Appartenance politique :
Membre du Groupe socialiste
État civil :
Né le 14 août 1913
Décédé le 14 août 1993
Profession :
Agent comptable
Département :
Haute-Garonne

Travaux parlementaires

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

MÉRIC (André)

Né le 14 août 1913 à Toulouse (Haute-Garonne)

Décédé le 14 août 1993 à Calmont (Haute-Garonne)

Sénateur de Haute-Garonne de 1948 à 1958

André Méric est un militant socialiste de la première heure : à 15 ans seulement, il s'engage dans les jeunesse socialistes et mène ses activités politiques et professionnelles de front. Dès après le certificat d'études primaires, ce toulousain de souche entre dans le monde du travail comme apprenti-mécanicien. Il s'acharne en outre à se perfectionner et accède ainsi à la qualification d'agent comptable.

Après s'être engagé dans la guerre d'Espagne, André Méric est appelé sous les drapeaux en 1939. Après l'amnistie, André Méric s'engage dans la Résistance. Arrêté, il est déporté à Rava Rouska, en Ukraine, dans un camp de représailles allemandes pour prisonniers de guerre. Il y approche « la nudité absolue, la souffrance, la mort », dont le souvenir l'accompagnera toute sa vie.

Rentré au pays, décoré de la médaille militaire, de la médaille des évadés et de la croix de guerre avec étoiles, André Méric reprend son emploi, milite dans des syndicats d'employés municipaux, oeuvre pour la constitution de nouvelles coopératives agricoles dans le département et descend dans l'arène politique. Fidèle à ses premiers engagements, il se met au service de la section française de l'internationale ouvrière (SFIO) et ne tarde pas à se distinguer : il est élu conseiller général de la Haute-Garonne (canton de Nailloux) en 1945, et maire de Calmont en 1955. En 1948, André Méric est élu sénateur de la Haute-Garonne. Il sera réélu en 1955.

A son arrivée au Conseil de la République, André Méric rejoint le groupe socialiste. Il est nommé membre de la commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales, et de la commission des moyens de communication et des transports (postes, télégraphes et téléphones, chemin de fer, lignes aériennes, etc.). Il est en outre désigné pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises industrielles nationalisées et des sociétés d'économie mixte. Tout au long de la IVe République, le sénateur de la Haute-Garonne élargit et approfondit le champ de ses attributions. Non content d'assurer la vice-présidence de la commission des affaires économiques de 1951 à 1956, il entre à la commission du travail et de la sécurité sociale, à la commission de coordination des affaires d'Indochine, et, en tant que suppléant, à la commission de la reconstruction, à la commission de comptabilité, et à la commission des finances. Enfin, André Méric est nommé vice-président du Conseil de la République le 23 février 1956.

Dès ses premiers mandats, André Méric s'empare de la tribune. Il intervient sur des sujets très pointus, de l'élection des conseils d'administration des organismes de la mutualité agricole, à l'institution éventuelle d'un compte spécial du Trésor, en passant par la variation du salaire minimum garanti et la question du rachat des cotisations d'assurance vieillesse. Certaines de ses interventions sont très longues, comme lorsqu'en mars 1958, il exprime son inquiétude sur les crédits dédiés à l'aéronautique. Il exécute également de nombreux rapports, dont un particulièrement fouillé sur la société nationale de construction aéronautique du Sud-Est, la SNCASE, et une de ses productions, l'avion S.E. 2 010 « Armagnac ».

André Méric n'hésite pas en outre à interpeller le gouvernement chaque fois qu'il estime utile d'éclaircir certains points, comme en février 1949, lorsqu'il demande des explications au ministre de la santé publique et de la population sur une circulaire ministérielle relative aux modalités de cumul des allocations d'assistance aux vieillards, infirmes et incurables, et de l'allocation temporaire aux personnes âgées. En 1950, c'est la place de l'artisanat français dans la libéralisation croissante des échanges réclamée par l'Organisation européenne de coopération économique (OECE) qui inquiète André Méric et le fait s'interroger auprès du président du conseil. En 1952, après de terribles inondations qui ont frappé la ville de Toulouse, André Méric réclame au ministre de l'intérieur la raison pour laquelle un certain nombre de parlementaires socialistes n'ont pas été invité à la réunion de Toulouse ayant pour objet l'étude des mesures immédiates à prendre. Le secrétaire d'Etat aux travaux publics et à l'aviation civile, ainsi que le ministre de l'agriculture et celui de la reconstruction et du logement sont également les cibles de questions très précises.

