D. LA RÉUNION : UNE REPRISE SIGNIFICATIVE DE L'ACTIVITÉ, FIN 1997, MAIS DES DIFFICULTÉS STRUCTURELLES QUI PERSISTENT
Si, la première moitié de l'année 1997 a été marquée par les effets négatifs des événements sociaux sur l'activité économique, le dernier trimestre a permis d'enregistrer une reprise forte de l'économie locale. Mais les difficultés structurelles demeurent, au premier rang desquelles figurent la dégradation continue du marché de l'emploi et l'accroissement du nombre de bénéficiaires du revenu minimum d'insertion.
1. Une conjoncture plutôt satisfaisante pour la plupart des secteurs d'activité
La
campagne sucrière 1997-1998 s'est achevée sur un bilan
plutôt favorable malgré le retard pris en début de campagne
suite à des mouvements sociaux. La production de cannes a
légèrement augmenté (1.910.000 tonnes contre
1.807.000 tonnes). Dans ce contexte, la production sucrière se
situe à un niveau correspondant à celui de la moyenne
décennale. Enfin, la campagne rhumière, dont les modalités
de contingentement ouvrant droit à un régime fiscal
privilégié ont été profondément
modifiées en 1995, a été caractérisée en
1996 par une reprise des exportations et une importante diminution des ventes
sur le marché local.
La filières fruits et légumes, qui constitue la première
spéculation agricole de l'île, avant la canne à sucre, avec
près de 40 % de la valeur de la production agricole finale,
poursuit son développement. La production agricole finale, poursuit son
développement. La production légumière couvre aujourd'hui
la quasi-totalité des besoins de la population réunionnaise,
tandis que les importations continuent de satisfaire le quart de la
consommation fruitière annuelle.
La situation des spéculations agricoles d'exportation traditionnelles
s'avère en revanche préoccupante. Si la production de vanille,
après avoir atteint son plus bas niveau historique en 1995, se redresse
quelque peu, notamment grâce aux efforts de réorganisation de la
filière entrepris par les professionnels, les résultats de la
production de géranium et de vétiver sont en revanche de nouveau
médiocres, tendant à marginaliser l'activité de
fabrication d'huiles essentielles réunionnaises.
Parallèlement, à l'exception des filières laitière
et avicole qui affichent des résultats en hausse en 1996, les
productions animales ont également connu des difficultés,
malgré les actions engagées par les organisations
interprofessionnelles avec le soutien de la communauté européenne
dans le cadre du POSEIDOM.
S'agissant de l'exploitation des produits de la mer, et pour réagir
contre la surexploitation des ressources halieutiques des terres australes
françaises par des navires étrangers intervenant en toute
illégalité dans la zone économique exclusive, la marine
nationale a multiplié les interpellations et le dispositif
législatif a été renforcé. Compte tenu du niveau
élevé des amendes, cette politique dissuasive devrait à
terme être efficace.
Sur le plan industriel, le renforcement des industries manufacturières
et la diminution régulière du poids de l'agro-alimentaire
témoignent de la diversification croissante des productions locales.
Globalement, le ralentissement de la progression des encours des crédits
d'équipements témoigne de l'attentisme des acteurs
économiques et les défaillances d'entreprise relevant du secteur
industriel ont augmenté de 3,7 % en 1997.
L'activité du secteur du bâtiment est restée globalement
médiocre en 1997, malgré la bonne tenue des commandes publiques
et la reprise de la construction privée. Ceci résulte du
ralentissement de l'activité dans le logement social, conséquence
de la diminution de la ligne budgétaire unique.
Enfin, le secteur du tourisme présente en 1997 des résultats
encore en progression après deux années où
l'amélioration était déjà sensible. Grâce aux
efforts de promotion menés par le comité du tourisme de la
Réunion, le département conforte sa deuxième place des
destinations de la zone sud de l'Océan indien, derrière
l'île Maurice. Avec 370.000 touristes, la Réunion capte
près du tiers des arrivées sur la zone.
2. Mais la situation de l'emploi demeure préoccupante
Malgré les créations d'emplois constatées
ces
dernières années, l'économie réunionnaise n'est pas
assez dynamique pour répondre à l'accroissement de la population
active.
Au 31 décembre 1997, la Réunion comptait 101.908 demandeurs
d'emploi (corrigé des valeurs saisonnières), soit une hausse de
6,6 % par rapport à 1996. L'indicateur de chômage passe ainsi
de 40,2 % en 1996 à 42,8 % en 1997 ce qui constitue le niveau
le plus élevé de tous les départements français.
Le chômage de longue durée -supérieur à une
année- ne cesse également d'augmenter. Il concerne
45.068 personnes soit une augmentation de 19 % par rapport à
1996 contre + 6,7 % en métropole.
Logiquement, et après une certaine stabilisation constatée ces
trois dernières années, le nombre d'allocataires du RMI a
augmenté de + 6,4 % pour atteindre, 54.126 personnes en
décembre 1997. Le nombre de bénéficiaires
représente 7,9 % de la population totale de l'île, pour une
moyenne proche de 1,6 % en métropole.
3. Une amélioration de la balance commerciale
Le
niveau des importations s'est stabilisé en 1997 par rapport à
1996 (+ 0,2 %), et les exportations ont sensiblement augmenté
tant en tonnage qu'en valeur. Ce dernier résultat est dû à
deux bonnes campagnes sucrières et à l' augmentation des
exportations de poisson.
En conséquence, le déficit de la balance commerciale s'est
réduit et le taux de couverture s'est amélioré de
1,3 points en 1997.
BALANCE COMMERCIALE
(millions de francs)
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 (1) |
1997 |
Importations |
12 650 |
11 855 |
13 077 |
13 561 |
14 240 |
14 263 |
Exportations |
1 108 |
996 |
955 |
1 038 |
1 071 |
1 251 |
Balance commerciale |
- 11 542 |
- 10 859 |
- 12 122 |
- 12 523 |
- 13 169 |
- 13 012 |
Taux de couverture (importations/exportations) |
8,8 % |
8,4 % |
7,3 % |
7,7 % |
7,5 % |
8,8 % |
Source
: Service des douanes
(1)
Chiffres rectifiés