2. Vers la réforme
Après une phase de consultation avec les responsables de
l'audiovisuel public et privé, un plan de réforme de
l'audiovisuel extérieur a été élaboré et
présenté en conseil des ministres le 29 avril dernier. M.
Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en a
exposé les principaux points devant la commission des affaires
culturelles et la commission des affaires étrangères, de la
défense et des forces armées, réunies le 3 juin
dernier pour l'entendre.
Le premier choix, comme l'a expliqué le ministre, a été de
renoncer à la création un moment envisagée d'une
chaîne française d'information internationale, à laquelle
l'insuffisance numérique des populations francophones interdisait toute
perspective de rentabilité, de l'avis de M. Védrine.
Le plan de réforme adopté comporte trois axes :
- il s'agit d'abord de développer le soutien à l'exportation des
programmes. Le débat sur l'action audiovisuelle extérieure a
été trop centré sur la diffusion des chaînes
françaises à l'étranger. Il est tout aussi important de
faire acheter des programmes français par les chaînes
étrangères en vue d'une diffusion dans la langue du pays. En
effet, la très grande majorité des téléspectateurs
regarde surtout les chaînes nationales, dont la multiplication engendre
une demande accrue de programmes. Il convient donc de favoriser l'exportation
des programmes français. Il est possible d'adopter à cet
égard une démarche commerciale, ce que font les entreprises
françaises groupées au sein de l'association professionnelle
TVFI, qui bénéficie de concours financiers du ministère
des affaires étrangères. Les ventes de programmes français
à l'étranger ont représenté près de
1,3 milliard de francs en 1996, chiffre en augmentation de 20 % par
rapport à 1995. Les exportations de films français se sont
élevées à 1,2 milliard de francs. On obtient globalement
un chiffre de 2,5 milliards de francs, comparable aux 2,5 milliards
de francs d'exportations britanniques constatés en 1996.
Il est possible de faire plus en renforçant par exemple les dispositifs
d'aide au sous-titrage et au doublage : la subvention correspondante
devrait doubler. Une réflexion est par ailleurs engagée sur les
possibilités d'améliorer les instruments d'aide à
l'exportation, notamment du type Coface, afin de les adapter à la nature
des contrats audiovisuels.
L'autre démarche est axée sur la coopération. Afin de ne
pas concurrencer la commercialisation de ceux-ci sur certains marchés
émergents, il a été décidé de limiter
l'activité de banque de programmes gratuits de CFI aux pays les moins
solvables. La liste des pays de " diffusion culturelle " a ainsi
été réduite au début de juin.
- Le deuxième axe du plan adopté est la création d'un
soutien financier à la diffusion satellitaire des chaînes
françaises dans le monde. Les possibilités offertes par la
diffusion satellitaire numérique ont jusqu'à présent
été très peu utilisées au plan international par
les chaînes françaises. En effet, la diffusion internationale
reste un investissement élevé dont les perspectives de
rentabilisation sont faibles, spécialement si la langue utilisée
est le français. Les opérateurs nationaux présents dans
des bouquets étrangers n'ont franchi le pas que grâce à
l'aide publique. L'Etat pourrait donc prendre à sa charge, plus
largement que par le passé et de façon dégressive, une
partie des frais de diffusion de chaînes françaises
désireuses de conquérir une audience internationale. Les
entreprises intéressées garderaient à leur charge le
coût de l'acquisition des droits de diffusion de leurs programmes dans
les nouvelles zones couvertes. Une expérience de diffusion par
micro-ondes d'un bouquet francophone a été réalisée
selon ces modalités en 1997 sur l'Afrique. Il est envisagé de
l'élargir à d'autres zones, en particulier en recourant à
des bouquets étrangers existants.
- Le dernier axe du dispositif est la rationalisation des organismes publics de
l'audiovisuel extérieur.
Il s'agit d'abord de renforcer TV5. Le plan de réforme considère
nécessaire de renforcer son attractivité en mettant l'accent sur
la qualité des programmes, en prévoyant un recours accru au
sous-titrage et en régionalisant sa programmation afin de l'adapter aux
attentes et aux habitudes des différents publics. A cette fin, une
meilleure coordination sera instaurée avec les chaînes de
l'audiovisuel public national. C'est ainsi que le retrait de la SOFIRAD du
capital de TV5 et la réduction de la part détenue par l'Institut
national de l'audiovisuel (INA) permettront d'attribuer 25 % du capital au
futur groupe La Cinquième/Sept Arte, et 4 % à RFO (Radio
France Outre-Mer), tandis que la part de France 2 et de France 3, actuellement
de 33 %, sera portée à 35 %
L'objectif est d'amener les chaînes publiques actionnaires à
fournir à TV5 leurs meilleurs programmes et de favoriser la production
d'une information plus tournée vers l'international qu'elle ne l'est
à l'heure actuelle. A cet égard, le journal international fourni
à TV5 par la France Télévision fera l'objet d'une
évaluation.
Parallèlement, les rôles respectifs de TV5 et de CFI seront
clarifiés. CFI sera recentrée sur son rôle de banque de
programmes, sauf en Afrique où elle conservera son activité de
diffuseur. CFI développera par ailleurs ses activités de conseil
et d'ingénierie audiovisuelle auprès des
télévisions partenaires.
Enfin, le succès de recentrage prévu sera assuré par la
mise en place d'une présidence commune de TV5 et de CFI. D'après
le dossier de presse diffusé par le ministre des affaires
étrangères à l'occasion de la présentation de la
communication au conseil des ministres du 30 avril 1998,
" une
telle solution a l'avantage de la simplicité et permet d'éviter
la mise en place d'une nouvelle structure, qui porterait en soi les risques
d'un alourdissement des processus de décision et d'une augmentation des
dépenses
de fonctionnement ".