III. LES OBSERVATIONS DE VOTRE COMMISSION DES FINANCES
A. LE NÉCESSAIRE AUDIT DES ORGANISMES RATTACHÉS AU PREMIER MINISTRE
1. Des organismes toujours plus nombreux
a) 47 organismes placés auprès du Premier ministre
Les
organismes gravitant autour du Premier ministre sont nombreux et forment un
ensemble hétérogène qui évolue chaque année.
En 1998, leur nombre a augmenté, pour atteindre
47
,
entraînant une complexité et des risques de redondance accrus. Si
l'on en croit le décompte donné dans le " jaune
budgétaire " intitulé " Liste des commissions et
instances consultatives ou délibératives placées
directement auprès du Premier ministre ou des ministres ", on
dénombre :
- 15 organismes dont les crédits sont inscrits sur le budget des
services généraux du Premier ministre (contre 13 en 1998) ;
- et 32 organismes dont les crédits ne sont pas inscrits sur le
budget des services généraux du Premier ministre (contre 29 en
1998).
Liste des commissions et instances consultatives ou
délibératives placées directement après du Premier
ministre :
•
Commissions et instances dont les crédits sont inscrits sur
le budget des services généraux du Premier ministre
. Comité central d'enquête sur le coût et le rendement des
services publics
. Comité interministériel de la sécurité
nucléaire (CISN)
. Comité national de publication des travaux préparatoires aux
institutions de la V
ème
République
. Commission d'accès aux documents administratifs (CADA)
. Commission consultative du secret de la défense nationale
. Comité des publications
. Commission de déontologie
. Commission nationale consultative des droits de l'homme
. Commission nationale de contrôle des interceptions de
sécurité (CNIS)
. Commission de simplification des formalités incombant aux entreprises
(COSIFORM)
. Commission supérieure de codification et commissions annexes
. Conseil national de la vie associative (CNVA)
. Conseil d'analyse économique (CAE)
. Mission interministérielle sur l'effet de serre
. Mission interministérielle de soutien technique pour le
développement des technologies de l'information et de la communication
dans l'administration
•
Commissions et instances dont les crédits ne sont pas
inscrits sur le budget des services généraux du Premier ministre
. Comité consultatif national de règlement amiable des
différents ou litiges relatifs aux marchés passés par les
services centraux de l'Etat
. Comité interministériel de l'aide au développement
. Comité interministériel de l'évaluation des politiques
publiques et conseil scientifique de l'évaluation
. Comité interministériel à l'intégration
. Comité interministériel de lutte contre la drogue et la
toxicomanie
. Comité interministériel pour les restructurations de
défense
. Comité interministériel à la sécurité
routière
. Groupe interministériel permanent de la sécurité
routière
. Commission de défense nationale en matière de
télécommunications
. Commission interministérielle de contrôle des manifestations
aériennes
. Commission interministérielle de coordination des instances de
contrôle des transferts intéressant la défense et la
sécurité
. Commission nationale de la coopération décentralisée
. Commission nationale d'évaluation des gens du voyage
. Commission nationale d'évaluation de la parité sociale globale
. Conseil national des langues et cultures régionales
. Conseil national de la montagne
. Conseil d'orientation de la forêt méditerranéenne
. Conseil supérieur pour l'emploi, les revenus et les coûts
. Conseil supérieur de la langue française
. Haut comité pour le logement des personnes défavorisées
. Haut conseil de l'information scientifique et technique
. Haut conseil à l'intégration
. Haut conseil du secteur public
. Mission interministérielle pour la Nouvelle Calédonie
13(
*
)
. Commission de contrôle de l'organisation et du déroulement de la
consultation des populations de Nouvelle-Calédonie prévue par
l'article 76 de la Constitution
. Mission d'étude sur la spoliation des juifs de France
. Comité du fonds de coopération économique, sociale et
culturelle pour le Pacifique Sud (géré par le secrétaire
permanent pour le Pacifique Sud, placé sous l'autorité du Premier
ministre)
. Observatoire de la parité hommes/femmes
. Mission interministérielle de lutte contre les sectes
. Comité interministériel des moyens de l'Etat à
l'étranger (CIMEE)
. Conseil de l'audiovisuel extérieur de la France (CAEF)
. Comité interministériel de la coopération
régionale Caraïbes - Guyane
b) Augmentation de leur nombre en 1999
Certes, l'année 1998 a vu de nombreuses disparitions - créations d'organismes effectuées à moyens constants, mais le bilan net montre un accroissement du nombre des organismes placés auprès du Premier ministre.
