B. NOUVELLE CALÉDONIE : DES RÉSULTATS ÉCONOMIQUES ENCOURAGEANTS EN 1997, DANS UN CADRE INSTITUTIONNEL PROFONDÉMENT RÉNOVÉ
La Nouvelle Calédonie a connu en 1997 un bon niveau d'activité malgré une évolution irrégulière de la consommation des ménages. Mais les activités exportatrices ont enregistré une forte progression.
1. Un cadre institutionnel profondément rénové
Fin
février 1998, dans le cadre des accords de Matignon-Oudinot, les
discussions ont repris sur l'avenir institutionnel de la
Nouvelle-Calédonie. Ceci fait suite à la conclusion d'un
protocole d'accord signé début février 1998, sur les
conditions de l'échange de titres miniers entre la société
minière du Sud Pacifique (MSP) et la société canadienne
Falconbridge en vue de la réalisation d'une usine de traitement du
nickel dans la province Nord.
La volonté des partenaires d'aboutir à une solution
négociée s'agissant des institutions de la Nouvelle
Calédonie s'est traduite par l'accord du 5 mai 1998, qui se
compose d'un préambule et d'un document d'orientation.
Le document d'orientation définit les principes de l'organisation
politique et sociale de la Nouvelle-Calédonie pour les vingt prochaines
années.
Il traite tout d'abord de l'identité kanak et de la manière dont
la nouvelle organisation de la Nouvelle Calédonie devra la
reconnaître dans ses différentes dimensions.
Une nouvelle organisation institutionnelle est ensuite définie. Elle
s'appuie sur le concept de souveraineté partagée avec la
République. La Nouvelle Calédonie se verra reconnaître,
progressivement, les compétences qui sont exercées actuellement
par l'Etat, à l'exception des pouvoirs régaliens comme la
justice, la défense et l'ordre public. D'autres pouvoirs seront
partagés avec l'Etat en particulier en matière de relations
internationales et régionales, de réglementation relative
à l'entrée et au séjour des étrangers,
d'audiovisuel, de réglementation minière, de dessertes
aériennes internationales, d'enseignement supérieur et de
recherche scientifique afin de permettre une meilleure prise en compte des
besoins spécifiques de la Nouvelle Calédonie.
Les actes les plus importants du Congrès, assemblée
délibérante de la Nouvelle Calédonie, pourront se voir
reconnaître un caractère de loi locale et ne seront donc soumis
qu'au contrôle du Conseil Constitutionnel comme les loi votées par
le Parlement de la République.
L'exécutif de la Nouvelle Calédonie sera confié à
un Gouvernement collégial, élu par le congrès et
responsable devant lui.
Pour les élections aux institutions locales, un corps électoral
restreint est défini.
L'accord de Nouméa prévoit également que les moyens de
l'émancipation de la Nouvelle-Calédonie en matière
économique, sociale et culturelle, seront mis à sa disposition,
notamment par un effort de formation et un contrôle progressif des outils
de développement.
La mise en oeuvre de cet accord s'est traduite par un projet de loi
constitutionnelle rétablissant le titre XIII de la Constitution
intitulé : " Dispositions transitoires relatives à la
Nouvelle-Calédonie ".
Ce texte -adopté à une très large majorité par
le Parlement réuni en Congrès, le 6 juillet 1998-
permet le transfert progressif et irréversible aux institutions locales
de compétences exercées actuellement par l'Etat.
Il prévoit de plus la consultation des populations, qui se substitue
ainsi au scrutin d'autodétermination prévu par l'article 2
de la loi référendaire du 9 novembre 1988.
Un avant-projet de loi organique est en cours d'élaboration pour mettre
en oeuvre l'accord du 5 mai 1998.
2. L'activité économique a connu un bon niveau en 1997
La
situation économique de la Nouvelle-Calédonie
appréciée fin 1997 était bonne, les principaux
indicateurs étant orientés positivement. Mais la baisse
très significative des cours du nickel amorcée depuis le
début 1997 l'a amené en dessous de son prix de revient et
constitue un problème incontestable pour la Nouvelle-Calédonie.
On peut toutefois penser que l'économie calédonienne comporte
maintenant suffisamment d'éléments de stabilisation lui
permettant de franchir sans trop de difficultés cette crise.
En ce qui concerne le nickel, l'année 1997 a connu une progression
notable des quantités produites tant pour le minerai que pour les
produits métallurgiques.
Malgré une croissance de la transformation locale, la production de
nickel s'est développée plus vite, ce qui a entraîné
une augmentation sensible des exportations de produit brut.