Son dynamisme s'exprime aussi dans deux propositions de lois et de multiples propositions de résolutions. Parmi ces dernières, on peut citer sa proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à prendre les mesures pour créer un réseau de télévision dans le Midi de la France, ou celle sur la nécessité de textes législatifs pour doter les « communes dortoirs » de moyens financiers leur permettant de faire face à leurs obligations dans de bonnes conditions. Ses propositions de loi concernent, pour la première, la question du statut du personnel des chambres de métiers, et l'autre les conditions d'application de la loi relative à l'allocation spéciale et au fonds spécial.

Les 2 et 3 juin 1958, André Méric vote pour le projet de loi relatif aux pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle.

Ve République

MERIC (André)

Né le 14 août 1913 à Toulouse (Haute-Garonne)

Décédé le 14 août 1993 à Calmont (Haute-Garonne)

Conseiller de la République puis sénateur de la Haute-Garonne de 1948 à 1988

Secrétaire d'Etat aux anciens combattants et victimes de guerre de1988 à 1991

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome V, p. 382-383)

L'installation du Sénat de la Ve République ne modifie pas la place qu'occupait André Méric dans le Conseil de la République. La longévité de ses mandats lui permet de prétendre à un record de durée avec près de quarante ans d'activité parlementaire et quatre élections. Il est réélu au premier tour de scrutin le 26 avril 1959 avec 758 voix sur 1286 suffrages exprimés. Il triomphe, avec ses colistiers socialistes, des listes de gauche (PCF et Union des forces démocratiques) et du centre (Action républicaine et démocratique, Entente républicaine). Son influence est encore confirmée lors des élections sénatoriales du 23 septembre 1962 puisqu'il rassemble 954 voix sur 1140 suffrages exprimés. Le 26 septembre 1971, la liste socialiste de défense des libertés communales et départementales lui donne un nouveau succès au premier tour (796 voix sur 1583 suffrages exprimés) mais elle abandonne un siège à une liste de la majorité présidentielle. Le renouvellement du 28 septembre 1980, s'il donne tous les sièges sénatoriaux de Haute-Garonne aux candidats socialistes, demande deux tours de scrutin. André Méric recueille alors 876 voix sur 1729 suffrages exprimés. Ces succès confortent sa position de vice-président de la Haute assemblée acquise en 1956 : n'est-il pas réélu à cette fonction le 11 décembre 1958 puis le 5 mai 1959 puis, sans discontinuer jusqu'en octobre 1980 ? Inscrit au groupe socialiste, secrétaire de ce groupe de mai 1959 à octobre 1977, André Méric, doyen des élus socialistes, en devient naturellement le président le 6 octobre 1980. Il démissionne de cette fonction le 5 juillet 1988 alors qu'il vient d'être nommé secrétaire d'Etat. Il représente le Sénat au Conseil supérieur de la mutualité (25 juin 1959, 22 avril 1965, 7 mai 1969, 4 avril 1974 et 3 avril 1978) et siège de 1959 à 1988 à la commission des affaires sociales. Cette montée en puissance parmi les élus socialistes - n'est-il pas le président d'honneur de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains ? - lui permet d'obtenir un portefeuille ministériel dans le second gouvernement de Michel Rocard, celui de secrétaire d'Etat aux anciens combattants et victimes de guerre. Agé de près de soixante-quinze ans, André Méric demeure au Gouvernement presque trois ans jusqu'à la démission du Premier ministre en mai 1991. Il avait cédé son siège de sénateur de la Haute-Garonne à son suppléant Eugène Boyer le 28 juillet 1988.

André Méric est un élu extrêmement actif. Il alterne et multiplie les propositions de loi, les fonctions de rapporteur au nom de sa commission, les questions orales et de nombreuses prises de parole. Peu de domaines de la vie de l'Etat et de la société lui échappent et ses interventions lui confèrent une place d'orateur reconnu. Trente ans d'activité au début de la Ve République se divisent en cinq fonctions parfois exercées simultanément, le vice-président du Sénat, le spécialiste des affaires sociales, l'élu de la Haute-Garonne, le tribun socialiste et l'opposant.

Le vice-président veille à la conservation des attributions et des prérogatives du Sénat qu'il considère comme une assemblée législative à part entière. Il le rappelle encore lors d'une intervention du 10 décembre 1987. Le 8 août 1984, le sénateur de Seine-et-Marne Etienne Dailly évoque la « manière irréprochable dont vous avez présidé nos travaux. » En effet, la vice-présidence d'André Méric intervient à une époque où il se situe dans l'opposition à la politique gaulliste puis aux majorités gaullistes et libérales qui gouvernent la France de 1959 à 1981. Il n'en veille pas moins à améliorer le règlement du Sénat. Il dépose plusieurs résolutions le 19 mai 1960, le 26 juin 1975, le 5 juillet 1983 et le 21 mai 1983 - la dernière favorable à la défense des minorités. La période du 29 avril au 20 juin 1969 constitue l'apogée de son action de vice-président. En vertu des dispositions du troisième alinéa de l'article 3, il remplace provisoirement le président du Sénat, Alain Poher, appelé à exercer les fonctions de président de la République après le retrait du général de Gaulle. Il est alors le second personnage de l'Etat.