(1) Les suppressions
Quelques
organismes ont été dissous :
1- la
commission de coordination de la documentation administrative
(CCDA), dont les compétences sont désormais partagées
entre le comité des publications et la nouvelle mission
interministérielle de soutien technique pour le développement des
technologies de l'information et de la communication dans l'administration,
2- le
commissariat à la réforme de l'Etat
qui devient la
délégation interministérielle à la réforme
de l'Etat
14(
*
)
,
3- l'observatoire interministériel sur les sectes
,
remplacé par la mission interministérielle de lutte contre les
sectes.
En outre, la disparition d'un autre organisme est d'ores et déjà
prévue pour 1999 :
la COSIFORM
(Commission pour la
simplification des formalités) qui sera remplacée, selon la
communication du Conseil des ministres du mercredi 18 novembre 1999, par une
nouvelle commission aux méthodes de travail rénovées
15(
*
)
. Celle-ci, la COSA
(commission pour les simplifications administratives), sera placée
auprès du Premier ministre et sa vice-présidence sera
assurée conjointement par les ministres chargés des PME et de la
réforme de l'Etat.
(2) Les transferts
Un
organisme,
le service central de la sécurité des
systèmes d'information
, est transféré en 1999 vers le
Secrétariat général de la défense
nationale (SGDN).
La
mission interministérielle de l'effet de serre
16(
*
)
, antérieurement
placée sous l'autorité du ministre chargé de
l'environnement, est placée auprès du Premier ministre et mise
à la disposition du ministre de l'environnement.
(3) Les créations
En
outre, de nombreux organismes ont été créés :
1- le
comité des publications
17(
*
)
: Il ne s'agit pas
à proprement parler d'une création, étant donné que
ce comité existait déjà ; mais la commission de
coordination de la documentation administrative à laquelle il
était rattaché ayant été supprimée, il est
désormais rattaché à la Direction de la Documentation
française,
2- la
mission interministérielle de soutien technique pour le
développement des technologies de l'information et de la communication
dans l'administration
18(
*
)
qui reprend les compétences en matière de nouvelles
technologies de l'ancienne commission de coordination de la documentation
administrative
19(
*
)
,
3- la
délégation interministérielle à la
réforme de l'Etat
(DIRE)
20(
*
)
,
4- la
commission consultative du secret de la défense nationale
21(
*
)
,
5- la
mission interministérielle de lutte contre les sectes
22(
*
)
, qui remplace, mais
avec des compétences beaucoup plus larges, l'observatoire existant,
6- la
commission de contrôle de l'organisation et du
déroulement de la consultation des populations de Nouvelle
Calédonie prévue par l'article 76 de la Constitution
23(
*
)
,
7- la
mission pour la célébration du cinquantième
anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme
24(
*
)
.
ð Il y a donc, si l'on se fonde sur le " jaune
budgétaire ",
3 créations nettes d'organismes pour
1999
.
(4) Quelques remarques
Afin
d'éviter la pérennisation d'organismes, le Gouvernement a
créé des "
organismes à durée de vie
limitée
", c'est le cas notamment de la mission pour la
célébration du cinquantième anniversaire de la
Déclaration universelle des droits de l'homme, créée
jusqu'au 1
er
janvier 1999, et aussi de la mission
interministérielle de soutien technique pour le développement des
technologies de l'information et de la communication dans l'administration,
instituée pour trois ans.
