II. LES TERRITOIRES ET LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
A. LA POLYNÉSIE FRANÇAISE : LE RENOUVEAU DE L'ÉCONOMIE LOCALE EN 1997
La
Polynésie française a bénéficié d'un climat
social serein et de la reprise de l'activité économique. Cette
évolution résulte principalement de la mise en oeuvre du contrat
de développement Etat-territoire voté en 1994 et du programme
stratégique pour la reconversion du territoire, qui inclut l'engagement
de l'Etat de compenser sur dix ans la diminution du montant des transferts
publics liés aux activités du centre d'expérimentation du
Pacifique (CEP).
Le territoire s'est engagé dans un processus de reconversion
économique et s'efforce donc de mettre en place les bases d'un
développement futur de l'économie locale, qui pourrait prendre
appui notamment sur le tourisme et les filières exportatrices (perles,
monoï, produits de la pêche, fruits et légumes tropicaux).
Si l'attentisme a prévalu en 1996 avec l'arrêt des essais
nucléaires, par contre 1997 comporte les signes précurseurs d'une
nouvelle étape du développement du territoire, avec en
particulier une perliculture qui continue de se développer pour devenir
le premier produit d'exportation, puis un secteur touristique qui, après
la baisse de fréquentation de 1996, renoue avec l'augmentation du nombre
de visiteurs et, enfin, l'amorce d'un courant nouveau d'exportation de fruits
avec le nono.
Les responsables locaux s'interrogent cependant sur les éventuelles
conséquences pour l'économie polynésienne de la crise
économique qui frappe actuellement le Japon et les économies du
sud-est asiatique.
Par ailleurs, un recensement de population effectué en
septembre 1996 a permis de confirmer le maintien d'un dynamisme
démographique important, ce qui n'est pas sans susciter des
interrogations quant à la possibilité pour l'économie
locale d'absorber l'arrivée des jeunes sur le marché du
travail.
1. Un bilan positif pour 1997 de l'application de la loi d'orientation pour le développement, social et culturel de la Polynésie française
La loi
n° 94-99 du 5 janvier 1994 d'orientation pour le
développement économique, social et culturel de la
Polynésie française définit sur une durée de dix
ans les engagements de l'Etat français pour favoriser le
développement économique équilibré de la
Polynésie.
Le 13 juin 1998, le Secrétaire d'Etat à l'outre-mer a
présidé à Papeete le quatrième comité de
suivi de la loi d'orientation pour le développement économique,
social et culturel de la Polynésie française, qui est
composé de six représentants de l'Etat et de six
représentants du territoire. Un bilan a été fait au
31 décembre 1997. Les membres de ce comité ont
souligné la concertation étroite et fructueuse qui s'est
instaurée et qui doit continuer à se renforcer, afin de prolonger
la dynamique des synergies mises en place.
En ce qui concerne le contrat de développement, le montant des
engagements financiers de l'Etat et du territoire s'élève au
31 décembre 1997 à plus de 1.766 millions de
francs dont :
- pour l'Etat, 913 millions de francs
- pour le territoire, 853 millions de francs
Par rapport au 31 décembre 1996, la progression globale est de
41 % tous financements confondus, dont + 26 % pour la part de
l'Etat et près de + 62 % pour celle du territoire.
Ce montant global représente un taux d'engagement financier confondu de
59,5 % des montants contractualisés sur six ans.
2. L'amélioration générale de la conjoncture économique
En ce
qui concerne la fréquentation touristique, la Polynésie avait
subi une période de lente érosion, commencée en 1987
(142.820 touristes) pour atteindre un niveau plancher en 1991 avec
120.938 touristes.
On observe une remontée de la fréquentation touristique sur la
période 1993-95, avec notamment l'ouverture de la desserte à la
compagnie CORSAIR en 1993, permettant ainsi une baisse importante des prix du
transport aérien et une augmentation de la clientèle. En 1996, la
chute fut de plus de 50 %, s'agissant des touristes japonais
(9.657 visiteurs contre 19.626 en 1995) et de 25 % pour les touristes
allemands, en raison des péripéties qui ont marqué la
reprise, puis l'arrêt des essais nucléaires dans le Pacifique.
Avec la fin des essais nucléaires, on a assisté en 1997 à
un retour de la fréquentation touristique avec 180.000 touristes.
Fort de ces résultats, le territoire ambitionne le cap des
300.000 touristes à l'horizon de l'an 2003 et des
500.000 touristes en l'an 2010.
Malgré les effets de la crise financière asiatique, les
exportations de perle se sont maintenues à un niveau très
élevé en 1997 (806 millions de francs contre
795 millions de francs en 1996). Depuis 6 ans, les recettes provenant
de cette activité ont été multipliées par trois.
Cette forte augmentation est liée principalement à une
pénurie de perles japonaises car cette production est affectée
par une forte mortalité des huîtres perlières
consécutive à la pollution.
