessaire à la mise en oeuvre de choix
collectifs et privés contraignants, supposait d'accroître la
diffusion de l'information, mais également de lever le maximum
d'incertitudes scientifiques.
Il a souligné qu'une augmentation des moyens et une amélioration
de la coordination de la recherche scientifique française dans ce
domaine permettraient, de plus, à la France de mieux faire valoir ses
positions dans les négociations internationales et d'intensifier notre
politique de coopération en faveur des pays en voie de
développement. Les pays en voie de développement seront demain,
a-t-il relevé, les premières victimes et les premiers
responsables des émissions de gaz à effets de serre et des
changements climatiques, observant que ces pays étaient, plus que
jamais, demandeurs de notre aide dans ce domaine.
M. Paul Verges, rapporteur a ensuite abordé les dispositions de la
proposition de loi qui tendent à conférer à la lutte
contre l'effet de serre et à la prévention des risques
liés au réchauffement climatique la qualité de
priorité nationale. Relevant qu'il s'agissait là d'une
décision symbolique, il a fait observer que l'expérience montrait
que la définition d'une priorité pouvait, à terme, avoir
des conséquences pratiques.
Il a ensuite indiqué que la création d'un observatoire sur les
effets de réchauffement climatique répondait tout d'abord
à la nécessité de développer la capacité de
la France à prévenir les impacts des changements climatiques et
des phénomènes climatiques extrêmes afin de réduire
la vulnérabilité des territoires et de permettre la mise en place
de mesures de prévention et d'adaptation aux changements climatiques.
Il a souligné que cet observatoire répondait également aux
besoins de recueillir, de consolider et de diffuser des informations
actuellement disséminées dans les différents centres de
recherche, observant que cette nouvelle structure pourrait ainsi diffuser des
informations auprès de la communauté scientifique, sensibiliser
le public sur les enjeux liés aux changements climatiques et, enfin,
informer les collectivités territoriales sur les mesures de
prévention et d'adaptation susceptibles de réduire l'impact des
changements climatiques.
Il a estimé que cet observatoire pourrait ainsi constituer l'instrument
d'une meilleure coordination des scientifiques français qui participent
aux différentes instances internationales concernées par les
enjeux climatiques et, en outre, doter la France d'un outil de
coopération avec les pays du sud et, en particulier, avec les
états insulaires qui sont particulièrement vulnérables aux
conséquences du réchauffement climatique.
M. Paul Vergès, rapporteur, a ensuite indiqué que par rapport
à la proposition de loi initialement déposée, il proposait
de recentrer les missions de l'observatoire sur la collecte et la diffusion des
informations et de ne plus faire référence à une mission
de recommandation aux pouvoirs publics, qui relevait actuellement de la mission
interministérielle sur l'effet de serre.
Soulignant que cet observatoire ne devait pas être une structure de plus,
mais un centre où convergeaient les analyses de l'ensemble des
laboratoires de recherche qui travaillent dans ce domaine, il a indiqué
qu'il avait auditionné les scientifiques et les responsables
administratifs qui participaient à ces travaux pour connaître
leurs besoins. Il a, à ce propos, proposé d'indiquer dans la
rédaction de la proposition de loi que l'Observatoire exerce ses
missions en liaison avec les établissements et instituts de recherche
concernés et le groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat (GIEC).
Il a également souhaité que soit confié à
l'observatoire une mission de sensibilisation du public et d'information des
collectivités territoriales, observant que l'expérience
douloureuse de la tempête qui s'était abattue en France l'hiver
dernier avait montré que les élus locaux avaient besoin dans ce
domaine d'un interlocuteur informé.
M. Paul Verges, rapporteur, a enfin indiqué qu'il n'avait pas
souhaité déterminer dans la loi la composition et les
règles de fonctionnement de cet observatoire qui, non seulement
relevaient du domaine réglementaire, mais devraient, selon lui, faire
l'objet d'une négociation entre les différents centres de
recherche concernés. Il a toutefois estimé que la formule du
groupement d'intérêt public lui paraissait la plus adaptée.
En conclusion, il a relevé qu'il s'agissait d'une proposition de loi aux
ambitions modestes, face à un enjeu qui était par nature
planétaire, mais qu'elle pourrait contribuer à la
lisibilité, à la crédibilité et à
l'efficacité des politiques publiques liées aux changements
climatiques.
Il a souligné qu'avec l'effet de serre, la notion de
responsabilité à l'égard des générations
futures lui semble prendre tout son sens, observant que ces mesures
étaient destinées aux " petits-fils de nos enfants ",
mais que si nous attendions leur avènement pour agir, il serait sans
doute trop tard.
M. Bernard Piras a rappelé que l'office parlementaire
d'évaluation des choix scientifiques et technologiques avait
chargé le sénateur Marcel Deneux d'une mission d'études
sur l'effet de serre et le réchauffement climatique.
