B. L'ATTITUDE IRAKIENNE EN RÉACTION AUX ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE

La position irakienne peut se résumer de la manière suivante :

q persistance du refus des résolutions 1284, 1352 et 1382

q non condamnation des attentats, mais condamnation du terrorisme

q préparation militaire et économique à un éventuel conflit

Il semble toutefois que cette position intransigeante connaisse depuis peu une certaine inflexion devant la réalité de la menace.

1. une position intransigeante

Les autorités irakiennes ont choisi de ne pas condamner les attentats du 11 septembre. Cette attitude qui isole l'Irak des autres pays arabes et de la communauté internationale, unanime à dénoncer la barbarie de ces actes, a été soulignée par trois interventions du président Saddam Hussein, les 12, 13 et 15 septembre. Le 18 septembre, une nouvelle lettre ouverte du Président Hussein a été publiée. Au cours de ces interventions les attentats ont été présentés comme une conséquence de la politique impériale américaine, tout en distinguant soigneusement le peuple américain de ses dirigeants et de leur politique.

Cette réaction du « Commandement » irakien était adressée en priorité à l'opinion publique de son pays et aux pays arabes et musulmans. L'utilisation de l'antiaméricanisme extrêmement présent en Irak et dans la région rencontre un écho certain dans les opinions publiques particulièrement dans un pays dont la population souffre cruellement des effets de l'embargo imposé depuis 1991 et dont les Etats-Unis et la Grande Bretagne sont rendus responsables.

Il faut toutefois signaler que si l'Irak n'a pas condamner les attentats, contrairement à ce que certains officiels américains avaient affirmé, personne ne s'est réjoui de leur intervention. L'argumentaire irakien est du reste extrêmement construit. Il invite à s'interroger sur les causes qui ont pu conduire à de tels actes et repose sur une analyse de la politique américaine qui - pour reprendre les termes de M. Naji Sabri Al- Hadithi - doit passer de la « loi de la force » à la « force de la loi ».

Toutefois, très rapidement après ces interventions, le 18 septembre, profitant de la distinction entre peuple et gouvernants, M. Tarek Aziz présentait ses condoléances aux familles des victimes américaines à l'occasion d'un message à l'ONG américaine « Voice in the wilderness ». Ce geste était important dans la mesure où il permettait de laisser ouverte la voie d'une évolution future de la position radicale exprimée par le « Commandement ».

Le 19 septembre, c'était le ministre irakien des affaires étrangères qui commentait la position de son pays, cette fois à destination des gouvernement étrangers, notamment des occidentaux. Ces explications s'accompagnaient d'une déclaration particulièrement claire de l'absence de toute implication irakienne dans les attentats. M. Naji Sabri Al- Hadithi indiquait « nous disons clairement et officiellement que l'Irak n'a rien à voir avec tout cela ».

Le gouvernement irakien a condamné toute forme de terrorisme, s'estimant lui même victime du terrorisme d'Etat perpétré par les Etats-Unis en Irak. Il a appelé à une définition internationale du terrorisme.

Cette position, réitérée à maintes reprises par les officiels irakiens, s'est accompagnée de mesures visant à mettre le pays en alerte face à une éventuelle offensive militaire.

Ces mesures ont notamment concerné la réorganisation militaire, le rapprochement avec les Kurdes du nord de l'Irak et avec les tribus qui assurent de manière quasi autonome la sécurité de zones entières du territoire. Par ailleurs, des forces paramilitaires ont reçu une formation accélérée depuis le mois de septembre 2001.

2. Une politique d'ouverture récente

Devant la réalité et la précision de la menace, un certain nombre de gestes ou de messages d'ouverture ont été transmis par le gouvernement irakien. Ces signaux demandent naturellement à trouver une expression précise. Ils concernent principalement :

q un souhait de reprendre les négociations avec l'ONU sous l'égide du Secrétaire général, et de négocier avec lui un accord politique global.

q un rapprochement avec les autres pays arabes par l'intermédiaire de la ligue arabe. Il convient de noter que ce rapprochement se fait sans exclusive, c'est à dire également en direction du Koweït et de l'Arabie Saoudite.

q une offre de coopération économique bilatérale renforcée avec l'ensemble des pays arabes (accords de fourniture en pétrole à des conditions très avantageuses).

Votre groupe d'amitié ne peut que se féliciter de ces ouvertures nouvelles qui mettraient fin à une politique d'opposition frontale de l'Irak et de l'ONU.

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