2. Les faiblesses de la situation sociale mexicaine
Les
difficultés économiques mexicaines mettent enfin en
lumière, de manière aiguë, la fragilité de la
situation sociale du pays.
Cette situation est essentiellement caractérisée par
de
profondes inégalités sociales, mais aussi régionales,
se traduisant par des difficultés importantes pour les plus
défavorisés, en particulier les habitants des Etats du sud les
plus pauvres, ceux des zones rurales et les populations indigènes.
Les
inégalités de revenus
donnent à la
société mexicaine les aspects d'une
société
duale,
souvent caractéristiques d'un pays en voie de
développement :
- 10 % des familles disposeraient de 42 % des revenus,
- 50 % des familles en détiendraient 47 % (classes moyennes),
- et 40 % des familles, les plus pauvres, ne posséderaient que 11 % de
la richesse nationale.
Le
salaire minimal
officiel est de 2,4 dollars (24 pesos) par
jour : 35 % de la population touchent moins et 33 % moins de deux
fois ce salaire minimal. Si l'on tient compte de l'inflation depuis la crise de
1994, le pouvoir d'achat des Mexicains a, depuis cette date, diminué de
près d'un tiers.
Ces inégalités de revenus ne font de surcroît qu'aggraver
de profondes
inégalités de patrimoine.
Un rapport
récent a ainsi chiffré à 26 millions -
27 % de la
population
- le nombre de Mexicains vivant
dans " l'extrême
pauvreté ".
On estime globalement le nombre des
" pauvres " à plus de 40 % de la population
mexicaine.
On relèvera enfin, sans surprise, que les plus défavorisés
vivent dans les Etats du sud mexicain, comme le Chiapas et le Guerrero.
Le " dualisme " de la société mexicaine concerne au
premier chef le
marché du travail
puisque, sur une population
active de 37 millions, on ne dénombre que 35 % d'actifs dans le secteur
formel qui sont les seuls à bénéficier d'une relative
protection sociale. 25 % travaillent dans le secteur semi-informel et
40 %
sont employés dans le secteur informel.
Cette situation conduit en particulier à relativiser fortement la
signification du
taux de chômage,
officiellement réduit
à 3 ou 3,5 %, alors que près de 10 % travaillent moins de 15 h
par semaine et qu'en 1998, 60 % des emplois créés l'ont
été dans le secteur informel ou ont été, dans le
secteur formel, des emplois précaires.
Le caractère inégalitaire de la société mexicaine
ne s'est cependant pas traduit par des
mouvements sociaux
particulièrement structurés et organisés.
Au-delà d'une certaine " culture de résignation "
héritée -estiment certains observateurs- de la conquête et
prolongée par le système du parti unique, ce
phénomène s'explique aussi par le fait que les
syndicats les
plus importants
sont liés au PRI, à commencer par la plus
grande centrale syndicale -la
CTM
(confédération des
travailleurs du Mexique)- qui en est l'émanation directe.
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