M. Michel Souplet s'est félicité de l'importance ainsi
accordée à la lutte contre l'intensification de l'effet de serre,
soulignant que les pouvoirs publics avaient trop longtemps laissé se
développer la consommation de carburants d'origine fossile, dont
l'impact est déterminant dans les émissions de gaz à effet
de serre. Il a souhaité que soient développées les
recherches sur les carburants non polluants et en particulier les carburants
à base d'huile de palme, estimant qu'il faudrait être en mesure de
proposer aux pays en voie de développement des carburants respectueux de
l'environnement, à des prix accessibles. Il a, enfin, souligné
que la création de cet observatoire ne devait pas être un
prétexte pour repousser l'adoption de mesures concrètes en faveur
de l'utilisation d'énergies non polluantes.
M. Hilaire Flandre a estimé que l'on ne pouvait établir un lien
entre la tempête qui s'est abattue cet hiver en France et le
réchauffement climatique.
M. Ladislas Poniatowski a relevé que la proposition de loi avait certes
pour objectif principal la création de l'observatoire national sur les
effets du réchauffement climatique -ce qui lui semblait une bonne
chose-, mais qu'elle débordait largement cet objectif en
conférant à la lutte contre l'effet de serre le caractère
de priorité nationale. Il a estimé qu'ainsi que la proposition de
loi présentait le risque d'inciter au dépôt d'amendements
relatifs à des mesures de limitation des émissions à effet
de serre ou d'incitation à l'utilisation de sources d'énergie non
polluantes qui dépasserait largement son objet.
En réponse, M. Paul Verges, rapporteur, a apporté les
précisions suivantes :
- la mission d'étude de l'Office parlementaire d'évaluation
des choix scientifiques et technologiques et l'examen de la proposition de loi
sont deux démarches complémentaires. Il serait à ce propos
souhaitable que l'Office puisse demander à l'observatoire de poursuivre
les études dans tel ou tel domaine ;
- cet observatoire ne devrait en aucun cas servir de prétexte
à repousser l'adoption de mesures concrètes tendant à
limiter les émissions de gaz à effet de serre ;
- le lien de causalité entre la tempête qu'a connu la France
cette année et le réchauffement climatique est, en effet, loin
d'être établi. Cette expérience a néanmoins
montré que les responsables locaux avaient besoin d'être mieux
informés sur les mesures de prévention susceptibles de
réduire l'impact des phénomènes climatiques
extrêmes. Les départements et territoires d'outre-mer ont, sur ce
point, en raison de la fréquence des cyclones, une expérience
importante, dont la métropole devrait pouvoir profiter.
A l'issue d'un débat, où sont intervenus, outre le rapporteur,
MM. Bernard Piras, Michel Souplet, Ladislas Poniatowski, Hilaire Flandre,
la commission a adopté les articles premier (reconnaissance d'une
priorité nationale), 2 (création d'un observatoire national sur
les effets du réchauffement climatique), 3 (mission de l'observatoire),
4 (rapport annuel de l'observatoire), 5 (composition et règles de
fonctionnement de l'observatoire) dans le texte proposé par le
rapporteur.
La commission a enfin adopté à l'unanimité l'ensemble de
la proposition de loi dans le texte résultant de ses conclusions.
CONCLUSIONS DE LA COMMISSION
Article 1 er
La lutte contre l'intensification de l'effet de serre et la prévention des risques liés au réchauffement climatique sont reconnues priorité nationale.
Article 2
Il est créé un observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer.
Article 3
L'observatoire national sur les effets du réchauffement climatique est chargé de collecter et de diffuser les informations, études et recherches sur les risques liés au réchauffement climatique et aux phénomènes climatiques extrêmes en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer, en liaison avec les établissements et instituts de recherche concernés et le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Il peut mener dans son domaine de compétence toute action d'information auprès du public et des collectivités territoriales.
Article 4
L'observatoire national sur les effets du réchauffement climatique élabore chaque année, à l'intention du Premier ministre et du Parlement, un rapport d'information. Ce rapport peut comporter des recommandations sur les mesures de prévention et d'adaptation susceptibles de limiter les risques liés au réchauffement climatique. Il est rendu public.
Article 5
Le siège, la composition, les modes de désignation des membres et les règles de fonctionnement de l'observatoire sont fixés par décret.
TABLEAU COMPARATIF
1
Source : OCDE
" Réchauffement planétaire ", 1995.
2
Source : deuxième rapport public du GIEC, 1995.
3
" Impacts potentiels du changement climatique en France au
XXe siècle ", rapport de la Mission interministérielle de
l'effet de serre (MIES) novembre 1998.
4
" Maîtriser les émissions de gaz à effet
de serre : quels instruments économiques " ; rapport
d'information n° 346 au nom de la délégation du
Sénat pour la planification (1998-1999).
5
Commissariat général du Plan " Energie 2010-2020 ",
les chemins d'une croissance sobre, 1998.
6
" Maîtriser les émissions de gaz à effet de
serre : quels instruments économiques " ; rapport d'information n°
346 au nom de la délégation du Sénat pour la planification
(1998-1999).
7
Intervention du Premier ministre à l'issue de la
réunion de la Commission interministérielle de l'Effet de Serre.
8
Communiqué du G8 du 5 avril 1998.
9
Programme français d'action contre le risque de changement
climatique pour la période2000-2010.