En annexe du projet de loi de finances est publié depuis 1997 un
" jaune budgétaire "
25(
*
)
. Votre commission tient
à souligner que ce document est élaboré avec plus de soin
que les années précédentes, notamment depuis que votre
commission avait relevé de nombreuses erreurs. Cette année, on
notera toutefois la présence dans cette liste de la
Mission
interministérielle pour la Nouvelle-Calédonie
,
créée en avril 1996 pour deux ans mais qui n'existe plus depuis
plusieurs mois.
2. Des transferts à répétition
En
outre, l'ensemble des organismes gravitant autour du Premier ministre semble
peu stabilisé.
En 1999, on assiste au transfert en direction du Secrétariat de la
défense nationale (SGDN) du service central de la sécurité
des systèmes d'information ; en 1998, c'est en provenance du SGDN
qu'avait été transféré l'Institut des hautes
études de défense nationale (IHEDN) vers les services
généraux du Premier ministre.
De même, entre 1996 et 1998,
la mission interministérielle de
lutte contre la drogue et la toxicomanie
(MILDT) avait été
transférée au ministère des affaires sociales puis
était revenue dans le budget des services généraux du
Premier ministre. Depuis 1997, elle est mise à la disposition du
Secrétariat d'Etat à la Santé
26(
*
)
par les services du Premier
ministre auxquels elle reste administrativement rattachée.
En 1999, la
mission interministérielle de l'effet de serre,
antérieurement placée sous l'autorité de la ministre
chargée de l'environnement, est placée auprès du Premier
ministre et mise à la disposition du ministre de l'environnement.
Ces transferts à répétition (au moins un chaque
année) ne contribuent pas à la lisibilité du budget des
services généraux du Premier ministre.
3. Un effort de rationalisation de grande ampleur doit être entrepris
Des
efforts ponctuels de rationalisation sont entrepris par les services du Premier
ministre :
sur les trois dernières années, environ 18
organismes ont été concernés par des mesures de
suppression ou de réorganisation
:
• 12 services ont été supprimés
27(
*
)
,
• 2 services ont été rattachés à d'autres
membres du Gouvernement
28(
*
)
,
• et 4 services qui demeurent administrativement rattachés au
Premier ministre ont été mis à disposition d'autres
ministères
29(
*
)
.
Il faut en outre rappeler que
la plus grande partie des effectifs et des
moyens des Services généraux est consacrée à des
structures classiques et permanentes
(cabinets, Secrétariat
général du Gouvernement, Direction générale de
l'administration et de la fonction publique, Direction de la documentation
française, etc.).
Ces structures permanentes représentaient, selon les chiffres fournis
par les services du Premier ministre, 81 % des effectifs et 58 % des
crédits des services généraux en 1997. Les " Autres
services "
30(
*
)
représentent donc près de 20 % des effectifs et plus de 40 % des
crédits, ce qui est loin d'être négligeable.
Services permanents et autres services dans les crédits et les
effectifs en 1997
:
|
Crédits (en MF) |
% |
Emplois |
% |
Services permanents * |
2 293,8 |
57,8 % |
1 154 |
80,7 % |
Autres services ** |
1 672,8 |
42,2 % |
276 |
19,3 % |
TOTAL |
3 966,6 |
100 % |
1 430 |
100 % |
*
Services centraux, Direction générale de l'administration et de
la fonction publique, Centres interministériels de renseignements
administratifs (CIRA), Direction de la documentation française, Service
juridique et technique de l'information et de la communication (SJTIC), Service
d'information du Gouvernement (SIG).
** Rapatriés, Commissariat à la réforme de l'Etat (CRE),
Conseil national de la vie associative (CNVA), Commission nationale
consultative des droits de l'homme, Institut français des relations
internationales (IFRI), Mission interministérielle de lutte contre la
drogue et la toxicomanie (MILDT), etc.
Source : Service généraux du Premier ministre.