EXPORTATION DE MATTES ET DE FERRONICKELS (EN MÉTAL CONTENU)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Quantité (t) |
45 841 |
41 289 |
39 991 |
47 771 |
49 538 |
51 894 |
54 021 |
55 125 |
Valeur (MF CFP) |
35 677 |
32 781 |
26 117 |
27 830 |
31 193 |
35 271 |
35 059 |
38 752 |
Mais
début 1998, les exportations ont sensiblement baissé en raison de
la fermeture d'une entreprise aux Etats-Unis, qui s'approvisionnait sur le
marché néo-calédonien.
Si la tendance baissière du nickel s'est manifestée avant le
déclenchement de la crise asiatique celle-ci l'a incontestablement
amplifié. Elle pourrait avoir aussi sur le territoire, des effets sur le
tourisme et peut-être sur les exportations de crevettes, même si
l'économie calédonienne est encore relativement peu
dépendante de ses voisins asiatiques.
En 1991 et 1992, le secteur du tourisme avait subi les conséquences
d'une part, du conflit du Golfe qui avait affecté la venue des touristes
japonais et d'autre part, de la récession des économies
australienne et néo-zélandaise. C'est surtout
l'année 1994 qui a bénéficié des effets
positifs, d'une part des projets d'extension des capacités
hôtelières et d'autre part, de l'ouverture de la desserte
aérienne du territoire à la concurrence (Air Outre Mer et
Corsair).
En 1995, la hausse de fréquentation a été faible
(+ 1,5 %), en raison des conséquences négatives de la
reprise des essais nucléaires pour les touristes en provenance
d'Australie ou de Nouvelle-Zélande et malgré une progression
forte de la clientèle en provenance de la France métropolitaine
(+ 17 %). L'année 1996 avait mal commencé avec un
premier semestre en recul de 9 % par rapport à l'année
précédente, mais la décision de l'arrêt des essais
nucléaires a permis de relancer la venue des touristes (+ 54 %
par rapport au 1er semestre).
Cette reprise est confirmée en 1997 avec 105.137 touristes, soit un
résultat supérieur au précédent record de
fréquentation enregistré en 1984 (91.512 touristes).
Les deux secteurs de la pêche et de l'aquaculture font preuve d'un
dynamisme incontestable : l'aquaculture a maintenu son dynamisme en 1997
et retrouvé son niveau d'exportations, après une quasi-stagnation
entre 1995 et 1996. Au premier trimestre 1998, la production a
doublé par rapport au 1er trimestre de 1997.
Le retournement positif de la tendance
dans le secteur du BTP est l'un
des faits marquants de l'année 1997, compte tenu du poids de cette
activité dans la formation du produit intérieur autour de
8 %. Il a été déterminé pour une part par
l'adoption de mesures fiscales en faveur du logement par le congrès et
pour une autre part par le lancement de quelques grandes opérations.
Mais globalement, la consommation de ciment, indicateur traditionnel du
secteur, a marqué le pas (-5,6 % sur un an).
Le solde de la balance commerciale s'est amélioré car les
exportations ont augmenté plus fortement (+ 14,8 %) que les
importations (+ 5,9 %). Le taux de couverture passe ainsi de 54
à 58 %.
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Variations
|
Importations |
87 951 |
87 307 |
86 894 |
93 087 |
98 561 |
5,9 % |
Exportations |
39 653 |
42 088 |
48 110 |
50 225 |
57 658 |
14,8 % |
Déficit commercial |
- 48 298 |
- 45 219 |
38 784 |
- 42 862 |
- 40 903 |
- 4,6 % |
Taux de couverture (importations/exportations) |
45 % |
48 % |
55 % |
54 % |
58 % |
|
Source : ITSEE et Service des mines(chiffres rectifiés)
3. Un effet insuffisant sur le marché de l'emploi
La
croissance soutenue des offres d'emplois à la fin de 1997 ne doit
cependant pas masquer l'inadéquation durable -en termes quantitatifs,
qualitatifs et géographiques- entre l'offre et la demande.
Globalement, le marché de l'emploi s'est maintenu dans un état
stationnaire depuis trois ans :
- le nombre des emplois déclarés à la CAFAT (Caisse
de compensation des prestations familiales, des accidents du travail et de
prévoyance des travailleurs de Nouvelle-Calédonie), qui a
plafonné autour de 44.000 durant trois ans (de 1994 à 1996), a
légèrement progressé en 1997 pour atteindre
46.296 personnes fin 1997.
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
42 037 |
42 618 |
44 169 |
43 777 |
44 832 |
46 296 |
- le nombre des demandeurs d'emploi non satisfaits, qui avait plafonné à 5.000 en 1989 et 1990, a progressé ces dernières années pour atteindre 7 906 en 1997.
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
5 840 |
6 850 |
7 379 |
7 410 |
7 719 |
7 906 |
Le taux de chômage s'élève à 17,1 % en Nouvelle-Calédonie et les jeunes de moins de 25 ans représentent 34 % de l'ensemble des demandeurs d'emplois.