Le membre de la commission des affaires sociales rapporte pour avis, à partir de 1970 - indice de l'affirmation de son rôle - plusieurs budgets lors de la discussion des projets de loi de finance. C'est tout d'abord le travail, l'emploi et la population (puis participation) dont il recommande l'adoption pour les années civiles 1971-1979. Ses longs exposés techniques désignent les problèmes sociaux qu'il faut amoindrir (réduction de l'écart entre les salaires masculins et féminins, 1er décembre 1970, réduction du chômage des jeunes, 7 décembre 1971, lutte contre le chômage massif à partir du 24 novembre 1975). Ancien déporté au camp de Rawa Ruska, il rapporte les budgets 1981 et 1982 et demande la revalorisation des petites pensions des anciens combattants. Il rapporte ensuite plusieurs projets de loi adoptés par l'Assemblée nationale : durée maximale du travail, 15 décembre 1971, pénalités applicables en cas d'infraction au droit du travail, 20 juin 1972, modifications du code du travail relatives à la formation professionnelle, 27 juin 1974 et 23 octobre 1975, licenciements pour causes économiques, 18 décembre 1974, réduction du temps de la durée maximale du travail, 18 décembre 1975, répression en matière de trafics et d'emplois irréguliers de main d'oeuvre étrangère, 26 mai 1976 et statut des sociétés coopératives ouvrières de production, 24 mai 1978). La défense du sort des plus humbles constitue l'essentiel de son argumentation. Cette orientation se retrouve dans certaines propositions de loi qu'il dépose (contrat à durée déterminée et travail temporaire, 28 novembre 1979, versement des rentes et pensions de retraite, 29 novembre 1979 et amélioration de la contribution française au développement des pays non industrialisés et à lutter contre la faim, 7 octobre 1987). Enfin, le président de l'Amicale régionale des déportés de Rawa Ruska ne cesse de s'intéresser au sort de ses anciens compagnons. Par six fois, lors de la discussion des budgets des anciens combattants et victimes de guerre, il demande le statut de déporté de la résistance pour les rescapés de ce camp de prisonniers de guerre (16 novembre 1961, 27 novembre 1963, 24 novembre 1964, 6 décembre 1976, 30 novembre 1981 et 5 décembre 1984). Cela fait l'objet d'une question orale débattue le 24 juin 1977 et du dépôt d'une même proposition de loi (29 juin 1978, 17 avril 1979, 21 mai 1985 et 29 octobre 1986). L'aboutissement est atteint le 25 mai 1987 puisqu'André Méric rapporte son texte devant une assemblée unanime (« Je fus témoin de cette tragique épopée » disait-il en 1961). Un hommage lui est alors rendu qui semble couronner une carrière sénatoriale proche de sa fin. Aux « termes si nobles et avec une émotion qui fut communicative », le sénateur du Rhône Emmanuel Hamel, gaulliste, ajoute « le silence presque religieux dans lequel fut écoutée l'intervention du président Méric. »