Toutefois,
un audit de l'ensemble de ces organismes semble
indispensable
, il en va de l'efficacité de l'Etat et de la bonne
gestion des dépenses publiques : tous ces organismes doivent-ils
être rattachés au Premier ministre ? des regroupements, voire
des suppressions, d'organismes ne peuvent-ils pas être envisagés,
permettant de réaliser des économies ?
Réclamé conjointement par les commissions des finances du
Sénat et de l'Assemblée nationale depuis plusieurs années,
cet audit d'ensemble n'a toujours pas été engagé par le
Gouvernement.
B. LES CRÉDITS DU MÉDIATEUR DE LA RÉPUBLIQUE
1. L'activité de la Médiature de la République
La loi
du 3 janvier 1973 (complétée par les lois du 24 décembre
1976 et du 13 janvier 1989) confie au Médiateur de la République
deux missions :
1- il reçoit les réclamations concernant le fonctionnement des
administrations de l'Etat, des collectivités publiques territoriales,
des établissements publics et de tout autre organisme investi d'une
mission de service public ;
2- à cette occasion, il peut proposer des réformes
" tendant à améliorer le fonctionnement de l'organisme
concerné ".
Les données statistiques traduisent un
développement
de l'activité du Médiateur de la
République
: en 1997, le Médiateur a reçu 45.867
réclamations, en augmentation de 5,4 % par rapport à 1996 et
cette progression s'est confirmée au cours des six premiers mois de
1998. L'augmentation concerne surtout le secteur dit " Administration
générale " (avec notamment le problème des
" sans papiers ") et le secteur fiscal.
L'activité du Médiateur en matière de propositions de
réforme s'est également développée au cours de
l'année 1997 : 31 propositions (contre 19 en 1996) sur lesquelles
12 ont connu des suites positives (contre 7 en 1996). L'amélioration de
ces résultats s'explique par plusieurs raisons :
1- par l'implication du Secrétariat général du
Gouvernement dans la procédure de négociation avec les
départements ministériels concernés et par le soutien
du ministre chargé de la réforme de l'Etat aux initiatives du
Médiateur de la République ;
2- par la diversification des méthodes retenues pour faciliter
l'instruction des suggestions du Médiateur, notamment par des liens plus
étroits noués avec les parlementaires qui constituent
d'indispensables relais lorsque les propositions du Médiateur
nécessitent des réformes de nature législative.
A cette occasion, il convient de rappeler que l'actuel
" projet de loi
relatif aux droits des citoyens dans leurs relations avec les
administrations "
prévoit de consacrer l'existence des
délégués départementaux, d'accroître le
pouvoir de proposition de réforme de la législation du
Médiateur et de lui donner le pouvoir de proposer toute mesure
susceptible de remédier aux dysfonctionnements d'une administration. En
particulier, son rapport annuel ferait l'objet d'une communication devant les
deux assemblées
31(
*
)
.
2. Les crédits de la Médiature de la République
Montants des crédits alloués au Médiateur de la République :
(en millions de francs) |
1997 |
1998 |
1999 |
Montant des crédits |
24,67 |
24,42 * |
25,42 |
* Dont
0,2 million de francs non reconductibles au titre du colloque de février
1998 organisé à l'occasion du 25
ème
anniversaire de l'Institution.
Pour 1999, le Médiateur de la République
bénéficiera de
deux mesures nouvelles
d'un montant
global de 1 million de francs afin de permettre :
1- le recrutement de deux agents contractuels ;
2- la mise en place d'un nouveau système informatique.
3. La question des mises à disposition de personnel
En
septembre 1998, le personnel au siège de l'institution à Paris
32(
*
)
comprend 85 agents
permanents dont 57 sont
mis à disposition
par les
différentes administrations de l'Etat ou organismes chargés d'une
mission de service public, ce qui représente
67 % de l'effectif
total
.
