2. Les enseignements et pratiques artistiques en milieu scolaire
Les crédits destinés à financer ces actions sont extrêmement difficiles à identifier à la seule lecture du " bleu " en raison notamment des modifications de nomenclature budgétaire. On relèvera que la diminution de 2,3% des crédits d'intervention de la délégation au développement culturel et à l'aménagement du territoire sur lesquels sont financées ces actions ne rend guère possible leur développement, ce qui est regrettable compte tenu de leur incontestable intérêt.
a) Les enseignements obligatoires : une application encore imparfaite de la loi
La loi
du 6 janvier 1988 précitée rend obligatoire dans l'enseignement
primaire et le premier cycle du secondaire, l'enseignement d'au moins deux
disciplines artistiques, la musique et les arts plastiques. Sur ce point, son
application relève du ministère de l'éducation nationale.
A l'école primaire
, le respect de l'obligation posée par
la loi est difficile à contrôler. En effet, si les programmes
posent le principe d'un enseignement de la musique et des arts plastiques
à raison d'une heure hebdomadaire, cet enseignement est en
général assuré non par des professeurs
spécialisés comme dans le secondaire mais par des instituteurs et
des professeurs des écoles.
On constate dans les faits qu'encore bien souvent ces enseignements ne sont pas
assurés, ceci pouvant s'expliquer par le sentiment d'incompétence
que peuvent ressentir certains enseignants face à des disciplines pour
lesquelles ils ne disposent pas d'une formation pédagogique suffisante
et par la lourdeur des programmes liés aux apprentissages fondamentaux.
Face à ce constat, apparaît la nécessité de
renforcer la formation des enseignants aux disciplines artistiques
dispensée dans les Instituts universitaires de formation des
maîtres (IUFM), qui apparaît pour l'heure encore insuffisante. A
cet égard, la pratique des conventions passées entre des IUFM et
des DRAC afin d'améliorer la formation initiale et continue des
enseignants devrait être systématisée.
Dans le premier cycle du secondaire,
les difficultés
constatées dans l'application de la loi de 1988 tiennent
désormais essentiellement à la qualité de l'enseignement
dispensé. Là encore, un effort de formation des enseignants
s'impose afin que les enseignements dispensés soient de nature à
permettre un réel accès des élèves à la
culture.
b) Les activités et pratiques culturelles
Dans le
prolongement des enseignements artistiques obligatoires et optionnels, le
ministère de la culture participe à l'application de la loi
n° 88-20 du 6 janvier 1988 relative aux enseignements
artistiques en soutenant les actions engagées à l'école en
partenariat avec les professionnels de la culture dans le cadre de dispositifs
conjoints avec le ministère de l'éducation nationale et des
orientations du protocole sur l'éducation artistique signé en
novembre 1993.
Le tableau ci-dessous récapitule, conformément à l'article
16 de la loi du 6 janvier 1988, les crédits consacrés en
1998 par le ministère de la culture à des actions prenant place
dans des dispositifs d'éducation artistique. Il ne tient pas compte des
projets, qui n'entrent dans le cadre d'aucun dispositif mais peuvent faire
l'objet d'une contractualisation spécifique, ni des contrats de ville
qui représentent une part importante des actions financées par le
ministère au titre de l'éducation culturelle et artistique.
ETAT
RÉCAPITULATIF PRÉVU PAR L'ARTICLE 16
DE LA LOI DU 6 JANVIER
1988 POUR L'ANNÉE 1998
|
Nombre
|
Nombre d'élèves touchés |
Crédits alloués par
le ministère de la
culture
|
Ateliers et classes culturelles en primaire |
1 800 |
45 000 |
8,5 |
Ateliers de pratique artistique en collèges, lycées et lycées professionnels |
2 421 dont 1 650 menés avec des professionnels culturels |
50 200
|
22 |
Enseignements optionnels en lycée, en théâtre, en cinéma |
environ 300 |
environ 25 000 |
22 |
Jumelages entre des établissements et des structures culturelles |
130 |
60 000 |
14,3 |
Sites expérimentaux d'éducation artistique |
21 villes
|
200 000 |
9,195 |
Écoles, collèges, lycées au cinéma |
|
603 000 |
16,4 |
Total |
|
983 200 |
92,4 |
Source : Ministère de la Culture
Les activités culturelles et artistiques mises en place grâce au
ministère de la culture n'apparaissent plus comme des activités
complémentaires ou périphériques mais sont en passe de
devenir des composantes à part entière du projet global
d'éducation.
* Les
classes culturelles
et les
ateliers de pratique
artistique
rencontrent un grand succès
Les premières impliquent le déplacement d'une classe pendant une
semaine et sont axées sur la découverte d'une activité de
création ou du patrimoine.
Les ateliers de pratique artistique concernent les collèges ou les
lycées et sont animés par une équipe regroupant à
la fois des enseignants et des professionnels du secteur culturel. Ils se
déroulent sur trois ou quatre mois à raison de deux à
trois heures hebdomadaires.
