II. DES RELATIONS BILATÉRALES RELATIVEMENT PRÉSERVÉES PAR LA RÉTROCESSION
Le relatif dynamisme des relations entre la France et Hong-Kong ne semble pas avoir été affecté par la rétrocession. C'est avant tout les effets de la crise asiatique sur l'économie de Hong-Kong qui pourraient affecter les échanges bilatéraux et l'avenir de la communauté française dans la Région administrative spéciale.
1. L'engagement français en faveur de la spécificité du Territoire
Pendant les mois qui ont précédé la
rétrocession, les relations politiques bilatérales avaient
été dominées par l'
engagement
de
la France en faveur du maintien des spécificités de
Hong-Kong
, et des excellentes relations traditionnellement entretenues
entre la France et le Territoire. Après la visite du ministre des
Affaires étrangères français en février 1996,
l'année 1997 s'est caractérisée par un calendrier de
visites officielles particulièrement nourri (séjours à
Hong-Kong du ministre des postes, télécommunications et de
l'espace, du ministre délégué aux finances et au commerce
extérieur, puis des ministres de la francophonie et de la culture). Des
contacts de haut niveau ont également eu lieu en marge de
l'Assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale, en
septembre 1997.
La visite du ministre des Affaires
étrangères, en février 1998, a été
l'occasion de réaffirmer le souci français que soient
respectées l'autonomie et la spécificité du Territoire. Il
est clair que notre pays doit faire preuve d'une
vigilance
particulière à l'encontre de toute remise en cause
éventuelle, par les autorités chinoises, des libertés
publiques et des droits de l'homme à Hong-Kong
.
La
visite en France, en mars 1998, du chef de l'exécutif de Hong-Kong,
reçu notamment par le Président de la République, par le
Premier ministre et par le Président du Sénat, a constitué
une étape importante des relations politiques bilatérales depuis
la rétrocession.
2. Des relations culturelles et scientifiques à développer
La France occupe, dans le domaine culturel, une place
éminente parmi les partenaires étrangers de Hong-Kong.
.
Sur le
plan artistique,
les manifestations françaises
("french may", festival multiculturel, et "french cinepanorama", festival
annuel de cinéma organisé par l'Alliance française),
connaissent un
succès important
.
.
L'Alliance française,
implantée à
Hong-Kong depuis quarante-cinq ans, est aujourd'hui confrontée au
problème de la
diminution des effectifs d'apprenants
(-
20 % depuis les trois derniers trimestres). Le nombre d'apprenants
français était, en 1997, estimé à 12 000. A cette
évolution contribue, entre autres causes, le souci des autorités
de Hong-Kong d'assurer, dès le niveau scolaire, un enseignement
d'anglais, de mandarin et de cantonais, qui laisse peu de place à
l'apprentissage d'une langue étrangère supplémentaire.
Il paraît nécessaire, pour enrayer cette érosion
des effectifs, de contribuer à la
formation des professeurs de
français
, et d'adapter la politique linguistique
française aux priorités définies par les autorités
du territoire. Il est probable que la diffusion du français à
Hong-Kong passera désormais -ce qui n'est d'ailleurs pas
spécifique à la Région administrative spéciale- par
le
renforcement de notre présence économique
locale
, et par la recherche de
synergies entre les entreprises
et les universités
.
. La
coopération
scientifique et technique
doit désormais être prioritaire
au sein de notre action culturelle à Hong-Kong. Le Territoire
possède aujourd'hui sept universités et plusieurs instituts
privés de formation supérieure et de recherche, où sont
accueillis près de 150 000 étudiants. Parmi ceux-ci, le nombre
d'étudiants chinois est tout naturellement appelé à
croître. Les établissements de pointe implantés à
Hong-Kong sont appelés à jouer un rôle décisif, en
Asie, dans le domaine de la formation à la gestion et en matière
d'innovation technologique. Or, les universités de Hong-Kong expriment
actuellement la volonté de diversifier leurs partenariats,
jusqu'à présent majoritairement anglo-saxons, en se tournant vers
l'Europe. Il serait donc regrettable que la France ne saisisse pas ce type
d'opportunité en ne répondant pas à la demande
exprimée par Hong-Kong.