Les difficultés de recrutement rencontrées par la
Médiature devraient s'accentuer dans les années à venir
pour deux raisons principales :
1- les mises à disposition devraient se faire plus rares en raison des
mesures de réduction des effectifs qui frappent les départements
ministériels ;
2- la Médiature ne dispose pas aujourd'hui des moyens
budgétaires suffisants pour procéder au recrutement de
fonctionnaires en détachement ou d'agents contractuels.
Il est donc à envisager, pour les années futures, une
revalorisation des crédits alloués au Médiateur.
C. LES CRÉDITS DE L'INSTITUT FRANÇAIS DES RELATIONS INTERNATIONALES (IFRI)
Organisme de droit privé, l'IFRI n'est pas un organisme
rattaché au Premier ministre mais ses recettes comportent une subvention
inscrite au budget des services du Premier ministre. Il reçoit
également des subventions du ministère des affaires
étrangères et du ministère de la défense, mais la
subvention inscrite aux services généraux du Premier ministre est
la plus importante.
Les recettes de l'IFRI sont constituées de subventions et de ressources
propres. Les subventions de l'Etat (au sens large, en valorisant les mises
à disposition de fonctionnaires) représentaient entre 35 et 45 %
des ressources de l'Institut jusqu'en 1996 ; en 1997 et 1998 elles ont
dépassé les 50 %.
Pour 1999, l'IFRI souhaitait que le montant de la subvention qu'il
reçoit du budget des services généraux du Premier ministre
soit maintenu au niveau de
9 millions de francs
. Selon l'Institut,
" seul ce niveau de subvention permet d'envisager la poursuite des
activités entreprises dans les domaines stratégiques,
régionaux et économiques et d'aborder de nouveaux sujets de
recherche ". Les premières simulations budgétaires pour 1999
montrent que l'IFRI réalise tout juste l'équilibre de son budget,
avec une subvention du Premier ministre de 9 millions de francs.
Votre commission se montrera particulièrement attentive à ce que
la dotation prévue en 1999, qui s'élève effectivement aux
9 millions de francs prévus, ne soit pas amputée en cours
d'année budgétaire.
En effet, il faut rappeler que la structure financière de l'Institut
avait été grandement fragilisée en 1996 et 1997 (avec
notamment l'annulation de 2,25 millions de francs, soit 25 %, de la subvention
inscrite au budget des Services généraux du Premier
ministre).
D. LA MISSION INTERMINISTÉRIELLE DE LUTTE CONTRE LA DROGUE ET LA TOXICOMANIE (MILDT)
La MILDT
a fait l'objet de critiques de la Cour des comptes dans son rapport
publié le 7 juillet 1998. Celles-ci sont de trois ordres :
1- les limites de l'efficacité de la structure
interministérielle : la Cour a notamment constaté que les
crédits étaient simplement reconduits d'année en
année pour financer les mêmes actions ;
2- les lacunes de la coordination interministérielle : la Cour a
constaté que, même si sur certains dossiers la mission avait
réussi à jouer un rôle fédérateur, son
rôle était bien souvent limité à celui d'un
distributeur de crédits, sans réel contrôle sur les
crédits délégués ;
3- l'insuffisante coordination dans le domaine international ;
4- est également
dénoncée " l'instabilité chronique " de la
mission qui a connu près d'une quinzaine de " patrons " depuis
sa création en 1982 et qui a été dans les dernières
années rattachée successivement au Premier ministre, puis au
Secrétariat d'Etat à la Santé, puis à nouveau au
Premier ministre sous forme d'une mise à disposition au
Secrétariat d'Etat à la Santé.
Afin de corriger ces insuffisances, le Premier ministre a fait un certain
nombre de propositions de réforme et la MILDT a engagé une
réflexion visant, selon une réponse aux questions de votre
commission, " clarifier l'utilisation et les objectifs des crédits
ministériels et à revoir ses modalités d'intervention en
amont et en aval des procédures budgétaires ". En
réponse aux propositions du Premier ministre, une première note
d'étape lui a été rendue en octobre dernier.