Le sénateur de la Haute-Garonne défend les activités industrielles de Toulouse et veille à la modernisation de l'économie de la Haute-Garonne. L'élu local aide beaucoup le parlementaire. Une autre longévité, toute aussi impressionnante, explique la maîtrise de nombreux dossiers. Le conseiller municipal de Calmont (1953), maire de sa commune à partir de 1955, le conseiller général de Nailloux (1945-1993), toujours élus au premier tour, ne font qu'une même personne avec le rapporteur général du budget au sein du Conseil général de Haute-Garonne (1966-1988) et du président du groupe socialiste dans cette même assemblée. André Méric puise aussi sa force dans le réseau de maires locaux qu'il tisse avec patience autour de réalisations concrètes : membre du conseil d'administration de l'Institution départementale pour l'aménagement hydraulique de la Montagne noire depuis 1947, président du syndicat des adductions d'eau des coteaux Hers-Ariège à partir de 1954, président du syndicat d'irrigation de la basse vallée de l'Ariège depuis 1967. Il est bien « l'homme de l'eau » en Haute-Garonne, et surtout dans le Lauragais où il contribue à l'amélioration du revenu des agriculteurs. André Méric s'empare aussi de la présidence du syndicat départemental de l'électricité en 1971. A l'imitation du réseau de l'eau, il rayonne sur l'Aude et sur le Tarn. Enfin, président du comité départemental d'HLM de la Haute-Garonne jusqu'en 1964, il agit au nom de la défense de son idéal de justice sociale. Trois des thèmes récurrents qui reviennent dans son activité de sénateur reflètent les préoccupations de l'élu toulousain. La défense de l'aviation civile fait l'objet d'une attention particulière. Augmenter les productions locales, maintenir les crédits publics, donner de l'emploi, favoriser les projets européens (Concorde, Airbus et Ariane), limiter les achats de matériel américain reviennent de manière permanente dans la critique des projets de loi de finances (3 et 9 décembre 1959, 20 juillet 1961, 27 novembre 1968, 28 novembre 1973, 2 et 5 décembre 1974, 1er décembre 1975, 29 novembre 1976 et 1er décembre 1981) et dans des questions orales (6 décembre 1966, 28 octobre 1969, 19 juin 1973 pour une industrie aéronautique « forte et compétitive », 30 mai et 10 octobre 1974 et 22 avril 1976). Parfois, le président de la République et le Premier ministre sont critiqués en raison de l'utilisation de matériel étranger (questions orales des 3 et 24 novembre 1961 et du 2 octobre 1962). Pour résoudre les problèmes aéronautiques d'une manière globale, André Méric propose la création d'un ministère de l'air (16 novembre 1961) puis de l'aéronautique et de l'aérospatiale (16 décembre 1966). En second lieu, le maintien d'une chimie vivante, installée à Toulouse avec la Première guerre mondiale, justifie plusieurs actions dans un contexte de réorganisation au niveau national. Le 4 novembre 1965, il demande plus de crédits pour l'activité de l'usine d'azote ONIA et pour la création d'une raffinerie dans le projet de loi de finances. Deux questions orales (4 novembre 1969 et 26 juin 1973) montrent la faiblesse des commandes de la Poudrerie. Enfin, il refuse de considérer la défense du canal du Midi comme un combat d'arrière-garde. Il s'agit, lors de la discussion du IVe Plan économique et social de relier l'axe méridional au canal Rhin-Rhône, d'augmenter son gabarit à 1 350 tonnes et de l'entourer d'industries. Il dénonce surtout l'insuffisance des crédits alloués aux voies d'eau (7 février et 19 novembre 1963, 9 décembre 1974). Une ultime question orale, le 6 avril 1976, sur l'avenir économique du canal du Midi, épuise le sujet au moment où le pays s'enfonce dans une crise énergétique. Mais en filigrane de ces interventions émerge le militant socialiste.

Ce dernier cite souvent Jean Jaurès, et réclame l'avènement d'une véritable démocratie sociale entre 1959 et 1981. Les questions salariales, le droit du travail et la politique économique aident à la diffusion de ses idéaux socialistes et laïques (refus du projet de loi relatif à l'enseignement et à la formation professionnelle agricole, « loi la plus antilaïque qu'ait connue la République », 6 juillet 1960). Le 5 juillet 1960, au cours de la discussion d'une question orale, il demande l'équité sociale. Les 16 mai et 7 novembre 1961, il intervient, dans un contexte identique, pour réclamer la suppression des zones de salaire. Le projet de loi relatif à certaines modalités de la grève dans les services publics, discuté le 23 juillet 1963, lui fournit l'occasion de dénoncer le « système économique capitaliste protégé par les pouvoirs publics pour assurer la défense des possédants ». Il refuse le texte, « antithèse de l'évolution de la démocratie politique vers la démocratie sociale. » La politique financière du Gouvernement n'est pas épargnée. L'orateur préconise la hausse des impôts dans le budget (22 novembre 1973), la lutte contre l'inflation (29 mai 1973), la nécessité de nationaliser pour éviter l'extension de la crise (4 novembre 1975). Il faut « changer de politique » (22 novembre 1972). Cela dit, André Méric soutient toutes les avancées qui libèrent l'homme des entraves de la société bourgeoise. Il approuve la réforme des régimes matrimoniaux (11 mai 1965), la proposition de loi relative à la régulation des naissances (5 décembre 1967), la loi fixant à dix-huit ans l'âge de la majorité (18 juin 1974), la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (20 décembre 1974), la réforme du divorce (18 juin 1975), l'abolition de la peine de mort (29 septembre 1981), la loi relative aux prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage (12 mai 1982). Il s'abstient sur la loi d'orientation du commerce et de l'artisanat (21 décembre 1973).