Le développement de relations
étroites entre universités françaises et hong-kongaises
permettrait, à l'évidence, d'exercer une
influence
positive sur les entreprises françaises implantées à
Hong-Kong
-et, de manière générale, en Asie du
Sud-Est-, et permettrait de renforcer les relations bilatérales en les
fondant sur des initiatives offrant des
perspectives d'avenir
.
A cet égard, la création, en 1995, d'une nouvelle association
d'anciens élèves des grandes écoles, qui s'est
donné pour but le rapprochement entre grandes écoles
françaises et universités de Hong-Kong, constitue une
démarche intéressante.
3. Le dynamisme des relations économiques et de la communauté française à Hong-Kong
Hong-Kong est le
premier débouché de la
France hors OCDE
(18 milliards de francs d'exportations, 14
milliards de francs d'excédent commercial), et le
deuxième débouché en Asie après le
Japon
. Rappelons que, 80 % du PNB du Territoire étant assis sur
les services, Hong-Kong joue un rôle important pour nos exportations dans
ce domaine et, plus particulièrement, dans le secteur financier.
Cinq cents entreprises françaises
sont
implantées à Hong-Kong, et bénéficient de
l'expansion actuelle du marché chinois (les ventes françaises
à la Chine ont ainsi augmenté de 60 % en 1997), malgré les
quelques hypothèques qui pèsent désormais sur la
croissance chinoise. Hong-Kong est le premier
pôle d'implantation
régionale pour nos entreprises en Asie,
notamment pour la
qualité des infrastructures et des services offerts aux entreprises.
Les exportations françaises vers Hong-Kong sont fondées,
pour l'essentiel, sur les ventes d'Airbus et sur les biens de consommation,
(vins et spiritueux notamment). Le dynamisme des ventes françaises,
à Hong-Kong comme à la Chine, de cognac et de vins, mérite
d'être souligné. Le Territoire est, par ailleurs, en raison d'un
niveau de vie élevé, un débouché
privilégié pour les produits de luxe français (LVMH,
Cartier, Hermès). La présence économique française
s'appuie également sur les banques (BNP, Paribas, Crédit
Agricole-Indosuez, Société Générale), sur les
réalisations de Bouygues (tunnels, stades, centres commerciaux), et,
dans le domaine de la distribution, sur deux supermarchés Carrefour.
Les effets de la crise économique sur la présence
française sont encore relativement limités,
même
si, entre autres conséquences, une baisse de 10 à 20 % des ventes
de produits de luxe est attendue en 1998. La plupart des entreprises
françaises paraissent attentistes, et n'envisageraient pas, à ce
jour, selon les informations transmises à votre rapporteur, de quitter
Hong-Kong.
Par ailleurs, l'
augmentation prévue de la
population de Hong-Kong
, qui devrait passer de 6,5 à 8 millions
d'habitants à l'échéance de 2016, pourrait susciter
d'
importants besoins en logements et en transports
, ouvrant
ainsi des perspectives aux
entreprises françaises du
bâtiment
.
Rappelons aussi que l'achèvement
prochain du chantier de l'
aéroport de Chek Lap Kok
, qui
fut le premier chantier du monde, sera suivi d'
importants travaux
ferroviaires et routiers
qui devraient contribuer au dynamisme de
l'économie du Territoire -et des échanges économiques
bilatéraux.
La
communauté française
à Hong-Kong
-la deuxième en Asie après le Japon-
compte
5 000 personnes
. Composée dans sa grande
majorité d'hommes d'affaires (il s'agit, pour plus de 66 %, de
cadres et de chefs d'entreprises) et de leurs familles, cette communauté
n'a pas souffert, d'après les informations transmises à votre
rapporteur, de la rétrocession, malgré les inquiétudes
véhiculées par les médias européens et
américains.
Le
lycée français
international
offre deux filières, française et
anglaise. Il compte, à ce jour, 1 048 élèves (dont 89 en
maternelle française, 289 en primaire français, 256 dans le
secondaire français, et 414 élèves inscrits dans le cursus
anglais). C'est à la rentrée scolaire prochaine que l'on
mesurera, à partir des effectifs scolarisés dans cet
établissement, l'incidence éventuelle de la crise asiatique sur
la communauté française de Hong-Kong.