II. ASSOUPLIR LES CONTRAINTES STATUTAIRES ET AFFIRMER LA SPÉCIFICITÉ DES COLLECTIVITÉS LOCALES

Les employeurs locaux ne souhaitent pas que soient remis en cause les principes régissant la fonction publique territoriale , mais considèrent que leur application conduit souvent à des difficultés de gestion du personnel. Si la fonction publique territoriale doit continuer à relever d'un statut national fixant des droits et obligations, les collectivités locales doivent en revanche bénéficier d' une certaine souplesse dans la gestion de leur personnel .

A ce sujet, Mme Martine Buron, vice-présidente de l'association des petites ville de France, a mis en évidence les difficultés rencontrées par les villes de 3.000 à 20.000 habitants, en termes de recrutement dans les filières sociales ou de création de postes à horaire réduit ou variable.

62 % des élus d'Alsace 354( * ) souhaitent un assouplissement des conditions de recrutement des personnels territoriaux. Le développement de la mobilité des personnels constitue la deuxième priorité des élus alsaciens (20 %) ; vient ensuite l'adaptation des formations initiale et continue (14 %).

A. RESPECTER LA LIBERTÉ DE RECRUTEMENT ET DE GESTION DES EMPLOYEURS LOCAUX

1. Professionnaliser les concours

La mission estime qu'une révision du système des concours est nécessaire, afin de ne plus en faire le mode de recrutement quasi-exclusif dans la fonction publique territoriale.

En effet, le système du concours a-t-il vocation à rester le mode exclusif de recrutement dans la fonction publique, alors que les départs à la retraite sont une occasion de diminuer le nombre de fonctionnaires, de les affecter aux postes où les besoins vont être les plus sensibles demain, et d'embaucher les personnes qui auront les compétences requises, sans pour autant remplir les conditions de diplôme ou réussir l'ensemble des épreuves d'un concours inadapté aux réalités professionnelles ?

Lors de son audition par la mission, M. Rémy Schwartz, maître des requêtes au Conseil d'Etat, auteur d'un rapport sur le recrutement, la formation et le déroulement de carrière des agents territoriaux, publié en mai 1998, a préconisé la révision des épreuves des concours et la substitution de concours sur titres aux concours sur épreuves .

La mission est favorable à une meilleure reconnaissance de l'équivalence des titres. Cette solution permettra aux collectivités de recruter les agents diplômés, lesquels, en l'état actuel des textes, sont recrutés beaucoup plus facilement dans la fonction publique de l'État, qui ne leur impose pas de nouvelles épreuves.

Pour l'accès à certains métiers, notamment dans les filières techniques, sociales et culturelles, la possession du diplôme d'État correspondant devrait suffire. Organiser des épreuves spécialisées n'a guère de sens et se révèle coûteux pour les collectivités, alors que l'aptitude des agents à l'exercice de la profession a déjà été validée par l'obtention du diplôme d'État correspondant. A titre d'exemple, les collectivités locales devraient pouvoir recruter les ingénieurs des grands corps de l'État sans leur faire passer un nouveau concours, mais aussi les assistantes sociales diplômées d'État et les professeurs de musique diplômés du conservatoire.

Constatant que l'essentiel des mesures visant à améliorer la gestion des concours relevaient du pouvoir réglementaire, la mission regrette l'absence d'instance de concertation en la matière .

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