B. LES ORGANISATIONS D'EMPLOYEURS DÉNONCENT LE BILAN DE LA LOI DU 13 JUIN 1998 DE MANIÈRE UNANIME
Il ressort très nettement des auditions auxquelles ont procédé votre commission des Affaires sociales et votre rapporteur que le bilan de la loi du 13 juin 1998 et le contenu du projet de loi relatif à la réduction négociée du temps de travail ne satisfont pas les organisations d'employeurs. Le désaccord est si profond que l'on peut légitimement s'interroger sur les propos de M. Lionel Jospin, Premier ministre, lorsqu'il déclare que le projet de loi ne sera " pas une loi contre les entreprises " 31( * ) . Manifestement, les chefs d'entreprises ne partagent pas cet avis.
1. Le MEDEF reste résolument opposé à la loi du 13 juin 1998
Le CNPF
était résolument opposé à la loi du 13 juin 1998.
Il semble que le MEDEF n'ait pas changé d'avis.
M. Ernest-Antoine Seillière, président du MEDEF, conteste le
principe même des 35 heures :
" Potion magique pour une
majorité plurielle fébrile d'une " politique vraiment
à gauche ", les 35 heures sont de plus en plus
considérées par les esprits lucides comme un poison diffus
à effet retard menaçant pour l'économie
française
32(
*
)
"
Revenant sur les conditions de la négociation collective depuis le vote
de la première loi, il estime que les entreprises ont
" joué le jeu "
et respecté la loi :
" Chacun a négocié selon les exigences de sa profession
dans un dialogue parfaitement classique. Or le résultat de ces
négociations a été systématiquement ignoré
par le projet de la seconde loi. On a préféré donner la
priorité à des principes politiques pour rassembler une
majorité parlementaire lors du débat (...).
Ce projet
méprise et bafoue les négociations conclues entre partenaires
sociaux responsables
. Il impose des dispositions que les entrepreneurs
jugeront non seulement inapplicables mais inacceptables
2
"
Evoquant l'attitude du Gouvernement par rapport aux accords signés par
les partenaires sociaux, il considère qu'
" en imposant par la
loi un contenu qui ne s'était pas dégagé des
négociations de branche, le législateur risque de casser le
dialogue social
2
"
Auditionné par votre commission des Affaires sociales
33(
*
)
, M. Denis Kessler,
vice-président du MEDEF, a déclaré que les 30.000 chefs
d'entreprises ayant participé à la manifestation du 4 octobre
avaient confirmé
" leur totale hostilité au projet de loi
considéré comme une loi contre les entreprises ".
Evoquant la contribution prévue à l'article 11 du projet de loi,
il a prévenu que
" dans l'hypothèse où le
Gouvernement persisterait à vouloir faire financer les 35 heures par les
régimes de protection sociale, (son) organisation quitterait les
organismes paritaires ".