TITRE PREMIER : UNE RELATION FORTE ENTRE LES DEUX PAYS
Les liens tissés par l'histoire ainsi que le degré élevé de la coopération et le rythme des visites à haut niveau témoignent de la vigueur de la relation bilatérale entre la France et le Vietnam. Pour vivante et dense qu'elle soit, cette relation est appelée à évoluer à la faveur des transformations rapides que connaît actuellement le Vietnam, notamment dans le champ de l'économie, pour passer d'une logique d'aide au développement à une logique de partenariat.
I. LE VIETNAM : UN PAYS ÉMERGENT
A. ASPECTS DÉMOGRAPHIQUES ET ÉCONOMIQUES
1. Sur le plan démographique : un pays jeune
Les plus grands défis qui se posent au Vietnam sont avant tout d'ordre social. La démographie vietnamienne 1 ( * ) est en effet caractérisée par une jeunesse nombreuse. Un million de jeunes arrive chaque année sur le marché du travail, posant à la fois la question de la création d'emplois et de leur qualification. A ce constat s'ajoutent les inégalités croissantes, nées d'un boom économique qui profite surtout aux villes, et les changements rapides et importants que connaît la société vietnamienne (évolution des moeurs, recul des solidarités traditionnelles...), rendant impératif le maintien d'un certain niveau de croissance, garantissant le bien-être social et une répartition satisfaisante de ce bien-être. Selon le critère du PNUD, le Vietnam est classé au 128 ème rang.
2. Sur le plan économique : un pays en mutation
Face à une croissance démographique forte (1 million d'habitants supplémentaires par an), une population jeune et une urbanisation rapide, le gouvernement vietnamien donne traditionnellement la priorité au maintien d'un rythme de croissance élevé. Le PIB a été multiplié par trois entre 2002 et 2010. Il atteint près de 1 400 USD par habitant en 2011. Les taux de croissance qui ont atteint 5,9 % en 2011 et autour de 6,5% en 2012, restent parmi les plus élevées d'Asie. Le Vietnam prévoit pour les 10 ans à venir une hausse annuelle de son PIB de 7 à 8 %. Cette forte croissance trouve son origine dans la politique du «Renouveau» (Doi Moi) lancée en 1986, en s'appuyant sur une ouverture économique rapide, concrétisée par l'accession du pays à l'OMC en 2007.
Le taux de chômage est stable, autour de 5 % de la population active.
Indicateurs macroéconomiques |
2009 |
2010 |
2011 |
PIB |
92,8 Md$ |
104,6 Md$ |
123,4 Md$ |
PIB par habitant |
1 064 $ |
1 160 $ |
1 400$ |
Cette politique s'est traduite par un attrait croissant des investisseurs étrangers dont les flux d'investissements directs étrangers (IDE) sont passés de moins de 2 milliards de $ par an au début des années 2000 à 11 milliards de $ d'IDE décaissés en 2011. De fait, le modèle économique vietnamien reste encore très dépendant des investissements étrangers et des exportations, notamment vers les États-Unis et l'Europe. Celles-ci sont en hausse moyenne de 25 % par an depuis 2003. Les principaux clients du Vietnam sont les États-Unis (20 %), le Japon (11 %), la Chine (11 %), la Corée du Sud (5 %). Ses principaux fournisseurs (2010) sont : la Chine (23 %), la Corée du Sud (12 %), le Japon (10 %), et Taiwan (8 %). La balance commerciale reste structurellement déficitaire.
Ces résultats ne doivent cependant pas masquer la persistance de certaines sources d'inquiétude, du fait de déséquilibres macroéconomiques persistants : déficit budgétaire, déficit de la balance courante des paiements 2 ( * ) , pressions inflationnistes, et des tensions sur le marché des changes 3 ( * ) . Outre la poursuite de la lutte contre l'inflation, le gouvernement a pour priorité la restructuration du système bancaire, l'assainissement des entreprises d'État et une amélioration de l'allocation des investissements publics.
L'agriculture (20,6 % du PIB) et l'industrie (41,1 %) occupent une place prépondérante. Les services représentent le solde, soit 38,3 %. La stratégie de développement socioéconomique du gouvernement vise à faire émerger en 2020 un Vietnam industriel. Il faudra pour cela répondre aux trois défis structurels majeurs que sont le développement d'infrastructures de base (routes, chemins de fer, aéroports, énergie, eau), la formation des jeunes et la modernisation institutionnelle (management, transparence de l'information...), qui supposent la réforme des entreprises publiques, le développement du secteur privé et la modernisation du système bancaire, pour réorienter le modèle économique vers une croissance plus qualitative.
* 1 La population (88 millions d'habitants) est jeune avec 56 % de moins de 30 ans. Son taux de croissance est de 1,1% par an. Le taux d'alphabétisation est de 94%.
* 2 Ce déficit s'explique principalement par le déficit structurel de la balance commerciale. L'incidence négative de cette dernière est compensée par l'excédent du compte de capital, principalement dû aux IDE, à l'aide publique au développement et aux transferts de la diaspora vietnamienne.
* 3 Le gouvernement a procédé à plusieurs dévaluations (5,4 % en novembre 2009, 3,4 % en mars 2010 et 2,1 % en août 2010) destinées à rétablir la confiance dans la monnaie nationale, le Dong.