E. SAINT-PIERRE ET MIQUELON : UNE SITUATION ÉCONOMIQUE QUI RESTE DÉLICATE
1. Une conjoncture internationale difficile
L'économie de Saint-Pierre et Miquelon, fondée auparavant sur la
pêche industrielle et l'industrie de transformation du poisson, a connu
un retournement brutal en 1992 avec, d'une part, la sentence du Tribunal
arbitral de New York qui a réduit considérablement la Zone
économique exclusive de l'archipel et, d'autre part, la décision
du Canada de réduire le quota de pêche, puis d'interdire toute
pêche de morue pour une période de cinq à sept ans (donc
jusqu'en 1997 ou 1999), en raison du risque réel d'épuisement des
stocks.
Les activités d'Interpêche (pêche de 10.000 à
15.000 tonnes de poissons par 5 chalutiers, puis traitement et
transformation dans une usine à terre avant expédition sur la
Métropole et l'Amérique du Nord) ont été
interrompues depuis 1993.
Face à cela, les pouvoirs publics ont d'abord mis en place un dispositif
d'aides à Interpêche qui, par différents biais (convention
FNE à partir du 15 septembre 1992, convention de congés
de conversion du 1er août 1993 au 31 août 1994,
restructuration financière d'Interpêche fin 1993,...) ont conduit
l'Etat et la Collectivité territoriale à apporter un soutien
financier s'élevant à 174 millions de francs de
septembre 1992 à décembre 1997.
Puis les pouvoirs publics ont mené avec le Gouvernement canadien des
négociations qui ont débouché sur l'accord de pêche
franco-canadien du 2 décembre 1994, qui prévoit
notamment que Saint-Pierre et Miquelon bénéficierait de quotas de
pêche de morue et de pétoncles qui seront fixés, non pas de
manière arbitraire par les autorités canadiennes, mais par des
pourcentages des TAC (total admissible de captures) déterminés
chaque année de manière conjointe et concertée.
Cet accord stipule en conséquence que :
Concernant le pétoncle :
- il ne sera désormais fait référence qu'au gisement
global, sans distinction d'une zone française ou canadienne ;
- les quotas de prélèvement sur le gisement entier seront
répartis à raison de 70 % pour la France et 30 % pour
le Canada ;
- le TAC sera déterminé annuellement et conjointement au
sein d'une commission bilatérale franco-canadienne.
Concernant la morue :
- à la fin du moratoire sur la pêche, la France obtient une part
du TAC de morue fixée à 15,6 % sur la zone du 3 PS et
à 2,6 % dans le golfe du Saint-Laurent ;
- en novembre 1996, le Conseil consultatif franco-canadien a fixé
le TAC de morue et de pétoncle attribué à Saint-Pierre et
Miquelon pour 1997 à 1.870 tonnes de morue, et 1.470 tonnes de
pétoncles (contre seulement 2.275 tonnes de pétoncles en
1996). Ces quotas, conformes aux précédents accords, marquent la
fin du moratoire sur la pêche à la morue ;
- lors de sa dernière réunion, au premier trimestre 1998, le
conseil consultatif franco-canadien a déterminé les quotas de
pêche pour l'année 1998. Ces quotas, pour la plupart en
hausse, ont été fixés à 3.120 tonnes pour la
morue et 1.470 tonnes pour le pétoncle.
Les TAC de crabe des neiges, de flétan et de rouget ont
été fixés respectivement à 350 tonnes,
210 tonnes et 387,5 tonnes.
2. Une reprise de l'activité dans le secteur de la pêche encore fragile
Le
levée du moratoire a entraîné une reprise dans le secteur
de la pêche industrielle. Il a été débarqué
1.642 tonnes de poissons en 1997 contre 847 tonnes l'année
précédente.
Malgré l'augmentation des quotas, l'industrie de la pêche
à Saint-Pierre et Miquelon connaît des résultats
mitigés.
Depuis trois ans, la société Archipel SA s'est reconvertie
dans le traitement de poisson étranger, dans un premier temps russe et
aujourd'hui canadien.
Après des résultats médiocres en 1995, on a observé
en 1996 un net ralentissement des activités d'importation et de
traitement de poissons.
L'année 1997 aura toutefois vu une reprise des livraisons de
poissons grâce à un accord entre la société
canadienne " National Sea " et Archipel SA. Avec des
interruptions encore fréquentes, cette coopération a permis
à la société d'augmenter sensiblement sa production en
1997. Une nouvelle usine ouverte en 1997, traite l'ensemble des crabes
pêchés par les artisans avant de les exporter.
A Miquelon, l'industrie de la pêche aura connu, quant à elle, une
année 1997 particulièrement difficile. En effet, il a
été débarqué au cours de
l'année 275 tonnes de pétoncles sur un quotas de
1.470 tonnes. Ces résultats décevants s'expliquent par les
difficultés rencontrées dans l'exploitation du coquillier
" Avel Mad ". L'usine Miquelon SA a directement subi les
conséquences de ces difficultés, et, malgré le traitement
exceptionnel de la morue issue de la pêche artisanale, l'entreprise
connaissait de grosses difficultés. Sa fermeture, s'est vu
confirmée par la mise en liquidation judiciaire de la
société en mars 1998.
3. Les principaux indicateurs
L'indice des prix
Interrompu depuis juin 1992, le calcul de l'indice des prix a
été repris en 1997. La hausse des prix en 1997
s'élèverait à 4,7 % selon cet indice. Un tel niveau
d'inflation n'est pas sans rapport avec l'augmentation du dollar canadien
(+ 8,5 %) et celle du dollar américain (+ 13,8 %).
La situation de l'emploi
Le marché de l'emploi s'est dégradé en 1997 : au
31 décembre 1997 le nombre de demandes d'emplois non
satisfaites s'est élevé à 438 contre 365 en
décembre 1996, soit une hausse de 20 %. Il convient cependant
de noter que le mois de décembre 1997 a été
marqué par 174 nouvelles inscriptions provenant de l'entreprise
Miquelon SA et du BTP.
La balance commerciale
Le taux de couverture s'améliore -sans retrouver cependant les niveaux
de 1994 ou 1995- grâce à la reprise des exportations de poisson
(+ 87 % en valeur sur l'année) et de la progression
modérée des importations.
BALANCE COMMERCIALE
(millions de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Variation
|
Importations |
344 |
413 |
371 |
371 |
384 |
4 % |
Exportations |
29 |
83 |
56 |
21 |
29 |
41 % |
Balance commerciale |
- 315 |
- 330 |
- 315 |
- 350 |
- 355 |
1 % |
Taux de couverture (importations/exportations) |
8 % |
20 % |
15 % |
6 % |
8 % |
|
Source
: Service des douanes
(1)
Chiffres rectifiés