E. LA STABILISATION DES FONDS SPÉCIAUX
Les
fonds spéciaux ont une existence parfaitement légale. La loi du
27 avril 1946 portant ouverture et annulation de crédits sur l'exercice
1946 prévoit en effet, pour un meilleur contrôle, le regroupement
au budget du Premier ministre des fonds secrets jusque là
dispersés entre les budgets des différents ministères.
Leur affectation relève, discrétionnairement, du Premier
ministre, sans contrôle ni du Parlement, ni de la Cour des comptes.
Ces crédits servent à couvrir essentiellement :
- les dépenses des services de renseignement (notamment celles de
la Direction générale de la sécurité
extérieure, qui reçoit par ailleurs des dotations du
Ministère de la Défense) : fonds inscrits à l'article
20 § 10 du chapitre 37-91,
- et certaines dépenses des différents
ministères : fonds inscrits à l'article 10 et à
l'article 20 § 20 du même chapitre.
A titre d'information et de comparaison, en Grande-Bretagne, les crédits
destinés aux services secrets sont examinés et votés dans
les mêmes conditions que les crédits inscrits aux autres budgets
mais dans une présentation moins détaillée. En Allemagne,
neuf membres de la commission des finances du Bundestag, regroupés dans
un " comité de confiance ", préparent le budget des
services secrets, qui est adopté sans discussion avec le budget
général.
Sans remettre en cause l'existence ni la procédure des fonds
spéciaux, votre rapporteur se félicite de la stabilisation de
leur montant aux alentours de 394 millions de francs, en légère
diminution de - 0,25 % pour 1999, alors qu'en 1993 ils atteignaient 460,7
millions de francs.
Evolution des fonds spéciaux
:
(en millions
de francs)
|
LFI 1996 |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
PLF 1999 |
Chapitre 37-91 - Fonds spéciaux |
424,77 |
394,77 * |
394,77 |
393,77 |
Art. 10 - Fonds spéciaux à destination du Gouvernement |
49,97 |
48,03 |
48,03 |
48,03 |
Art. 20 - Fonds spéciaux à destination particulière, dont : |
374,80 |
346,74 |
346,74 |
345,74 |
- § 10 Dépenses de la direction générale de la sécurité extérieure |
218,43 |
196,43 |
196,43 |
nc |
- § 20 Dépenses diverses |
156,38 |
150,31 |
150,31 |
nc |
Evolution du chapitre n/n-1 (en %) |
- 6 % |
- 7 % |
= |
- 0,25 % |
Source : Service du Premier ministre.
nc : non connu.
* A noter toutefois qu'en 1997, 114,52 millions de francs ont été
inscrits sur ce chapitre 34-91 par répartition du crédit global
" Dépenses accidentelles ".
F. LES CREDITS DE LA POLITIQUE DE DÉLOCALISATION DES ADMINISTRATIONS
Le
financement des mesures de délocalisation d'emplois publics hors de
Paris est notamment assuré par l'ouverture de crédits inscrits au
budget des services généraux du Premier ministre, tant en
investissement qu'en fonctionnement, constituant
le " fonds des
délocalisations publiques ",
piloté par un Comité
interministériel.
Les services du Premier ministre indiquent que
les crédits
de
paiements disponibles à la fin de l'exercice 98 sur le chapitre 57-01
pourraient ne pas suffire
à couvrir les dépenses d'ores et
déjà programmée par le Comité de gestion du fonds
pour l'exercice 1999. A fortiori ne permettront-ils pas de contribuer au
financement des opérations déjà prévues par un
Comité interministériel d'aménagement et de
développement du territoire (CIADT) mais non encore
matériellement engagées.
Enfin, votre commission tient à souligner
qu'aucun crédit
n'est prévu en 1999 pour faciliter les délocalisations
d'administrations
. En l'absence d'ouverture d'autorisations de programme et
de crédits de paiement par la loi de finances pour 1999,
l'équilibre et la poursuite de l'activité du fonds de
délocalisation sont donc dépendants de son
abondement en loi
de finances rectificative pour 1998.
