B. L'ACTION PARTICULIÈRE DE NOTRE PAYS DANS LES TAAF
La France a, d'ores et déjà, pris des mesures en faveur de la préservation de ces oiseaux dans ces territoires.
Les Terres Australes et Antarctiques Françaises sont constituées de 3 groupes d'îles :
- les îles Amsterdam et Saint-Paul, d'une superficie de 7 km 2 sont balayées par des vents violents et des pluies régulières, mais bénéficient d'un climat tempéré (13°) avec une faible amplitude saisonnière. Amsterdam est ceinturée de falaises. Le cratère de St-Paul est envahi par la mer.
- l'archipel du Crozet, d'une superficie de 500 km 2 , est composé de 5 îles volcaniques, dont la plus élevée est à 1 200 mètres d'altitude. La végétation y est réduite à une strate herbacée. Le climat est venteux et pluvieux.
- l'Archipel des Kerguelen, d'une superficie de 7 000 km 2 , est composé de 300 îles, dont la végétation est proche de celle de Crozet.
Par ailleurs, les TAAF comprennent également la Terre Adélie (432 000 km 2 ) secteur du continent Antarctique régi par le Traité de l'Antarctique. Le climat est caractérisé par une température hivernale basse (- 40°C) et des vents violents soufflant fréquemment à plus de 250km/h. La végétation est limitée à quelques lichens et mousses.
La communauté des oiseaux marins nichant dans ces terres australes françaises est unique par sa diversité et sa richesse : on y compte 44 espèces d'oiseaux dont 37 pour le seul archipel de Crozet. Parmi ces oiseaux, on dénombre au moins 19 espèces de pétrels et 8 d'albatros. Excepté le Grand Albatros, toutes les espèces d'Albatros nichent dans les falaises.
Ces espèces se reproduisent durant le printemps austral et sont particulièrement vulnérables en février et en mars, lorsqu'elles vont pêcher dans les eaux avoisinantes pour nourrir leurs poussins.
Ces dernières années, un fléchissement considérable des populations de ces oiseaux a été constaté et une proportion significative d'entre elles pourrait être en déclin. Selon les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 3 espèces sont considérées comme vulnérables, avec un déclin supérieur à 20% de leurs effectifs en trois générations et un risque d'extinction à moyen terme (Pétrel à menton blanc, Grand albatros et Albatros à tête grise). L'Albatros d'Amsterdam est considéré comme fortement en danger avec un haut risque d'extinction dans un avenir proche (population réduite à 40 couples). Pour cette espèce, les spécialistes estiment que la perte de 5 individus pourrait conduire à son extinction avant 10 ans. Le fort taux de mortalité adulte, principale cause de déclin des populations, apparaît principalement imputable aux morts accidentelles liées à la pêche à la palangre.
1. à terre
Ces oiseaux sont également menacés, à terre, par les prédations commises par des espèces animales introduites, volontairement ou non, par l'homme, essentiellement les rats et les lapins.
Pour l'avenir, cette menace a été jugulée par un arrêté du 12 octobre 2001 de l'administrateur des TAAF, qui y réglemente l'introduction d'espèces animales ou végétales non indigènes..
Dans le même temps, des campagnes d'éradication des rats et des lapins ont été menées dans l'île Saint-Paul, en 1997 , et dans deux îles des Kerguelen : Château (250 ha), en 2002 , et Australia (20km) en 2004 .
Le CNRS, chargé du suivi de l'ïle Saint-Paul, y a constaté un retour de pétrels.
2. en mer
D'ores et déjà, un certain nombre de mesures techniques ont été imposées aux armateurs opérant dans les zones économiques de Kerguelen et de Crozet, qui visent à prévenir la mortalité accidentelle d'oiseaux marins : pêche uniquement de nuit, lestage des palangres, mise en place de systèmes d'effarouchement, présence de contrôleur des pêches à bord avec comptage des oiseaux capturés, possibilité d'ordonner à un navire de changer de secteur de pêche en cas de mortalité excessive. Par ailleurs, la pêcherie a été fermée à Kerguelen en février 2004, cette période étant particulièrement sensible pour les oiseaux de mer. Il est prévu de reconduire ces mesures pour les campagnes à venir, car elles ont en effet permis de réduire captures d'albatros et de pétrels. Les efforts doivent cependant continuer.
Cependant, cette zone est marquée par une pêche illégale de grande ampleur, touchant particulièrement la légine, poisson de grand fond à forte valeur économique.
On estime ainsi qu'environ 4 200 tonnes de ce poisson ont été illégalement pêchées au cours de la campagne 2002-2003, alors que le total admissible de capture attribué aux navires français se montait à 6 400 tonnes.
Il va sans dire que les navires pirates ignorent toutes les précautions nécessaires à la protection des oiseaux marins.
La France a entrepris de combattre ce piratage économique et écologique, notamment par la mise en place d'une surveillance de cette vaste zone par satellite.