Au cours de l'année scolaire 1997-1998, dans les écoles,
1 800 classes culturelles et ateliers de pratique artistique ont permis
à près de 55 000 enfants de découvrir une discipline
artistique ou un élément du patrimoine. Le ministère de la
culture y a consacré 8,2 millions de francs.
La même année, 46 700 élèves du secondaire ont
fréquenté un atelier de pratique artistique. Le budget
consacré à ces actions s'est élevé en 1998 à
22 millions de francs.
* Le ministère de la culture apporte, par ailleurs,
son soutien aux
enseignements artistiques optionnels dans les classes des lycées
, en
prenant à sa charge la rémunération des artistes
professionnels qui collaborent avec les enseignants spécialisés
qui relèvent de l'éducation nationale. Au cours de l'année
1997-1998, 104 lycées ont dispensé un enseignement
spécialisé dans le domaine du cinéma, 110 lycées un
enseignement du théâtre et 78 lycées un enseignement
d'histoire de l'art. Ces enseignements ont été suivis par environ
27 000 lycéens.
La contribution du ministère de la culture à la sensibilisation
artistique des écoliers, des collégiens et des lycéens
prend également des formes variées.
* Lancée à la rentrée 1992, la formule des
"
jumelages
" repose sur le rapprochement d'un
établissement culturel et d'un établissement scolaire.
Au fur et à mesure des années, cette formule s'adresse à
une population de plus en plus large. Les établissements culturels
participant à ces opérations sont dans la plupart des cas des
institutions culturelles placées sous la tutelle de l'Etat ayant une
activité artistique régulière et disposant d'un personnel
permanent.
* De façon plus ponctuelle, le ministère de la culture met en
oeuvre des opérations destinées à sensibiliser les jeunes
à l'image de celles entreprises dans le domaine du cinéma, qui
ont pour objectif de faire découvrir des films en salles avec un
accompagnement pédagogique. Le ministère de la culture a
consacré en 1998 16,4 millions de francs à ces
opérations qui ont concerné près de 600 000
élèves.
* Enfin, dans le cadre du protocole d'accord interministériel
signé le 17 novembre 1993 entre les ministères de la
culture, de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, des
actions expérimentales
ont été lancées.
Ainsi, à la rentrée 1994, a été engagée ce
qu'il est convenu d'appeler la "
politique des sites
". Cette
politique connaît désormais une certaine désaffection qui a
incité le ministère de la culture à procéder
à l'évaluation de ce dispositif auquel il a consacré, en
1998, 3,8 millions de francs.
Par ailleurs, le ministère de la culture a participé à la
mise en place des dispositifs d'aménagement du rythme de vie des
enfants, et en particulier des
ARVEJ
(dispositifs d'aménagement
des rythmes de vie de l'enfant et du jeune). Afin de renforcer la participation
des institutions et des associations culturelles à ces
opérations, il a signé, conjointement avec les ministères
de l'éducation nationale et de la jeunesse et des sports, la circulaire
du 31 octobre 1995 qui fixe les modalités de l'ARVEJ.
Dans ce cadre, une vingtaine de communes ont signé des conventions avec
le ministère de la culture afin de développer l'éducation
artistique des enfants scolarisés à l'école maternelle et
élémentaire.
La multiplication des dispositifs locaux et des sites expérimentaux
mis en place comme dans certains cas l'usure de certaines actions ont rendu
nécessaires une simplification et une clarification des modalités
de l'intervention du ministère de la culture
. La circulaire
n° 98-153 du 22 juillet 1998 signée conjointement avec
les ministres de l'éducation nationale et de l'enseignement scolaire
devrait y contribuer. Ce texte devrait permettre de recentrer l'action du
ministère sur des priorités mieux identifiées et
étendre la portée des dispositifs existants.
Par ailleurs, elle généralise à toutes les régions
l'établissement de conventions entre les DRAC et les rectorats
destinées à préciser les finalités des
opérations engagées et à en fixer les modalités
d'évaluation, ce qui sera -votre rapporteur le souhaite- un moyen de
renforcer le partenariat entre les services de la culture et de
l'éducation nationale, qui pour l'heure est insuffisant.
Dans cette perspective,
il semblerait opportun de compléter les
attributions du ministère de la culture afin de lui reconnaître la
mission de promouvoir et de développer l'éducation artistique et
culturelle et à ce titre celle de coordonner les actions entreprises
dans ce domaine par les différents ministères
. Il faut bien
reconnaître qu'en ce domaine, le chevauchement des attributions
ministérielles aboutit souvent à l'inaction.
Par ailleurs, il est essentiel de rappeler que cette mission doit inspirer
l'action de tous les établissements culturels subventionnés par
le ministère de la culture. A ce titre, votre rapporteur souhaite que la
charte du service public constitue un moyen pour le ministère de faire
participer plus activement les structures qu'il subventionne à cette
mission.