Evolution des crédits prévus en lois de finances initiales
depuis 1996
:
(en millions de francs)
|
Chapitre 57-01 (AP) |
Chapitre 57-01 (CP) |
Chapitre 37-07 (DO) |
LFI 1996
|
25
|
12.5
|
0
|
LFI 1997
|
30
|
0
|
0
|
LFI 1998
|
0
|
26
|
0
|
PLF 1999 |
0 |
0 |
0 |
Solde dispo. fin 98 |
80.49 |
19.44 |
76.88 |
Crédits préaffectés |
0 |
55 |
12.92 |
Dispo. 99 (prévision) |
90.49 |
26.44 |
90.49 |
Le
fonds de délocalisation participe au financement des opérations
pour une
dépense moyenne de 210.000 francs par emploi
financé
33(
*
)
(entre 23.000 francs et 1 million de francs en fonction de l'activité
publique, du département ministériel et du statut de l'organisme
concerné).
Selon les chiffres du Conseil économique et social, le coût de
revient brut moyen est estimé à environ 400.000 francs par emploi
délocalisé. Si l'on en croit les services du Premier ministre, le
coût net pour l'Etat est difficile à évaluer : une
étude a été confiée à un cabinet
spécialisé, ses résultats devraient être disponibles
dans le courant du premier semestre 1999
34(
*
)
.
A la mi-1998, un programme de 26 650 transferts d'emplois avait
été arrêté par les CIADT successifs de 1991 à
1997, dont 13 050 emplois ont été effectivement
transférés à la date du 1
er
juillet 1998 (soit
un peu moins de 49 % du programme) et 4 500 emplois sont en cours de transfert
(soit en tout 66 % du programme). L'objectif de 30 000 emplois à
localiser en province à l'horizon 2000 et défini en 1991 demeure
d'actualité.
Bilan au 01/07/1998 des délocalisations d'emplois publics depuis
1991
|
Nombre d'emplois |
% du programme |
Programme arrêté par les CIADT successifs |
26 650 |
100 % |
Emplois effectivement transférés (1) |
13 050 |
49 % |
Emplois en cours de transfert (2) * |
4 500 |
17 % |
(1) + (2) |
17 550 |
66 % |
* Il
s'agit des projets ayant fait l'objet d'actes juridiques ou financiers (achat
de terrain, engagement de crédits non limité à une
étude exploratoire, etc.).
Tableau des transferts réalisés ou en cours par région
française
(depuis 1991 ; au 01/07/98)
Région |
Nombre d'emplois |
% Total |
Région |
Nombre d'emplois |
% Total |
Alsace |
419 |
2,4 % |
Lorraine |
294 |
1,7 % |
Aquitaine |
1 810 |
10,3 % |
Midi-Pyrénées |
1 012 |
5,8 % |
Auvergne |
265 |
1,5 % |
Nord-Pas-de-Calais |
755 |
4,3 % |
Bourgogne |
65 |
0,4 % |
Haute-Normandie |
91 |
0,5 % |
Bretagne |
483 |
2,8 % |
Basse-Normandie |
229 |
1,3 % |
Centre |
1 424 |
8,1 % |
Pays-de-Loire |
1 449 |
8,3 % |
Champagne-Ardenne |
34 |
0,2 % |
Picardie |
878 |
5,0 % |
Corse |
2 |
0,01 % |
Poitou-Charentes |
692 |
3,9 % |
Franche-Comté |
313 |
1,8 % |
Provence-Alpes-Côtes-d'Azur |
914 |
5,2 % |
Ile-de-France |
2 242 |
12,8 % |
Rhône-Alpes |
2 179 |
12,4 % |
Languedoc-Roussillon |
748 |
4,3 % |
Départements d'Outre-Mer |
30 |
0,2 % |
Limousin |
540 |
3,1 % |
Répartition régionale non disponible |
694 |
4,0 % |
TOTAL |
-- |
-- |
-- |
17 562 |
100 % |