B. ENTRETIENS AVEC M. TAREK AZIZ, VICE-PREMIER MINISTRE ET AVEC M. SAADOUN HAMMADI, PRÉSIDENT DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Les
entretiens politiques qu'a eus votre délégation, notamment avec
M. Tarek Aziz, Vice premier ministre, et avec M. Saadoun Hammadi,
président de l'Assemblée Nationale, ont consisté en une
vive dénonciation de ce qu'ils considéraient alors comme un
changement profond de la politique de notre pays vis-àvis de l'Irak.
Tout en soulignant les liens d'amitié entre les deux pays, et en
s'autorisant de cette amitié pour employer un langage vigoureux, M.
Tarek Aziz a été particulièrement clair à ce sujet.
Après avoir rappelé le contexte juridique que constituent les
résolutions du Conseil de sécurité, il a
réitéré le refus de son pays, comme de la France qui
s'était alors abstenue, de la résolution 1284.
L'Irak refuse totalement les nouvelles résolutions 1352 et 1382 qui
remettent selon lui en cause l'accord obtenu avec la résolution 986
« pétrole contre nourriture » et son Memorandum of
understanding de 1996. Celui ci demeure, aux yeux des Irakiens la seule base
légale du programme pétrole contre nourriture.
Juridiquement parlant , M. Saadoun Hammadi a plaidé pour une
levée de l'embargo, « l'Irak ayant rempli toutes ses
obligations ». Il a notamment indiqué que la question des
armes de destructions massives avait été réglée et
que son pays ne constituait pas une menace pour ses voisins.
Le Vice Premier ministre a vivement regretté que la position
française définie en 1994 par M. Alain Juppé, alors
ministre des affaires étrangères, ait été
modifiée. Elle serait passée d'une interprétation
légaliste (toute les résolutions mais rien que les
résolutions) qui était ressentie à Bagdad comme une
position amie, à un ralliement à la position anglo-saxonne
définie dans les projets de résolution 1352 qui vise à
établir un nouveau régime de sanctions. Cette position est
jugée inamicale vis-à-vis de l'Irak.
La dégradation du climat politique entre les deux pays s'explique, selon
M. Tarek Aziz, par la proximité des élections
présidentielles. Le vice-premier ministre n'attend de ce fait aucun
infléchissement significatif de la position française avant le
milieu de l'année 2002 quand notre pays disposera d'un exécutif
et d'un législatif reconstitués.
Certes, l'Irak entretient de bonnes relations économiques et culturelles
avec la France. M. Tarek AZIZ distingue le partenariat naturel des deux pays,
de la difficile gestion quotidienne des relations franco-irakiennes. La France
ne participe pas aux interdictions de vol au nord et au sud de l'Irak et ne
soutient pas les opposants au régime en place. Il n'en reste pas moins,
selon lui, que le fond de la résolution soutenue par la France est
dirigé contre le gouvernement irakien. Elle vise en effet à
contrôler toutes les ressources de l'Irak, en dehors de l'application du
mémorandum, en provenance des pays voisins (Jordanie, Syrie et Turquie).
Le ton critique employé par M. Tarek Aziz et M. Saadoun Hammadi devant
la délégation du groupe d'amitié a été
progressivement atténué au cours des mois suivants. Selon M.
Tarek Aziz l'Irak a une « relation naturelle » avec la
France qui est à juste titre considérée comme le principal
support de son pays en Europe.