Depuis le début des années 1990, le secteur de la
pêche connaît une profonde mutation. A côte d'une pêche
artisanale, côtière ou lagunaire qui satisfait la demande locale,
se développe une pêche de type semi-industriel tournée vers
l'exportation.
La production enregistre sur la période 1995-1997 une croissance moyenne
de 20,4 % par an, principalement due à l'augmentation des prises
des thoniers et palanquiers.
L'activité exportatrice s'est fortement accrue et en 1997, le volume des
exportations de poissons pélagiques a été multiplié
par dix.
Le coprah, production traditionnelle de la Polynésie, est essentiel au
maintien du niveau des ressources des populations rurales des îles,
notamment aux Tuomatu et sur les atolls où la perliculture n'existe pas.
Cette culture est soutenue notamment par les interventions de la Caisse de
soutien des prix du coprah.
La production est achetée par l'huilerie de Tahiti, qui broie le coprah
séché pour en retirer de l'huile brute. Une partie de cette huile
est raffinée sur place pour permettre la fabrication du monoï et
l'autre partie est écoulée auprès de l'industrie de la
cosmétique, tandis que les résidus de broyage (tourteaux) sont
achetés par l'industrie agro-alimentaire.
LA PRODUCTION DE L'HUILERIE DE TAHITI EST ÉVALUÉE AINSI :
(Tonnes)
PRODUCTION |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Coprah trituré |
10 954 |
9 883 |
10 055 |
9 843 |
10 575 |
10 976 |
9 857 |
Huile brute |
6 743 |
5 707 |
6 036 |
5 380 |
6 620 |
6 260 |
6 386 |
Huile raffinée |
173 |
284 |
224 |
356 |
342 |
187 |
185 |
Les exportations d'huile brute -qui avaient fortement augmenté en 1996- restent à un niveau élevé en 1997 grâce au maintien du tonnage (6.060 tonnes en 1997) et surtout à une amélioration du prix. Par contre les exportations du monoï ont souffert de la concurrence sur le marché métropolitain de nombreux produits au monoï sans origine spécifiée.
3. L'évolution des principaux indicateurs économiques
L'indice des prix n'a augmenté que de 1 % en 1997, poursuivant la
modération de l'inflation enregistrée en 1996 (+ 1,5 %)
et 1995 (+ 1 %).
Au recensement de 1988 la population active de la Polynésie
s'élevait à 72.093 personnes, dont 6.986 personnes au
chômage, ce qui conduisait à un taux de chômage de
9,7 %.
Pour les années 1995 à 1997, les statistiques de l'agence
pour l'emploi et la formation (AEFP) font apparaître un nombre de
demandeurs d'emplois en augmentation depuis trois ans : 11.446 en 1995,
12.595 en 1996 et 13.972 en 1997. Ainsi, le taux de chômage est
estimé à 17,7 %, proche de celui de la métropole,
mais très inférieur aux taux constatés dans les DOM.
S'agissant du commerce extérieur, l'amélioration de la
conjoncture économique en 1997 s'est accompagnée d'une croissance
des importations de + 5,1 % en valeur, plus particulièrement
dans le secteur des biens intermédiaires et des biens de consommation.
Les exportations de produits polynésiens ont cru en 1997 de
+ 6,5 % en valeur. Il faut signaler qu'une convention commerciale a
été signée en 1997 avec les pays de la zone pacifique pour
diminuer les droits de douane sur les importations réciproques de
certains produits locaux et que des actions ont été
également menées pour renforcer les flux commerciaux à
destination de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
Le solde de la balance commerciale s'est dégradé sous l'effet de
la hausse des importations et le taux de couverture est en repli de
0,8 point par rapport à 1996 pour s'établir à
24,0 %.
Mais il est intéressant de noter l'importance de l'activité
touristique comme vecteur de renforcement de l'autonomie polynésienne.
En effet, sur la base d'une recette touristique évaluée à
35,9 milliards de FCFP en 1997 le solde commercial corrigé
s'établit à - 40 milliards de FCFP et le taux de
couverture s'élève à 60,2 %.
BALANCE COMMERCIALE
(en millions de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Variations
|
Importations |
86 905 |
87 827 |
91 383 |
94 551 |
99 339 |
+ 5,1 |
Exportations |
15 183 |
22 287 |
17 548 |
23 433 |
23 804 |
+ 1,6 |
dont réexportations |
6 535 |
9 282 |
6 950 |
7 966 |
7 326 |
- 8 % |
Solde commercial |
- 71 722 |
- 65 540 |
- 73 835 |
- 71 118 |
- 75 535 |
- 0,8 pt |
Taux de couverture (importations/exportations) |
17,5 % |
25,4 % |
19,2 % |
24,8 % |
24,0 % |
|
Recettes touristiques |
ND |
ND |
32 615 |
32 249 |
35 971 |
|
Solde commercial corrigé |
|
|
- 41 220 |
- 38 689 |
- 39 564 |
|
Taux de couverture corrigé |
|
|
54,9 % |
58,9 % |
60,2 % |
|
( Source : ITSTAT)