André Méric est enfin un opposant qui appartient à la minorité sénatoriale et à l'opposition de 1959 à 1981 puis de 1986 à 1988. Cela ne l'empêche nullement de voter, avec les membres de son groupe, certains textes qui renforcent le pouvoir présidentiel (projet de loi autorisant le Gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien, à la sauvegarde de l'Etat et à la pacification de l'Algérie, 3 février 1960). « On n'a jamais raison contre son parti » disait-il. Cependant, il se démarque toujours du pouvoir lorsqu'il le juge autoritaire : critique de l'ORTF accusée d'ignorer les élus de l'opposition (question orale du 22 juin 1965, refus de son budget le 1er décembre 1970), refus des crédits destinés à la force nucléaire au nom de la paix universelle, de l'antigaullisme et de la diminution des crédits alloués à l'aviation civile (« la grandeur d'un peuple n'a jamais résidé dans sa puissance militaire, dans la force brutale qu'il peut détenir... », 9 novembre 1965, dépôt d'un amendement adopté qui annule le programme et les crédits de paiement destinés à l'arme atomique dans le projet de budget pour 1966, demande de réduction des crédits dans le budget 1970, 3 décembre 1970), refus des ordonnances portant réforme de la sécurité sociale (questions orales des 11 octobre 1967 et 9 mai 1968, discussion portant ratification desdits textes le 23 juillet 1968, dénonciation de « la politique de pouvoir personnel qui, en la matière, assure la permanence des intérêts des classes possédantes », 11 octobre 1967), rejet du projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes, « un texte qui recouvre une idéologie deshumanisante et qui fait passer l'ordre avant l'homme » (6 et 13 novembre 1980, dépôt de 327 amendements, refus de siéger), polémiques personnelles avec les élus toulousains de la majorité présidentielle devenus ministres (Jacques Maziol et Marcel Cavaillé)... De mai 1981 à mars 1986, bien que président du groupe socialiste et membre de la nouvelle majorité parlementaire, André Méric reste dans l'opposition sénatoriale. Il refuse les textes d'initiative gouvernementale vidés de leur contenu par la majorité du centre et de la droite au Sénat. De mars 1986 à mai 1988, à l'époque de la première cohabitation, il se retrouve encore dans l'opposition. Il utilise tous les moyens prévus par le règlement pour s'opposer aux textes gouvernementaux : question préalable opposée le 22 mai 1986 au projet de loi autorisant le Gouvernement à prendre diverses mesures d'ordre économique et social (refus des privatisations), dépôt de 750 amendements au projet de loi relatif à la liberté de communication, un « texte incompréhensible, illisible, inconstitutionnel, irréaliste ». Sa nomination au Gouvernement en juin 1988, malgré son appartenance à des courants minoritaires au sein du Parti socialiste, clôt une longue période d'isolement et couronne sa longue carrière parlementaire.

Militant autodidacte et désintéressé, résistant courageux avec neuf tentatives d'évasion, André Méric est un élu socialiste d'implantation rurale. Il sait s'appuyer sur des réalisations, sur une forte présence locale, sur le cumul des mandats (membre de droit du Conseil régional de Midi-Pyrénées du 5 décembre 1973 à mars 1986) et sur des réseaux - y compris la franc-maçonnerie, dont il est toutefois un membre en sommeil entre 1958 et la fin des années quatre-vingts. Au Sénat, ses longs exposés sont d'une précision technique remarquable. Son éloquence parfois répétitive rappelle les parlementaires de la IIIe République. Il commence d'ailleurs sa carrière politique en tant que chauffeur de Vincent Auriol. Celle-ci aurait pu être enrichie par le fauteuil de maire de Toulouse s'il avait été choisi par les instances de son parti pour conduire les listes d'union de la gauche aux élections municipales de 1971 et de 1977.

Sénateur honoraire, chevalier de la Légion d'honneur au 1er janvier 1992, André Méric connaît une fin tragique. Il décède des suites d'un accident d'automobile en se rendant, dans son village, à une fête organisée par ses administrés pour son quatre-vingtième anniversaire. Ses obsèques civiles, célébrées le 16 août 1993 à Calmont, sont l'occasion d'un grand rassemblement où est rappelé son engagement au service du socialisme et de la République.

Elu le 26 avril 1959
Réélu le 23 septembre 1962
Réélu le 26 septembre 1971
Réélu le 28 septembre 1980
Fin de mandat le 29 juillet 1988 (devenu membre du Gouvernement)

Vice-président du Sénat

Membre de la commission des affaires sociales
Membre du Groupe socialiste

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de André MERIC

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