B. L'ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE, CONDITION DE LA DÉMOCRATISATION CULTURELLE
L'éducation artistique et culturelle constitue l'un des
enjeux majeurs de la politique culturelle.
Au delà du rôle qu'elle est appelée à jouer dans
l'éveil des sensibilités et dans la formation du goût et du
sens critique, elle constitue un instrument primordial au service de l'objectif
de démocratisation culturelle.
Or, la France enregistre en ce domaine un retard par rapport aux pays
européens qu'il s'agisse de l'Italie, pour l'enseignement de l'histoire
de l'art, ou des pays scandinaves, en matière d'initiation à la
pratique artistique à l'école.
Les conclusions de la commission Rigaud qui invitaient à affirmer un
" droit permanent du citoyen " à l'éducation artistique
et culturelle conservent aujourd'hui toute leur pertinence.
En ce domaine, l'école a, d'évidence, un rôle
déterminant à jouer. En effet, l'éducation artistique et
culturelle constitue, à l'égal de la lecture, de
l'écriture et du calcul, un enseignement fondamental. Le rapport remis
au printemps dernier au ministre de l'éducation nationale par
M. Philippe Méirieu, président du comité
d'organisation de la consultation nationale sur l'avenir des lycées, a
souligné à cet égard que les jeunes lycéens
aspiraient à acquérir dans le cadre des établissements
scolaires une culture commune.
Au delà de l'école et en exceptant l'enseignement
supérieur des arts qui constitue l'un des moyens de la politique d'aide
à la création, l'éducation artistique et culturelle doit
s'adresser à tous, y compris aux plus démunis pour lesquelles
elle constitue un instrument de lutte contre l'exclusion et un moyen d'assurer
l'égalité des chances. Cela justifie donc que toutes les
autorités publiques, qu'il s'agisse de l'Etat et des
établissements publics placés sous sa tutelle ou des
collectivités locales, y prennent une part active.
1. Les crédits consacrés aux enseignements artistiques
La
volonté exprimée par Mme Catherine Trautmann de dégager
des moyens nouveaux en faveur des enseignements artistiques va
incontestablement dans le bon sens. Néanmoins, l'effort consenti en ce
domaine mérite d'être accru afin de doter la France, comme le
proposait la commission Rigaud, au cours des vingt prochaines années
d'un " système cohérent et efficace d'éducation
culturelle du citoyen ".
Les crédits consacrés aux enseignements artistiques
(hors
dépenses de personnel et de fonctionnement des services du
ministère y afférent) qui connaissent une progression moindre
qu'en 1998 s'élèvent en 1999 à 1,33 milliard de francs en
dépenses ordinaires,
en progression de 2,4 % par rapport
à 1998,
et à 178,2 millions de francs en autorisations de
programme, en progression de 15,7 % par rapport à 1998.
Le tableau ci-dessus indique la ventilation des crédits consacrés
aux enseignements artistiques inscrits dans le projet de loi de finances pour
1999.
Crédits 1998 et 1999
en millions de francs
Chapitre et article |
LFI 1998 |
PLF 99 |
1999/1998
|
36-60 Subventions aux établissements publics |
505,7 |
512,3 |
+ 1,3 |
43-20 Interventions d'intérêt national |
236,7 |
263 |
+ 11 |
- 40: Enseignements et formations |
228,56 |
200,25 |
- 12,4 |
- 50 : Bourses d'études |
8,18 |
6,8 |
- 16,9 |
- 60 : Bourses d'enseignement supérieur |
|
55,9* |
|
43-30 Interventions déconcentrées |
541,7 |
524,1 |
- 3,2 |
Total interventions Titre IV |
778,4 |
787,1 |
+ 1,1 |
Total dépenses ordinaires |
1 284,1 |
1 299,4 |
+ 1,2 |
56-91 Investissement (AP) |
137,6 |
146,8 |
+ 6,6 |
66-91 Subvention d'équipement |
16,4 |
31,4 |
+ 91,4 |
Total dépenses en capital |
154,0 |
178,2 |
+ 15,7 |
Total (DO + AP) |
1 438,1 |
1 477,6 |
+ 2,7 |
*
Transfert du chapitre 36-60 pour 3,4 millions de francs et du chapitre 43-30
pour 45 millions de francs
Ce tableau fait apparaître les évolutions suivantes :
- une progression de 2,7 % des subventions aux établissements
publics qui profite essentiellement aux écoles d'architecture, au
réseau des écoles d'art du centre national des arts plastique et
à l'ENSMIS
3(
*
)
;
- une faible progression des crédits d'intervention (+1,1 %) qui,
à structure constante c'est-à-dire en ne tenant pas compte du
transfert des crédits de bourse sur le titre IV, diminuent de
6 % ;
- une progression de 15,7 % des dépenses en capital, qui
bénéficie pour une large part aux écoles municipales et
régionales d'art.
Afin de tenter d'apprécier la situation des enseignements artistiques en
France, il convient de distinguer entre la pratique de ces enseignements
à l'école, d'une part, et l'offre d'enseignements artistiques
spécialisés, d'autre part.